L’USM Alger est l’une des équipes algériennes à avoir disputé le plus grand nombre de matches au niveau continental. En 16 participations, les Rouge et Noir ont joué pas moins de 119 matches.
Lors de leurs sorties continentale, ils ont remporté 56 victoires, ont fait 27 nuls contre 36 défaites. Ce bilan est ponctué par zéro trophée. Seule la JSK a fait mieux avec 165 rencontres continentales, l’ES Sétif qui a joué autant de match que l’USMA, mais ces deux formations ont réussi à remporter plusieurs fois une compétition africaine. 6 trophées pour les Canaris et 2 distinctions majeures pour l’Aigle noir. Même le MCA, qui a disputé pratiquement la moitié au niveau continental par rapport à l’USMA, a remporté une Coupe d’Afrique des clubs champions en 1976, la première pour l’Algérie. Comment expliquer les ratages des Rouge et Noir en coupes africaines ? Les Usmistes ont, certes, entamé l’aventure continentale assez tardivement puisque la première participation a eu lieu en 1982, mais il faut reconnaître que cette équipe est régulièrement engagée dans les différentes compétitions depuis les années 90. Ainsi, après deux apparitions assez éphémères en 1982 et en 1989, la majeure partie des participations de l’USMA a débuté dans les années 1990-2000 avec quatre participations consécutives en 1997, 1998, 1999 et 2000. Il y a eu une pause d’une année en 2001, avant de reprendre de plus belle avec six entrées de suite entre 2002 et 2007.
1997, un but avait privé l’USMA d’une finale
Hormis le parcours de presqu’un champion en se faisant éliminer à la dernière journée au goal-average par le RAJA Casablanca en 1997, le parcours de l’USMA durant cette période alternait le bon et le moins bon. Malgré une génération de joueurs très doués, à l’image de Zeghdoud, Hamdoud, Hadj Adlène, Achiou, Bourahli, Dziri… et d’autres, les Rouge et Noir butaient toujours sur un rien qui les empêchait d’accrocher une étoile pour orner le maillot rouge et noir. L’équipe de Soustara s’est arrêtée en demi-finale face aux Nigérians d’Enyemba en 2003, mais elle s’est fait éliminer dès le tour préliminaire devant une modeste équipe du Niger, la JS Ténéré. Les joueurs usmistes, qui dominaient pratiquement tout le monde dans le championnat local, n’arrivent pas à reproduire le même rendement en Afrique. Après l’année 2007, l’USMA a effectué une longue traversée du désert où elle a attendu six années pour retrouver une compétition africaine. C’était en 2013, mais là aussi, l’équipe a été éliminée dès les 8es de finale par une équipe gabonaise de l’US Bitam. En 2015, les supporters usmistes étaient presque sûrs de voir les camarades de Zemmamouche brandir le trophée après avoir dominé la compétition en se qualifiant en demi-finale avec un parcours presque sans faute où ils ont remporté 5 sur les 6 matches de la phase des poules.
2015, la faute d’avoir choisi Bologhine
Ils ont même éliminé l’équipe d’Al-Hilal du Soudan, un des favoris de l’édition, en demi-finale, mais l’énorme pression qui pesait sur les épaules des joueurs leur avait joué un mauvais tour. En plus, il y avait en face une grande équipe du TP Mazembe qui dominait l’Afrique. La grosse erreur administrative à l’époque, c’était d’avoir organisé la finale aller au stade Omar-Hamadi. Un terrain qui a beaucoup de similitudes avec celui de Lubumbashi ; de nombreux spécialistes ont reproché aux Usmistes d’avoir opté pour ce choix. Battue à Bologhine, l’USMA n’a pas pu éviter la défaite au Congo. En 2017, il y avait également de la place pour l’emporter, mais l’équipe a buté sur le futur vainqueur, le WA Casablanca, en demi-finale. Cette année 2018, alors que tout était favorable pour une première consécration, l’USMA s’est arrêtée en quarts de finale, éliminée par un adversaire loin de constituer un foudre de guerre, Al-Masry, qui s’est imposé en aller et retour. Avec le grand nombre de matches joués, l’USMA aurait dû avoir remporté au moins un titre continental. La question est de savoir pourquoi l’équipe n’arrive pas à aller au bout ? Pourtant, lors de son parcours, il y avait de la place pour gagner. Tous les moyens ont été mis à la disposition du club, mais l’enjeu a pratiquement tétanisé les différents joueurs qui ont porté le maillot usmiste, au grand désarroi de ses supporters.
Ilyès Nassim
L’obsession
Accrocher coûte que coûte l’étoile
Parmi les aspects qui ont probablement empêché l’USMA d’atteindre l’objectif, à savoir remporter la coupe d’Afrique, l’énorme pression que ressentent les joueurs à chaque fois qu’ils avancent dans la compétition. Il faut dire que cela ne date pas d’aujourd’hui. Les Usmistes sont-ils maudits ? A voir leur parcours dans les différentes compétitions, on peut répondre par l’affirmative. Il faut savoir que l’USMA avait perdu sept finales consécutives pour pouvoir en fin de compte remporter sa première Coupe d’Algérie en 1981. Cela semble coller à la peau des Usmistes au point que ça devient presque un complexe. Les supporters du club exercent une terrible pression sur les joueurs pour que ces derniers puissent leur offrir un titre continental. L’USMA, même si elle fait partie des grands clubs algériens, n’a toujours pas ce statut africain qui la complexe un petit peu. Il faut dire que tant que l’étoile n’est pas accrochée sur le maillot rouge et noir, le club subira la pression… cette pression de ne pouvoir se mesurer à ses principaux rivaux, la JSK, l’ESS et le MCA.
