C’est un homme heureux qu’on a eu hier au bout du fil. Mahfoud Kerbadj reste un mordu du CRB et ne pouvait contenir sa joie après que son club de toujours ait retrouvé le chemin de la consécration et espère que la stabilité sera le maître-mot au sein de l’équipe pour la saison prochaine. Autre chose importante, il ne fera pas son retour en tant que dirigeant au CRB. Du moins pas pour le moment.
Le Chabab a remporté la coupe d’Algérie. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Pour moi, le mordu du CRB, ça ne peut être que de la joie, du bonheur et, bien sûr, un grand ouf de soulagement. On a traversé une saison vraiment compliquée mais qui se termine en apothéose du moment que ça se termine avec une consécration. Certains ont pensé que c’était inespéré au vu du classement de l’équipe à la fin de la phase aller mais, finalement, le club a réussi à remonter la pente et à finir en beauté.
Justement, qu’est-ce qui a fait que le Chabab soit revenu en force ?
C’est simple. Je vais vous le dire en trois étapes seulement. La première, c’est l’arrivée du groupe Madar-Holding. Une société qui a beaucoup donné au club et qui a réussi à le restructurer en lui donnant les moyens de travailler. Vous savez dans le football, c’est une question d’argent. Lorsque le joueur est payé et à temps, il peut se concentrer uniquement sur le football. Après, il y a aussi un grand entraîneur en la personne d’Abdelkader Amrani. Un coach avec beaucoup de qualités et qui a réussi à inculquer un nouveau souffle pour l’équipe. Je le connais bien et lorsque j’étais président de la ligue et membre du Bureau Fédéral, je voulais le ramener en tant que sélectionneur national lorsque Leekens est parti. Du temps de Gana aussi, je voulais le ramener mais il avait été mal accueilli et ça ne s’était pas fait. Maintenant, on voit ce que ça donne.
Et la dernière étape, c’est quoi donc ?
C’est tout simplement Saïd Allik. C’est un dirigeant avec un très grand vécu et qui a beaucoup d’expérience. Lui aussi a fait un grand travail et a réussi à faire en sorte que l’équipe remonte la pente. J’appelle dès maintenant Madar-Holding à maintenir Allik dans ses fonctions car il faut de la stabilité au sein de l’équipe.
Justement, il y a beaucoup de spéculations autour de son cas…
Pour moi, c’est clair. Allik ne doit pas quitter le Chabab. J’ai lu son entretien paru dans votre journal et je suis entièrement d’accord avec lui. Madar doit lui donner les pouvoirs que lui confère son poste de directeur général. A ma connaissance, le DAF dépend du directeur général et non pas du PDG. Il a raison, il faut qu’il ait toutes les prérogatives pour faire son travail comme il se doit. Si nous en sommes arrivés là, c’est qu’il a une grande part de responsabilité et donc, il doit avoir tout ce qu’il demande.
Avec cette incertitude par rapport à Allik, votre nom est ressorti pour revenir dans les affaires. Qu’en est-il ?
Je vais être clair. Pour être un dirigeant dans une société sportive, il faut être libre tout le temps. Maintenant, me concernant, mes obligations professionnelles ne le permettent pas et donc, la question ne se pose pas.
Mais tout de même, il n’y a pas de fumée sans feu…
Ce sont des rumeurs car à mon niveau, il n’y a pas eu de contacts. C’est la rue qui en a parlé et moi je l’ai dit, Allik doit rester. Pour ma part, je suis un chauvin, tout est rouge chez moi et celui qui n’aime pas le Chabab n’est pas le bienvenu. Après, si on me demande conseil, bien sûr je suis là. Je me plierai en 4 pour cette équipe.
Amrani aussi est incertain. Qu’en dites-vous ?
Je viens de vous le dire, Amrani est un coach précieux et là aussi, il faut le maintenir. Certes, il peut avoir des contacts mais on doit le garder et lui donner les moyens de gagner et de faire une équipe de qualité. De plus, il faut lui faire signer un contrat de longue durée, à savoir entre trois et quatre ans. Comme ça, il peut au moins travailler sur un vrai projet. Je le redis encore, j’appelle Madar-Holding à maintenir aussi bien Allik qu’Amrani.
Revenons à vous. Comment Kerbadj le supporter a vécu la saison du Chabab ?
Franchement, j’ai vécu l’enfer cette année. Rien n’a été facile et quand on voit le classement de la phase aller, on a clairement peur pour le club. Cependant, les choses ont commencé à changer en bien et lorsque les joueurs ont été mis dans de bonnes conditions, l’équipe a su repartir de l’avant et faire le nécessaire pour revenir au sommet et terminer par cette victoire en coupe d’Algérie. Ça n’a pas été facile pour moi mais j’y ai toujours cru et je savais que le Chabab n’allait pas tarder à se sauver et d’abord, il ne faut pas oublier une chose.
