Qui l’aurait cru ? Même les plus optimistes n’ont jamais pensé voir le CR Belouizdad remonter la pente et s’extirper d’une situation des plus compromettantes.
Le CRB était au bord de la disparition, et le terme n’est pas exagéré, suite à une gestion catastrophique de l’ancien président Hadj Mohamed Bouhafs. Les Rouge et Blanc ont failli ne pas prendre part au championnat cette saison, surtout que la direction avait peiné à réunir l’argent pour l’engagement de l’équipe. Cela lui a valu une défalcation de trois points et le gel du recrutement jusqu’à nouvel ordre. L’amour des couleurs de ce prestigieux club a poussé certaines personnes à débuter la saison malgré toutes les difficultés. Il a fallu juste participer et ne pas attester la mort de ce club. Le CRB a joué et a eu d’énormes difficultés pour revenir au meilleur niveau. D’ailleurs, il n’a pas quitté la dernière place durant toute la phase aller. Au total, le club phare de Lâqiba a occupé la position de lanterne rouge pendant 20 journées. Une équipe qui a débuté la saison avec un capital-points négatif et la défalcation de 3 points suite au forfait déclaré lors de la première journée face à l’AS Aïn-M’lila. L’équipe a enchaîné ensuite deux contre-performances, avant d’enregistrer sa première victoire la 4e journée devant le DRB Tadjenanet. S’en est suivie une longue série de matches sans victoire, qui a découragé les plus optimistes des Belouizdadis. Au premier tiers de la saison (10e journée), le CRB n’avait récolté que 6 points ; si l’on défalque les 3 unités du forfait, il n’avait que 3 petits points après le premier tiers de l’exercice. 3 points sur 30 possibles, quel est ce fou qui accepterait une mission aussi tordue ? Et là, tout le monde disait que la première équipe reléguée est connue. Cependant, l’impossible n’est pas CRB. Les hommes qui ont repris le club ont cru au miracle ; au bout de 6 matches seulement après l’entame de la phase retour, ils ont entrevu le bout du tunnel.
M comme Madar, la première lettre du défi
Contre toute attente, au moment où les dirigeants du club s’adonnaient à une guerre inutile, un investisseur a accepté le défi car il s’agit d’un club mythique. La situation n’a aucunement fait fuir Madar Holding. En prenant les destinées du club, les dirigeants de cette société savaient que la mission est loin d’être une sinécure. Ils ont cru et ont dès le début remis de l’ordre au sein de la maison. Dans un premier temps, ils ont tenté de sauver ce qu’il y a lieu de faire. Le groupe Madar et le CRB ont vite fusionné et signé un protocole d’accord au mois d’octobre dernier, qui consistait au rachat des actions de la SSPA, même si certains dirigeants malintentionnés ont tenté de le faire capoter. Le groupe Madar Holding est devenu actionnaire majoritaire d’un grand club de football symbole de plusieurs générations à l’origine de trophées valeureux et de longues séries de victoires. Le président-directeur général Charaf-Eddine Amara a redonné espoir aux supporters, qui ont longtemps souffert de la gestion de l’ancienne direction, menée par Mohamed Bouhafs. Madar a assaini une situation financière catastrophique du club, ce qui a permis aux joueurs et aux membres du staff technique de se concentrer exclusivement sur le travail. L’intronisation du groupe Madar a donné espoir à tous les Belouizdadis et coïncidé avec l’entame du redressement sur le plan sportif. Après avoir récolté 6 points en 10 matches, le Chabab en a gagné 7 lors des 5 rencontres restantes de la phase aller pour terminer avec un total de 10 points.
A comme Allik, la race des dirigeants gagnants
Et comme Madar avait un projet sérieux pour le CRB, il fallait miser sur un homme de terrain. Les responsables de ce Groupe ne pouvaient pas trouver mieux que l’ancien président de l’USM Alger, Saïd Allik. Le nom de ce dernier a toujours été associé au renouveau de l’équipe de Soustara, qui ne serait jamais arrivée là si Allik n’avait pas réussi à mettre les premières bases d’un club solide. Le nouveau patron du club est rentré vite dans le vif du sujet, Saïd Allik, même s’il est toujours président du CSA/USMA, a accepté de «jumeler» pour la restructuration du club, remettre de l’ordre au sein de l’équipe fanion du Chabab et pourquoi pas tenter la mission de sortir de la zone de relégation. Allik a entamé tant bien que mal sa mission et certains anciens dirigeants ont tenté de se dresser sur son chemin. Mais en homme d’expérience, il a su avoir le soutien des Belouizdadis. Il a fait appel à Abdelkader Amrani, qui venait à peine de quitter le champion en titre, le CS Constantine. Un choix judicieux conjugué à un renfort étudié avec l’arrivée de Bouchar (ex-MCO), Sayoud (ex-USMA), Zeroual (ex-USMBA) et la dernière recrue qualifiée, le Nigérien Hainikoye Soumana Boubacar (ex-Aduna Stars). La direction du Chabab ne voulait pas en rester là puisqu’elle fait appel aux services de l’ancien DEN Boualem Charef pour reconstruire de la base.
A comme Amrani, un coach qui ne recule devant rien
Pour la réussite d’un club, il faudrait bien évidemment une administration professionnelle, mais aussi assurer le volet sportif. L’entraîneur Abdelkader Amrani, qui sortait pourtant d’une performance en remportant le titre de champion d’Algérie avec le CS Constantine, a accepté la mission au moment où de nombreux techniciens sollicités ont rejeté toute idée d’association à une éventuelle relégation du CRB. Malgré son statut de champion d’Algérie, il ne s’est pas dérobé et a été convaincu par le projet que lui avait étalé sur la table le nouveau directeur général de l’équipe, Saïd Allik. Il arrive à la fin de la phase aller et, depuis, le CRB ne sait plus perdre. L’équipe, qui était à la portée de tout le monde, a solidifié son jeu et devient une machine à gagner. Sur les 18 matches joués jusque-là, toutes compétitions confondues, le CRB a enregistré 10 victoires, 5 victoires et 5 nuls en championnat, 5 succès en coupe d’Algérie face au DRBT, le CA Batna, le SA Mohammadia, le NAHD et le CSC, contre deux défaites seulement dans l’épreuve populaire contre ces deux dernières équipes. Un parcours sur lequel les plus optimistes n’auraient jamais misé. Après 6 rencontres à la phase retour (un match en moins devant le DRBT), le Chabab a réussi à quitter, pour la première fois, la dernière place et la zone des relégables. Mieux encore, les Rouge et Blanc vont jouer une finale de coupe d’Algérie. Un retournement de situation extraordinaire grâce à un trio qui n’avait jamais douté.
Fodil O.
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