La programmation des rencontres de football en cette dernière ligne droite de la première partie de la saison connaît un parcours cahoteux.
Les responsables de la programmation au niveau de la Ligue de football professionnel n’arrivent pas à satisfaire tout le monde en raison de leurs décisions, souvent allant à l’encontre de l’énorme travail effectué par les techniciens durant toute la semaine.
Un minimum de respect pour le foot
Les entraîneurs axent leur travail sur la préparation physique, technique, tactique et psychologique d’une rencontre censée être programmée en fin de semaine, mais à la surprise générale, les entraîneurs se retrouvent confrontés à un véritable dilemme puisqu’ils sont confrontés à une décision «administrative» qui balaye d’un revers de main tout le boulot effectué. Ainsi, après 12 journées de championnat de Ligue 1 Mobilis, seules cinq équipes (MCO, OM, MOB, DRBT, CRB) ont disputé la totalité des rencontres au programme. L’ES Sétif se retrouve avec deux matches en moins à jouer, alors que les dix autres formations de l’élite sont appelées à jouer un match en retard. Le problème ne réside pas dans ces rencontres mêmes. La colère des techniciens est amplement légitime puisque toutes les décisions de la LFP interviennent tardivement après que les entraîneurs ont peaufiné leur travail durant toute la semaine.
Départ normal jusqu’à la 6e journée
La Ligue de football professionnel avait entamé la saison très normalement et les matches se sont déroulés aux leurs dates préalablement arrêtées en dépit de la participation de trois clubs (MCA, USMA, ESS) aux différentes compétitions continentales. Les trois équipes devaient voir leurs rencontres décalées de quelques jours, ce qui s’est fait très simplement. Il y a eu même des journées qui se sont étalées sur quatre jours, à l’image de la première ou encore de la 5e journée. Mais, depuis, les responsables de la programmation au niveau de la Ligue s sont emmêlé les pinceaux et improvisaient sans prendre en considération ce qui se fait au niveau des clubs comme préparation. Depuis la 6e journée, des clubs ont dû disputer des matches, alors que le calendrier n’a pas été mis à jour.
12e journée : un report et des interrogations
Par ailleurs, l’un des exemples qui a soulevé le tollé des responsables de club et des techniciens, c’est le report incompréhensible de la 12e journée. Prévue pour vendredi et samedi 26 et 27 octobre, la LFP et son président Medouar ont pris tout le monde à contre-pied pour annoncer, tard dans la soirée du jeudi (à moins de 36 heures du déroulement des matches), sans aucun respect aux véritables acteurs du spectacle. Pour justifier sa démarche, l’instance que gère Medouar a indiqué que cette décision est prise pour «l’intérêt supérieur du football algérien» en raison de la tenue de l’assemblée générale extraordinaire de la Fédération algérienne de football (FAF). Un argument qui ne tient guère la route ; la LFP s’est même empressée de se défendre de toute accusation en affirmant que ce report est décidé «sans aucun calcul restrictif et étroit». Cette phrase montre clairement que la décision n’a pas prise «souverainement» par la Ligue puisque le président Medouar a refusé toute idée de reporter le match du MCA face à la JSS sur demande des Algérois suite à ce qu’a vécu l’équipe à Bordj Bou-Arréridj. Afin de contenir la colère des clubs, la Ligue a vite annoncé qu’elle prend «en charge toutes les dépenses et tous les frais engagés par les clubs se trouvant déjà en déplacement». D’ailleurs, la JS Saoura, qui était déjà Alger pour son match face au MCA, ne pouvait pas retourner à Béchar et revenir à Alger trois jours plus tard.
Des ajournements à la carte
Il faut savoir que même si Medouar essaye de se montrer intransigeant dans la programmation, il n’en demeure pas moins qu’un report a toujours été décidé pour répondre aux vœux de quelques «privilégiés» présidents de club. D’ailleurs, tout le monde s’est moqué de l’«extrême importance» des travaux de l’assemblée générale extraordinaire de la FAF, alors que cela n’aurait eu aucune incidence sur le déroulement de la journée. L’ordre du jour de l’assemblée générale de la FAF était tout simplement l’adoption du projet de lancement des centres de formation, jouée à l’avance. La décision de la LFP de décaler la 12e journée de la compétition était intervenue à la veille de son déroulement, alors que cette Ag extraordinaire a été convoquée le 7 octobre dernier par le président de la FAF Kheireddine Zetchi. La LFP avait largement le temps pour établir un nouveau calendrier. Il est clair que les reports de matches se font à la carte et certains clubs ont souvent bénéficié des largesses dans la programmation de leurs matches.
La JSK a décidé de bouger
Il faut dire que le cumul des rencontres va se répercuter sur le rendement de certaines équipes qui ont atteint leur vitesse de croisière. A titre d’exemple, la JS Kabylie, qu’on a obligé à rester 18 jours sans compétition, va devoir disputer plusieurs rencontres en l’espace de quelques jours seulement. Le nouveau planning établi par la LFP a fait sortir de ses gonds le président du club phare du Djurdjura Cherif Mellal. Ce dernier n’a pas été tendre avec la Ligue suite à la décision de l’instance footballistique de décaler deux rencontres décisives de son équipe face à l’USM Alger et au NAHD. Le président refuse cette programmation, qui voit son équipe affronter l’USMA mardi le 6 novembre avant de défier le NAHD dimanche 11 novembre. Il faut savoir que ce n’est pas normal de garder une équipe sans compétition depuis le 19 octobre, soit pratiquement trois semaines, et puis programmer deux matches en cinq jours. Mellal a même assuré qu’il ne se présenterait pas au stade Omar-Hamadi mardi si la Ligue s’entête à maintenir la date pour les deux rencontres. Il faut savoir que la LFP a arrêté la date du 23 novembre dernier jour du déroulement de la 15e journée, soit la fin de la phase aller. Donc, du 6 au 23 novembre, les Canaris seraient obligés de disputer quatre rencontres en l’espace de deux semaines. Il y aura USMA-JSK (6/11), puis JSK - NAHD (11/11), avant de jouer le match retard JSK - CSC (19/11) et, enfin, quatre jours plus tard le dernier match de la phase aller CABBA - JSK (23/11).
