Depuis jeudi dernier, la rue algérienne ne parle que du fameux enregistrement très compromettant, contenant une conversation entre le président sétifien Fahd Halfaïa et l’agent de joueurs Nassim Saâdaoui. Pour l’instant, l’affaire est concentrée du côté de Halfaïa qui subit une pression terrible.

Auditionné par la police après avoir déposé une plainte pour diffamation, il a été convoqué par le conseil d’administration en attendant que les auditions se poursuivent à Alger ; d’abord au niveau de la LFP puis à la FAF où la commission de l’éthique devrait annoncer une date prochainement. De l’autre côté du fil, il y avait cet agent, Nassim Saâdaoui, présenté comme manager de joueurs. Mais dans ce document sonore, on l’entend parler de tout sauf de transfert de joueurs. Pour certains, cet agent est une vieille connaissance ; pour d’autres, elle l’est moins. Qui est donc ce Nassim Saâdaoui dont le nom a subitement occupé la scène médiatique ?

Ancien joueur tout court

Pour ceux qui ne le connaissent pas, il s’agit d’un ancien joueur de football qui a arrêté sa carrière en étant très jeune ; âgé d’environ 40 ans, fils d’un ancien entraîneur de l’ES Ben Aknoun.

Il a évolué, entre autres, à l’ESBA et la JSEB, mais aussi au sud du pays dans des divisions inférieures, ainsi qu’au PAC. Le Paradou, un club qu’il a appris à connaître encore plus tard lorsque le fruit de l’académie El Ankaoui a commencé à murir ; c’est là d’ailleurs que son nom est devenu très proche de ce club et de son président de l’époque Kheireddine Zetchi, actuel président de la FAF. C’est pour cette raison qu’on le présente comme étant un agent très proche du premier responsable de la Fédération.

Meilleur comme agent

La réussite de l’académie aura été salutaire pour ce manager, boostant sa carrière d’agent de joueur et lui faisant oublier son ancienne vie de joueur qui n’a pas été fameuse. Chargé par l’ancien président du PAC de s’occuper du volet commercial des joueurs de l’académie, il a réussi avec brio à les placer dans plusieurs clubs ici au pays. C’est lui, en effet, qui a mené les négociations pour placer  Mandouri, Benkhelifa et autres El-Moueden à la JSK, au MCA à l’USMA ou encore au CABBA, mais pas que. Sa réputation lui a permis de gagner la confiance d’autres joueurs du championnat, à l’image du gardien Salhi et d’autres éléments, grâce notamment à une étiquette relayée par les joueurs le donnant proche du président de la FAF, ce qui a boosté son CV. Une étiquette qui lui a aussi ouvert la voie vers des présidents de club, à l’image de l’ancien boss du MCA Kaci Said avec lequel il était très proche.

Chicha

En dehors de l’activité du mercato, Saâdaoui est connu pour être le patron d’un salon-chicha à Dely Ibrahim. C’est dans cet établissement que la fameuse photo où l’on voit Medouar et Serrar côte à côte a été prise ; c’était la semaine du déclenchement de l’affaire du très fameux match USMA-JSK à Omar-Hamadi. C’est dans cet établissement aussi que plusieurs responsables du football se rencontrent et discutent de tout et de rien ; des accords sont souvent conclus dans cet endroit situé dans les hauteurs d’Alger, celui qui a permis à cet agent de connaître plus de dirigeants. Parfois, il a joué même le médiateur pour régler quelques conflits. On se souvient des déclarations incendiaires de l’ancien président de l’USM Annaba Zaïm à l’encontre de Medouar. C’est cet agent qui, à l’époque, avait essayé de calmer le jeu entre les belligérants. Ce qui a fait dire à Mellal, le président de la JSK, que le championnat algérien était géré dans un salon chicha à Dely Brahim.

Boîte noire

Cette facilité à communiquer avec le monde du football algérien et ses acteurs a donné du crédit à cet agent qui connaît beaucoup de choses sur nombre de clubs et surtout beaucoup de dirigeants. Certains le qualifient de boîte noire du championnat algérien. Il sait tellement de choses sur ce qui se passe dans les coulisses que si jamais il parle un jour, des têtes vont certainement tomber.

Pour le moment, Saâdaoui, selon ses proches, a préféré se tenir à l’écart ; il a eu une discussion juste après la diffusion de l’enregistrement audio avec un proche de la FAF, auquel il a dit qu’il est innocent dans cette affaire, et qu’il n’a rien à voir avec ce qui a été concocté. C’est sûrement ce qu’il pense avouer lors de son audition par la CD/LFP, mais aussi à la justice. Mais ce qui est sur, si les accusations sont fondées, il risque lui aussi d’être déchu de son agrément d’agent ; sa chute risque toutefois d’être douloureuse pour plusieurs visages de la scène footballistique algérienne.

1. A.