Raoul Savoy a travaillé en Afrique en drivant plusieurs clubs et des sélections nationales. Il a également fait deux passages en Algérie en drivant le MCO, puis le MCEE entre 2012 et 2013.
En cette période d’alerte sanitaire et de confinement contre le coronavirus qui menace le monde, nous avons sollicité le technicien ibéro-suisse sur quelques points relatifs à la gestion du quotidien des sportifs, en général, et des footballeurs en particulier. D’emblée, il avoue que la situation n’est pas simple à vivre, notamment sur l’aspect moral.
«Ménager le moral est un facteur important pour un sportif d’élite»
«Évidemment que ce n’est pas simple. Le point le plus difficile à gérer est le fait de ne pas savoir quand les championnats vont reprendre ou, pis encore, s’ils vont reprendre. Donc, il faut rester en forme, travailler individuellement, faire attention à la prise de poids et ménager le moral qui est un facteur important pour un sportif d’élite», nous a-t-il dit.
«Plus nous sommes sérieux et disciplinés, plus cette mauvaise période sera courte»
Et d’ajouter sur quelques consignes que les joueurs doivent respecter : «Garder une hygiène de vie exemplaire. Celle d'un sportif. Se lever tôt, respecter les heures de repas, s'alimenter sainement et sans excès. Travailler le gainage, la force et l'explosivité avec des exercices simples à réaliser en intérieur. Pour ceux qui ont la chance d'avoir un jardin ou un espace vert privé, effectuer des exercices de course intermittents. En respectant les consignes émises par les autorités sanitaires, ils doivent faire attention pour eux et leur entourage. Plus nous sommes sérieux et disciplinés, plus cette mauvaise période sera courte. Par contre, si l'égoïsme et l'incivilité règnent, ça sera très long, donc pénible et catastrophique pour tous. Il est joli d'applaudir le personnel soignant, mais ce qui est important, c'est de suivre les consignes.»
«Un mix de technico-tactique, foncier et récupération»
Interrogé, en outre, si les clubs doivent effectuer des stages spécifiques après cette période de travail individuel une fois la date de reprise fixée, l’ancien entraîneur de l’équipe nationale de Centrafrique a indiqué que ce n’est pas forcément le cas d’autant plus que les joueurs étaient déjà confinés et qu’il sera difficile de les enfermer de nouveau. «Oui, mais pas forcément avec la rigueur d'un stage fermé. Les joueurs sortiront d'une période de privation de liberté et de confinement. Les enfermer dans un hôtel serait une mauvaise idée. Plutôt les laisser chez eux, mais exiger une présence stricte aux séances. Selon le calendrier de reprise et si le championnat doit se terminer sur une période courte avec des matches tous les trois jours, il faudra travailler dur, mais autrement. Un mix de technico-tactique, foncier et récupération», a-t-il souligné
«Chaque Etat est souverain si…»
Et de renchérir concernant le retour progressif à la compétition si la situation vient à être maîtrisée. «Certes, la FIFA et la CAF vont donner leur avis, mais chaque Etat est souverain. Si la Fédération nationale et la Ligue ont l'aval du gouvernement, le championnat national peut reprendre. C'est une autre histoire pour les compétitions continentales et les matchs internationaux», a-t-il souligné.
«Voilà les clés de la réussite des Fennecs à la CAN 2019»
Par ailleurs, questionné sur l’équipe d’Algérie, l’ancien technicien du FC Sion a affirmé que le sacre remporté à la CAN 2019 en Egypte a été amplement mérité et que les Fennecs peuvent encore progresser vu les bonnes conditions dont ils jouissent. «J'ai évidemment suivi la CAN19 et le parcours des Fennecs. Cette victoire est méritée et obtenue avec panache. J'ai toujours dit que, dans l'histoire du football, tous les vainqueurs de grandes compétitions ont tous réussis à mettre en place un groupe d'amis, avec une très bonne ambiance et une atmosphère de travail saine. Pour ce dernier point, et pas des moindres, la presse algérienne a joué un grand rôle. Vous leur avez foutu la paix ! Au coach, à l'entourage et aux joueurs. Vous avez été les instigateurs de la sérénité qu'il a fallu pour aller au bout d'une telle compétition. Un travail d'équipe quoi», précise-t-il.
«J'ai aimé l'Algérie, les gens, la ferveur et son championnat»
Il a tenu, à ce titre, à envoyer un message aux Algériens dans ces moments difficiles que traverse toute la planète suite à l’épidémie de Covid-19. J'ai aimé l'Algérie, les gens, la ferveur et son championnat. J'ai réussi de belles choses. Le sauvetage du MCO a été un succès incroyable et une expérience très forte. La remise sur de bons et solides rails du MCEE aussi. Même si, actuellement, je privilégie les sélections nationales, j'aimerais certainement revenir travailler un jour en Algérie. Tout est ouvert après le coronavirus.» Avant de conclure notre discussion, nous avons tenu à lui demander de nous donner une idée sur sa vie pendant cette crise sanitaire.
«J'ai la chance de vivre en montagne»
«J'ai la chance de vivre en montagne, au milieu de la nature. Donc, facile de sortir et de profiter de la forêt pour prendre l'air et faire de l'exercice. Je garde une hygiène de vie équilibrée et m'impose des heures de travail. Je garde contact avec mes interlocuteurs habituels et je planifie la suite. Un homme averti en vaut deux. Un jour, tout ceci sera derrière nous et il faudra reprendre rapidement. Etre efficace. Les entraîneurs ou sportifs qui disent avoir tout stoppé en mettant ce virus comme unique souci quotidien se trompent. Il faut rester positif et se préparer.»
- R.