La montagne a fini par accoucher d’une souris ; la réunion des présidents des clubs du Centre avec le président de la LFP Abdelkrim Medouar n’a presque rien apporté, si ce n’est une confirmation de l’aveu d’échec et d’incapacité des 32 présidents des clubs professionnels des Ligue1 et 2. Après une virée à Oran, puis à Constantine, Medouar a accueilli hier matin les présidents du Centre à l’hôtel Olympic de Dely Brahim.
Avant la réunion, des présidents ont bombé le torse à travers des déclarations courageuses sur les différents médias ; la plupart affichaient leur aptitude à reprendre la compétition, donc défier les difficultés que représente le Covid-19. Des clubs comme la JSK, le MCA, l’USMA ou même le CRB se sont montrés prêts à assumer une éventuelle reprise. Il n’a fallu que quelques minutes de manipulation pour changer le ton de leur discours : la reprise du championnat, finalement personne n’en veut.
Mellal, un virage à 180°
Ce dernier round de concertations a permis donc de trouver un consensus autour de l’annulation de la saison en cours. Les clubs n’aimeraient pas reprendre ; même les clubs qui affichaient une certaine résistance ont cédé une fois à l’intérieur de la salle de réunions de l’hôtel algérois. Mellal, le président de la JSK, résume parfaitement ce retournement de situation. Il a déclaré pas une seule fois, mais plusieurs fois ces dernières semaines qu’il n’accepterait pas l’arrêt de la compétition et qu’il est prêt pour la reprise. Le médecin du club a communiqué dans le même sens ; idem pour son entraîneur, mais contre toute attente, il s’est illustré par une déclaration surprenante à sa sortie de la réunion : «On n’a jamais demandé la reprise, et ce n’est pas à nous de le décider.» Des propos qui reflètent le contenu d’une réunion où il n’y a pas eu de courageux. La salle a abrité des dirigeants qui n’ont trouvé aucune peine à avouer leur échec et leur incapacité à trouver les ressources financières, car il s’agit de la seule et véritable raison de cette volte-face.
Faute d’argent, on cède le titre
Mellal, qui affirmait depuis 6 mois que son équipe a toutes les chances de gagner le championnat, a soudainement décidé de céder, et de laisser filer un titre qui lui tendait les bras. Il a plaidé pour l’arrêt du championnat sans la moindre garantie de jouer la Ligue des champions, l’autre objectif du club, car le BF n’a pas encore dévoilé son plan B. Même aujourd’hui, il ne sera pas connu, d’autant qu’en cas de validation de l’arrêt souhaité, la FAF va devoir entendre les clubs à nouveau, mais on n’en est pas encore là.
Une campagne inutile
La JSK n’est pas le seul club qui a déçu ses amoureux ; Almas, le président MCA, a lui aussi raté l’occasion de mettre en application ses propos ; l’USMA a choisi de suivre le troupeau, tout comme le NAHD ou encore l’USMH. Ces derniers sont peut-être les rares teams qui peuvent soutenir cet arrêt au vu de leur situation administrative et sportive critique. Idem pour le CRB qui meurt d’envie de profiter de la situation et de rafler le titre sans aller au bout de ses efforts. En tout cas, la tournée de Medouar est close ; il rédigera un PV résumant les trois réunions régionales qu’il remettra au BF. Il est cependant certain que cette campagne est inutile et sans le moindre poids ; la décision finale est loin d’appartenir à Medouar ou aux présidents, ni même au BF. Le dossier est actuellement entre les mains des pouvoirs publics, notamment le ministère de la Santé qui pèsera le pour et le contre avant d’annoncer sa décision.
La position des présidents n’a donc servi à rien si ce n’est pour avouer et confirmer leur incapacité à assumer leurs responsabilités. Des responsabilités que nos voisins en Tunisie, au Maroc, en Egypte et même au Soudan ont pleinement assumées en décidant de se plier à la décision de reprendre la compétition. Dans la rue, les supporters qui savent qu’ils ne sont pas concernés par les décisions, vu que les activités allaient reprendre à huis clos, espéraient revoir les couleurs des pelouses ; ils sont déçus par la position de leurs dirigeants, dont le plus grand souci était de toucher de l’argent, seul ce dernier allait rendre possible l’application des protocoles sanitaires du monde. Les présidents ne savent plus trouver des ressources financières pour leur team ; n’est-il pas le bon moment de laisser leur place à des gens plus compétents ?
- M. A.