Il a pris la décision de partir certes, mais à contrecœur. S’il n’avait pas été affecté par les propos de certains l’accusant d’avoir levé le pied, d’avoir magouillé ou encore d’être le fils de Ghrib, il n’aurait jamais songé à quitter, mais plutôt finir sa carrière au Mouloudia. Après avoir discuté avec le coach Neghiz qui veut le garder, ses camarades ont aussi insisté pour rester, tout comme quelques fans qui l’ont sollicité pour changer d’avis. Abderrahmane Hachoud très touché par tant d’égards pourrait revenir sur sa décision, mais pas avant le tomber de rideau, car pour lui, il y a plus important, un titre à gagner.
Dernièrement, vous avez annoncé votre départ ; qu’est-ce qui vous a poussé à songer à quitter le Doyen ?
J’ai entendu des propos qui m’ont beaucoup affecté. Comme vous le savez, j’ai joué plus de 500 matches depuis le début de ma carrière dont plus de 250 avec le Mouloudia d’Alger. J’ai marqué plus de 100 buts et j’ai été derrière plus de 80 passes décisives. Malgré tout cela, j’ai décidé de partir, tout simplement à cause de certaines personnes qui veulent à tout prix salir mon image aux yeux des supporters. Tout cela m’a poussé à prendre la décision de quitter le Mouloudia d’Alger à la fin de la saison.
Quels sont ces propos qui vous ont autant blessé ?
A chaque fois, on m’accuse d’être un magouilleur (khalat) et que j’arrange les matches. Je jure devant Dieu que depuis que j’ai commencé à taper dans le ballon chez moi à El-Attaf, ou même avec les clubs où j’ai joué comme le CABBA, l’ESS et bien sûr le MCA, je n’ai jamais levé le pied. Car Hachoud n’est pas un tricheur ; je le dis aujourd’hui : celui qui m’accuse qu’il présente des preuves. On a voulu m’atteindre en tentant de salir mon image.
Mais un joueur ne doit pas prendre ces injures au premier degré, surtout que cela très courant…
A El-Attaf, tout le monde sait que je suis un fervent fan du Mouloudia d’Alger, et cela depuis mon jeune âge. Si je n’avais pas vraiment ce club dans le sang, je n’aurais pas joué un match important, alors que je venais de perdre ma sœur. Je n’ai même pas assisté à son enterrement. Mais entendre des propos blessants récurrents, ça vous affecte et ça vous ne donne plus envie de continuer à vous battre. Ce n’est pas juste cela, il y a autre chose…
C’est quoi au juste ?
On m’accuse aussi de travailler pour le compte de Ghrib et aussi que j’ai fait sauter les entraîneurs quand ils ne me plaisaient plus. Je n’ai eu aucun souci avec aucun des coaches, vous pouvez confirmer avec eux. J’ai toujours fait mon travail et j’ai toujours respecté l’entraîneur qui prend les rênes de la barre technique.
En parlant de Ghrib, vous avez sûrement entendu l’étiquette de fils de Ghrib qu’on vous colle, qu’en dites-vous ?
J’ai entendu ça. Je précise que Ghrib aime le Mouloudia d’Alger, j’avais de bonnes relations avec lui tout comme les trois autres présidents. Ce n’est pas parce que j’entretiens de bonnes relations avec le président que je fais tout ce qu’il dit, surtout s’il me demande de lever le pied. Ça je ne l’accepterai jamais. Ceci dit, je sais que je ne suis pas le seul à avoir cette étiquette ; Azzi et Chaouchi ont été eux aussi victimes de ces rumeurs.
On peut dire que le seul président avec lequel les relations n’ont pas été au top, c’est KSK, n’est-ce pas ?
C’est vrai et c’est à cause de ce qui s’est passé la veille d’un match. Il est venu me voir pour me dire qu’il doutait de moi et qu’il craignait de me voir lever le pied dans ce match-là. Je ne vous cache pas que j’étais hors de moi, j’ai demandé même de ne pas jouer le match pour montrer ma bonne foi.
Mais vous avez joué, non ?
Oui, ce jour-là, Casoni, que je considère comme le meilleur entraîneur avec lequel j’ai travaillé, m’a dit cette phrase : «Tu vas jouer et tu vas réaliser un grand match.» C’est ce qui s’est passé ; j’ai joué et j’ai réussi un match plein.
Il y a aussi cette affaire de gros salaire que vous a proposée le club d’El-Wakra…
Je jure devant Dieu que le club d’El-Wakra m’a proposé un salaire de 800 millions, mais j’ai décidé de rester au Mouloudia d’Alger. Quel est le joueur qui refuserait un tel salaire ? Vous pouvez confirmer mes dires avec KSK, et il y a même la proposition de ce club. En fait, ce qui m’a poussé à refuser l’offre, c’est tout simplement parce que j’aime ce club, et cela m’a suffi pour prendre la décision de rester.