- N.
Les calculs
Quelques erreurs fatales
L’USM Alger avait au moins, à deux reprises, la possibilité de remporter un titre continental. En 1997, alors que les Algérois dominaient leur groupe devant le Raja Casablanca qu’ils avaient battu à Alger (2-0) et avait imposé le partage des points au Maroc (2-2), la dernière journée a été fatale en raison d’un faux calcul. L’USMA affrontait l’équipe angolaise de Primeiro Agsosto et les choses se déroulaient bien avec le but inscrit pas Billel Dziri. Mais en même temps, le Raja gagnait face aux Sud-Africains d’Orlando Pirates. Les Usmistes jubilaient presque en croyant que la qualification était acquise en raison d’un avantage au goal-average particulier puisque les deux équipes étaient à égalité de points. Finalement, à cette époque-là, la CAF se basait sur le goal-average général et à la faveur d’un tout petit but, le Raja, dominé par l’USMA à la phase des poules, s’était qualifié en finale et avait remporté le trophée devant les Ghanéens Goldfields SC. Il faut reconnaître que l’USMA n’aura probablement pas une occasion comme celle de 1997. Il y a eu aussi l’erreur de jouer la finale de 2015 face au TP Mazembe au stade Omar-Hamadi. La raison dictait qu’il fallait prendre cette équipe de la RD Congo au stade du 5-Juillet, mais les dirigeants ont préféré le stade de Bologhine, qui avait des similitudes avec celui de Lubumbashi. L’erreur a été fatale puisque le TPM n’était pratiquement pas dépaysé. D’ailleurs, ce n’est que logiquement qu’il avait remporté la première manche à Alger (2-1).
- N.
Farid Bengana : «C’est important d’avoir un championnat d’un bon niveau»
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Farid Bengana est l’un des plus jeunes joueurs de l’USMA, qui ont participé à la première coupe continentale du club. L’ancien défenseur central de charme des Rouge et Noir nous a fait part de son expérience dans ce domaine.
Vous êtes l’un des plus jeunes joueurs usmistes à avoir bénéficié d’une licence africaine. Racontez-nous le parcours de la première participation de l’USMA en coupe d’Afrique…
C’est vrai, je suis le plus jeune joueur à bénéficier d’une licence africaine. J’avais 18 ans à cette époque-là et j’étais en deuxième année juniors. Je me souviens que nous avions atteint les quarts de finale lors de la première participation de l’USMA en Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe en 1982. Nous avons été éliminés par un représentant ghanéen, je crois (Hearts of Oak).
Vous étiez le plus jeune, n’est-ce pas ?
Tout à fait, mais j’ai également participé une deuxième fois à la même compétition en 1989 après avoir remporté la Coupe d’Algérie une année auparavant face au CRB. Nous avons aussi atteint les quarts de finale.
Comment expliquez-vous l’incapacité de l’USMA à aller jusqu’au bout dans une compétition africaine ?
Il y a plusieurs paramètres. Vous savez, gagner une Coupe d’Afrique ce n’est pas une mince affaire. Il lui faudra une grande préparation. Il faut aussi avoir une équipe complémentaire à tous les niveaux. Je me rappelle qu’en 1989, nous avions un groupe très solide et nous avions la capacité de remporter la coupe d’Afrique, mais force est de reconnaître qu’il existe des détails qui vous en empêchent.
Pourquoi l’Algérie ne donne pas des clubs champions d’Afrique ?
D’abord, un championnat de qualité. Il faut hisser le niveau de notre compétition domestique. A une certaine époque, nous avions un bon championnat, ce qui avait permis à certaines équipes d’émerger. Certes, nous avons des vainqueurs sporadiques, mais il faut travailler dans la continuité. Depuis la dernière victoire continentale (ESS en 2014), il y a eu une finale de l’USMA en 2015 et une autre du MOB en 2016, sans plus. Ce sont des performances par à-coups.
Que faut-il à l’USMA pour qu’enfin elle puisse gagner un titre majeur au niveau continental ?
Je suis sûr que l’USMA va, tôt au tard, gagner cette coupe d’Afrique que tout le monde attend. Et pour cela, il faudra un effectif de qualité.il faut que le banc de touche soit assez riche. Il ne faut pas tourner autour d’un noyau de 13 joueurs pour espérer gagner une coupe d’Afrique. Il vous faut au moins 16 à 17 joueurs de qualité presque égale pour espérer dominer une compétition internationale. Regarder Al-Ahly, l’ES Tunis ou encore le WA Casablanca ou TP Mazembe. En plus du fait d’évoluer dans des championnats d’un bon niveau, ces clubs possèdent des joueurs de qualité aussi bien dans le onze que sur le banc. L’expérience des joueurs est aussi un paramètre important.
Et qu’est-ce qui a, à votre avis, manqué à l’USMA ?
Vous savez, ce sont des détails, mais très importants. Le stress, la pression exercée sur le club, la préparation individuelle et collective sont autant de paramètres à ne pas négliger. Pour gagner un titre majeur continental, il faut se fixer un objectif dans 5 ans. Mais entre-temps, il faut gagner des titres au niveau domestique pour pouvoir participer chaque année à une compétition continentale. La stabilité de l’effectif est également très importante.
Propos recueillis par Ilyès Nassim