Laquelle ?
On a fait une saison avec toutes les complications qu’il y a eues et au final, on termine 8e devant des équipes qui étaient devant en début de saison et je pense à une équipe comme le NAHD par exemple. De plus, on est la meilleure équipe sur la phase retour et bien entendu, on n’a joué que 29 matchs car on ne peut pas compter le match devant l’ASAM en début de saison. Trois points perdus et trois défalqués. Si on fait le calcul, on aurait pu finir au pied du podium avec 44 points. Il y a eu des décisions arbitraires de la part de la LFP et la FAF mais malgré cela, l’équipe est restée debout.
Et cette finale alors, comment l’avez-vous vécu ?
Sincèrement et sans diminuer de la valeur de la JSMB, je savais qu’on allait gagner. Plusieurs paramètres sont entrés en jeu au cours de ce match. Le plus important reste sans aucun doute le fait que la JSMB manquait cruellement de compétition. D’ailleurs, le portier du Chabab n’a fait que se reposer durant la première période puisque l’adversaire a joué derrière. Durant le premier half, on aurait même pu jouer à 12. Donc, je savais que ça allait bien se terminer et c’est ce qui s’est passé.
Comment peut-on expliquer ce retour en force ?
C’est simple, la détermination des joueurs, l’apport de Madar-Holding et des hommes qu’elle a choisis. En plus, on ne peut ne pas évoquer le mercato. Un Bouchar et un Sayoud ont apporté beaucoup de bonnes choses à l’équipe.
Il y a aussi le jeune Bousseliou qui a été la révélation de la saison. Qu’en dites-vous ?
Ce jeune, personne ne le connaissait. Dans ce sens, je tiens à remercier ceux qui lui ont permis d’être le joueur qu’il est et je pense à Karim Bekhti. D’ailleurs, à son âge, débuter au 5-Juillet et face au Mouloudia, ce n’est pas donné. Il a réussi un très beau match et a même trouvé le poteau de Chaâl. C’est l’avenir du Chabab. Tiens, je vais vous raconter une anecdote.
Allez-y…
Je me suis interrogé sur sa non- convocation en équipe nationale U23 et on m’a dit que ceux qui suivaient les espoirs ne l’ont pas vu. Je leur ai fait savoir qu’il jouait en senior. Par la suite, lorsqu’il a été convoqué, il les a tous éblouis par son talent. C’est le futur ce garçon et je veillerai personnellement à ce qu’il soit encore meilleur en l’encourageant.
La saison prochaine, le club retrouve l’Afrique. Des conseils à donner aux dirigeants ?
Je pense qu’il y a Allik qui connaît très bien comment faire, mais je demande juste à ce que les choses se fassent vite. La coupe d’Afrique démarre au mois d’août et donc, il faut rapidement préparer la nouvelle saison. Régler la question de l’entraîneur et entamer le renforcement de l’équipe par des joueurs qui peuvent apporter le plus et honorer les couleurs du Chabab en compétition africaine.
Aussi, il faudra désormais confirmer et jouer les premiers rôles, non ?
Je vais vous faire une confidence. Gagner la coupe d’Algérie, c’est bien. Cependant, il faut maintenant penser à jouer le titre en championnat. Vous vous rendez compte, cela fait 18 ans qu’on n’a plus gagné le championnat ! C’est trop pour un club comme le Chabab. C’est vrai que lorsque la coupe vient c’est une bonne chose mais rien ne remplace un titre de champion.
Donc, pour vous, le CRB doit tout jeter sur le titre la saison prochaine…
Je dirais qu’incha Allah, on jouera le titre.
Autre sujet d’actualité. Avec du recul. Comment analysez-vous la saison ?
Je pense que cette saison a été marquée par beaucoup de soucis et notamment dans la programmation. Cette année, on a joué durant tous les jours de la semaine alors que de mon temps, on avançait des matchs lorsqu’il y en avait trois à Alger. Même avec la l’EPTV, on avait des rapports cordiaux et on se consultait, chose qui n’est pas le cas.
Doit-on incriminer Medouar ?
Quand un club demande le report et que la ligue refuse puis plie et décide en fin de compte de reporter toute la journée à minuit passé, c’est que ce n’est pas normal. Il n’y a pas de fierté dans ce cas. Je prends l’exemple du MCO qui a fait le déplacement à Alger pour finalement ne pas jouer. Quel est le mal de cette équipe et des autres lorsque la journée a été reportée ? Rien du tout. Il faut qu’il y ait de la relativité dans tout cela.
Quel regard avez-vous sur le championnat ?
Je pense que le niveau de cette saison a régressé. Quand on voit la masse salariale des clubs avec le rendement des joueurs, il y a un grand fossé et cela ne changera pas puisque ce sont les mêmes bonhommes qui sont toujours là.
- Z.
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