L'entraîneur Yamen Zelfani nous raconte son quotidien durant cet arrêt de la compétition dû à la pandémie du Covid-19. Il profite de l’occasion pour lancer un appel aux citoyens pour respecter les mesures de confinement et d’éviter le pire.
Le championnat est à l’arrêt depuis deux suite à cette pandémie qui fait des ravages dans le monde, comment vivez-vous cette situation ?
Comme tout le monde, on est confiné à la maison. C'est une maladie contagieuse et mortelle qui a touché le monde entier. En attendant que les chercheurs trouvent un vaccin ou un remède, on doit appliquer les consignes et les directives pour éviter la propagation de ce virus. Cette pandémie ne choisit ni la couleur, ni la nationalité, ni la religion. Une pandémie dangereuse qui menace l’humanité.
On imagine que vous êtes bloqué ici en Algérie suite à la fermeture des frontières…
C’est le cas malheureusement. Après notre dernier match à Sétif, les responsables du pays ont décidé de suspendre le championnat pour deux semaines. Le lendemain de notre retour à Tizi-Ouzou, j’ai pris la décision de rentrer chez moi en Tunisie pour profiter des deux semaines et les passer auprès de ma famille. Malheureusement, je ne pouvais pas, puisque les frontières étaient fermées. Je suis donc à Tizi-Ouzou et je suis en contact permanent avec ma famille et mes proches.
Comment faites-vous pour passer le temps et éviter l’ennui ?
Je profite de ce confinement pour faire un peu du sport, lire et préparer à manger avec Beltaief (Fakhri) puisqu’on est ensemble à la maison. Mais la plupart de temps, je suis au téléphone avec ma famille et mes proches pour avoir de leurs nouvelles.
Profitez-vous pour préparer vos prochains matchs ?
Effectivement, je ne suis pas à l’arrêt. Je prépare nos 8 dernières rencontres du championnat. Chaque jour, je regarde un match et des vidéos de nos prochains adversaires. Mais sincèrement, c’est très difficile de penser au football vu la situation que le monde traverse.
Vous avez soumis les joueurs au programme d’entraînement individuel et vous êtes certainement en contact avec eux…
On leur a tracé un programme d’entraînement individuel que chacun doit appliquer durant cette période d’arrêt. Ils nous envoient quotidiennement les vidéos de leur entraînement. On répond à leurs questions et on fait de notre mieux pour les orienter et les aider à appliquer ce programme afin de garder la forme. On insiste sur la nécessité de respecter le confinement, se protéger et aussi bien appliquer le programme d’entraînement. Jusque-là, ils travaillent sérieusement.
Mais rien ne peut remplacer les entraînements et la compétition…
C’est clair, mais je pense qu’on n’a pas le choix, c’est le cas de tous les clubs. Le programme remis aux joueurs n’est pas pour améliorer leur forme, mais pour leur permettre de la maintenir et la garder en prévision de la reprise. On est déjà à la deuxième semaine et j’avoue que c’est très difficile pour un joueur de rester sans entraînements collectifs et sans compétition pendant une longue période.
Si la situation sanitaire perdure, le prolongement de l’arrêt de la compétition sera inévitable, que pensez-vous ?
Ce n’est pas à nous de décider quant à la reprise de la compétition ou non. On attend la décision de la FAF. Selon des échos, les responsables vont se réunir incessamment pour prendre une décision dans ce sens. On n’a pas le choix que d’appliquer ce qu’il sera décidé. Je pense que le football passera bien après, car les vies humaines sont au-dessus de tout.
Avec du recul, ne regrettez-vous pas les 2 points perdus en déplacement face à l’ESS?
On s’est rendu à Sétif avec l’ambition de décrocher une victoire et revenir avec les 3 points. Le match était un Clasico entre deux équipes du haut de tableau. Dans ce genre de matchs, il faut profiter de la moindre occasion pour marquer. On s’est procuré trois à quatre occasions nettes de scorer, qu’on n’a malheureusement pas concrétisées. Certes, on a perdu deux points, mais un match nul à l’extérieur et contre l’ESS reste un bon résultat. On est toujours sur le podium et pas loin du premier et du deuxième, donc c’est le plus important.
Vous êtes optimiste quant à la possibilité de remporter le titre…
Vu le classement, je reste toujours optimiste. Le championnat se joue entre les cinq premiers du classement ; puisque l’écart entre ces cinq prétendants au titre est réduit, tout peut arriver les dernières journées. On a des joueurs de qualité qui doivent se préparer sur tous les plans pour réaliser de bons résultats à la reprise de la compétition et terminer la saison sur le podium.
Plusieurs jeunes, à l’image de l’attaquant Nezla, n’ont pas encore eu une chance…
Par rapport aux autres joueurs, le seul qui n’a pas encore eu sa chance, je pense bien que c’est Nezla. Il réalise de bons matchs avec l’équipe réserve ; c’est un jeune qui a des qualités. Il est victime de la concurrence dans son poste et aussi du réveil de Belgherbi qui revient en force ces derniers temps. Il ne doit pas baisser les bras mais continuer à travailler.
Si l’on comprend bien, la pression de jouer le titre vous obligera à miser sur les éléments les plus expérimentés…
Il n’y a aucune pression ; les joueurs gagent leur place de titulaire durant la semaine de préparation. Je ne fais pas de différence entre un joueur expérimenté et un jeune. Le plus performant et le plus en forme aux entraînements jouera. Raiah, qui a de l’expérience, a été écarté des 18 face à l’ESS ; j’ai convoqué Iratni qui a débuté sur le banc. Bounoua et Banouh, qui sont également des éléments expérimentés, ont été à plusieurs reprises écartés de la liste des 18. Tout cela pour vous dire que celui qui se donne plus aux entraînements jouera. Comme je viens de vous dire, le seul qui n’a pas eu sa chance, c’est bien Nezla à cause de la concurrence.
Il y a quelques jours, la direction du club, à sa tête le président Mellal, a mis à la disposition du corps médical la résidence du club ; comment trouvez-vous cette initiative ?
La JSK n’est pas uniquement un club. Elle représente toute une région, le club le plus titré d’Algérie, l’un des meilleurs en Afrique, donc je ne suis pas surpris. C’est la moindre chose qu’on peut faire pour contrer cette crise sanitaire qui secoue le pays. L’engagement de la direction honore ce grand club.
Un message peut-être aux gens qui ne respectent pas les mesures de confinement ?
Comme je l’ai déjà dit au départ, ce virus ne choisit pas ses victimes ; il s’attaque à tout le monde et ne préfère ni l’âge, ni la couleur, ni la nationalité, ni la religion. Quand on apprend que le Premier Ministre de la Grande-Bretagne (Boris Johnson) est atteint par le coronavirus, il faut vraiment se méfier et prendre au sérieux cette pandémie. Il faut appliquer les mesures de confinement puisque c’est la seule solution pour le moment d’éviter la propagation de cette maladie et de protéger nos familles.
M. H.
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