Neghiz insiste pour vous garder ; qu’avez-vous à dire dans ce sens ?
C’est un grand plaisir de voir le coach Neghiz insister pour me garder, je le remercie d’ailleurs pour cela. C’est vrai, j’ai eu une discussion avec lui, mais je lui ai dit la même chose que vous : on laisse terminer la saison après on verra. Car, on a une fin de saison à bien gérer et rien ne doit être plus important que cela.
Pensez-vous que Neghiz réussira au MCA ?
Neghiz est un fils de bonne famille, je lui souhaite la réussite. J’espère seulement qu’ils vont le laisser travailler. Croyez-moi, j’ai beaucoup de respect pour ce Monsieur, je suis persuadé que le MCA ira loin avec lui. Il faut juste lui laisser du temps pour réaliser des merveilles à coup sûr.
On comprend par là que vous l’avez rassuré quant à votre avenir…
(Rire). Vous n’insistez que sur mon avenir ! Je vais être franc avec vous. Quand vous voyez le coach, mes coéquipiers et les vrais supporters qui me connaissent me demander de rester, ce n’est pas facile de résister. Je ne vous cache pas non plus que ce n’est pas facile de quitter le Mouloudia d’Alger après 8 ans de loyaux services, sans oublier les deux ans que j’ai passés avec la catégorie jeune.
On a l’impression que les deux dernières saisons, vous évoluiez la peur au ventre, le confirmez-vous ?
Exact, je peux vous assurer même que j’ai joué à 50% de mes moyens, car je sais que si je rate une touche, ils diront que Hachoud a arrangé le match. Si je rate un penalty, c’est pareil. Quel est le joueur qui peut supporter une telle pression ? On a même dit que je jouais contre le gré des entraîneurs. J’aimerais bien que vous ayez une discussion avec mes concurrents dans le même poste, à savoir Besseghir, Boulekhoua ou Allati ; vous comprendrez que Hachoud n’a besoin de personne pour jouer. Mes statistiques au MCA plaident pour moi. Dites-moi quel est le défenseur qui a marqué plus de 80 buts en Algérie les 20 dernières années ?
Dimanche dernier, la FAF a décidé de poursuivre le championnat…
Comme j’ai dit lors de mon dernier entretien, même si l’on joue au mois de septembre, on continue. Si le CRB était détaché par dix ou 15 points, là on peut leur dire qu’ils méritent le titre, mais là, on est à 3 points et nous avons un match en retard ; donc, le titre est jouable pour nous. On fera tout pour l’avoir quitte à remuer ciel et terre.
Donc, le Doyen fera tout pour être sacré champion, ce que veulent les Chnaoua…
Bien sûr qu’on mettra tout en œuvre, on a un bon coup à jouer. Comme j’ai dit, l’écart avec le leader est de 3 points sans oublier qu’on a un match retard. Donc, on peut réussir l’exploit. On ne va pas dire que la tâche sera facile, mais on se donnera à fond et on fera tout pour n’avoir aucun regret quand le rideau tombera. On veillera à assurer l’essentiel, et cela peu importe le prix à mettre.
On a appris que la direction du Doyen a demandé à ses joueurs de revoir à la baisse leur salaire en cette période de confinement. Qu’avez-vous à nous dire à ce sujet ?
On nous a posé la question ; je ne suis pas contre, comme mes camarades. J’en ai d’ailleurs discuté avec le président Almas, qui est une bonne personne et m’a expliqué la situation. Tout le monde est d’accord pour la baisse des salaires pendant le confinement. Donc, pas de souci, quand on peut aider, on le fait ; le Mouloudia nous a beaucoup donné et c’est tout a fait normal qu’on se serre les coudes en cette période difficile.
Vous qui êtes un ancien joueur de l’Entente, que pensez-vous de l’affaire Halfaïa ?
Je ne peux rien dire là-dessus car je ne connais pas les détails de l’affaire. Toutefois, je peux dire que l’ESS reste un grand club.
Avant de conclure, on ne peut s’empêcher de vous reposer la même question : Hachoud va-t-il rester au MCA ?
Je vais être clair avec vous : attendons d’abord la fin saison, après on verra. Comme j’ai déjà dit, ce n’est pas facile de quitter le MCA après 8 ans, c’est un club très cher à mon cœur. Mais tout sera clair d’ici la fin de la saison. On verra ce que le destin nous réserve.
- Z.