Pénalisé plus que tous les autres, le MCA risque d’exploser à n’importe quel moment
Voulant à tout prix achever la phase aller le 23 novembre, la Ligue va pénaliser les équipes engagées dans les compétitions internationales. Parmi les autres «victimes» de la programmation «improvisée» de Medouar et de son instance, on cite le Mouloudia d’Alger. Le nouveau calendrier va obliger le Doyen à disputer trois matches en une semaine. Le MCA, qui s’envole aujourd’hui en Arabie saoudite pour affronte Al-Nasr en Coupe arabe des clubs, le 7 novembre, a prévu son retour à Alger le lendemain (8 novembre). L’équipe n’aura que deux jours de repos avant de recevoir l’USM Bel-Abbès pour le compte de la 14e journée, puis trois jours plus tard (17 novembre), elle sera appelée à effectuer le déplacement à Béjaïa pour y affronter le MOB en match retour de la 13e journée. En fin, le 22 novembre les Vert et Rouge se déplaceront à Batna pour jouer contre l’AS Aïn-M’lila. Pour les dirigeants mouloudéens, leur formation est la plus pénalisée par ce calendrier. On risque d’être confronté à un bras de fer entre les clubs (notamment la JSK et le MCA) et la LFP, sachant que le président de la FAF Kheireddine Zetchi a été catégorique à ce sujet en affirmant que ce changement ne va pas chambouler le calendrier établi. Il a même assuré que la phase aller va se terminer à la date prévue initialement.
Ilyès Nassim
Tout en déclarant le maintien du match pour mardi
Medouar : «Mellal appelle à la violence»
Le président de la LFP s’est dit surpris par la sortie médiatique du président de la JSK. «Sur les 10 présidents concernés par ces changements, il est le seul à crier au scandale », tonne-t-il avant de nous faire savoir que le match USMA-JSK est maintenu pour mardi et que la JSK n’a pas fait une demande ou contesté officiellement cette nouvelle programmation.
Dans une déclaration à notre journal, Abdelkrim Medouar a d’abord tenté d’expliquer ce énième changement de la date du match. «La journée a été programmée initialement les 26 et 27 octobre, elle a été décalée pour des raisons que tout le monde connaît. Après, pour maintenir la date de la fin de la phase aller pour les 22 et 23 comme convenu, on a dû chambouler toute la programmation de façon à ce qu’aucun club ne soit lésé. 10 matchs au total ont été soit décalés ou avancés, et ce, en prenant en considération le match d’avant et celui d’après. L’exemple le plus édifiant est celui du Mouloudia d’Alger qui joue la Coupe arabe et à qui je souhaite la réussite», dira d’emblée Medouar.
«La JSK est le grand gagnant de cette nouvelle programmation»
Parce que la JSK est la seule équipe à contester, pour le moment, cette nouvelle programmation, on a invité Medouar à nous parler de ce cas ; voilà sa réponse : «Pour ce qui est de la JSK, elle devait jouer le 5, le 9 et le 19 ; on l’a programmée le 6, le 11 et le 19 ; ils ont de ce fait 24 heures de récupération en plus entre l’USMA et le NAHD et une semaine de trêve entre le NAHD et le CSC au lieu de 10 jours. Je pense que la nouvelle programmation est plus équilibrée et beaucoup plus équitable ; elle est surtout bénéfique pour la JSK et son entraîneur, voyez de vous-mêmes !»
«Il faut que Mellal fasse preuve de sagesse»
Medouar, qui était très calme et mesuré dans ses propos, a appelé Mellal à faire preuve de retenue et d’éviter d’emmener le public à se révolter. «Vous savez, c’est une question d’ego, «taghenant» rien à voir avec le football. «Si la JSK jouait la coupe arabe ou la coupe d’Afrique, et que la LFP soit dans l’obligation de la programmer tous les 3 jours, que fera Mellal ? Ma foi, je pense qu’il fera des choses très, très graves, pas seulement menacer de boycotter le championnat. A cette occasion, je l’appelle à faire preuve de sagesse, parce que ce qu’il fait là, c’est appeler à la violence et au désordre public.»
«Il n’a pas le droit de convoquer les présidents»
Sans qu’on ne lui en parle, Medouar a évoqué le sujet de la réunion de dimanche prochain à laquelle Mellal a appelé. «En sa qualité de quoi il réunira les présidents de club ? Il n’a pas le droit de parler des affaires de la LFP ! D’ailleurs, à ce propos j’appelle les présidents de club à la sagesse et les invite à mesurer leurs propos. Il faut éviter de faire comme le président de la JSK qui, d’ailleurs, n’a même pas daigné nous contacter pour contester cette programmation. Il est allé directement crier au scandale dans les journaux. De ce fait, je vous déclare que les dates de ces matches sont maintenues.»
- Dj.