Le directeur technique du MCO Aïssa Kendoussi espère une assemblée porteuse d’une issue salvatrice pour le MCO et critique la décision prise par les responsables du football algérien.
Que pensez-vous de la décision prise par les membres de la FAF ?
Franchement, je ne comprends pas cette décision. On a attendu 5 mois pour décider l’arrêt de la compétition. A mon avis, le champion doit gagner sur le terrain. On aurait aimé reprendre la compétition et donner la chance à toutes les équipes de défendre leur objectif. En Egypte, leur fédération a décidé de faire jouer les matches dans la capitale pour favoriser le jeu. Enfin, je pense qu’avant d’analyser cette décision, il faut prendre l’exemple de nos voisins le Maroc, la Tunisie et l’Egypte. Ils ont repris la compétition avec des moyens qui ne devraient pas dépasser les nôtres. En plus, on ne connaît pas la date de la compétition, ni celle de la reprise. Et dire que chez nos voisins de la Libye, ils ont fixé la date pour le 15 octobre, malgré ce qui se passe dans leur pays. On n’a plus le goût, surtout que les responsables de notre football n’ont rien décidé à part fixer la date du mercato.
Ce n’est guère évident…
Bien sûr, un mercato qui commence en ce début d’août, et qui prend fin le 27 octobre prochain, va faire plus de deux mois. Ce n’est pas normal à mon sens. On va rester dans le flou pendant toute cette durée.
Ça va faire beaucoup pour les joueurs à l’arrêt depuis mars ; le risque de les voir perdre leurs repères n’est-il pas gros ?
C’est vrai, rester sans entraînements depuis mars, ça fait trop pour les joueurs. On n’a jamais vu ça, c’est un événement. Rien ne peut remplacer les entraînements en groupe. Pour les risques, je pense que non, il suffit d’un mois de préparation pour que nos joueurs retrouvent leurs repères. Pour l’instant, ce n’est pas facile pour eux. Je m’interroge sur une chose.
Laquelle ?
On voit bien que le confinement n’est pas respecté, que les gens ne respectent pas les mesures sanitaires. Alors, pourquoi n’a-t-on pas pensé à organiser des tournois entre des équipes de la ville pour maintenir la forme des joueurs ? Si nous avions les infrastructures qu’il faut, on aurait dépassé ce problème. Avec des salles de musculation, des piscines, des séances de basket, les joueurs n’auraient pas accusé le coup en restant inactifs pendant toute cette période. Prenez l’exemple des clubs comme le MCO et l’ASMO qui n’ont même pas vraiment de créneau. On voit au stade Bouakeul des équipes partager ce terrain. Le MCO, grâce à la collaboration de la DJS et du directeur de l’OPOW, ainsi que cheikh Khelladi, l’ancien DTS - qui sont à remercier au passage, a pu bénéficier d’un bon créneau. Vous savez, nos joueurs accomplissent 3 aspects intrinsèques sur les 36 possibles ayant un lien avec le monde de la formation. Juste à titre d’exemple, nous avons Belaili et Bounedjah qui ont découvert certaines choses dans le championnat tunisien, tout comme Benyettou et Derfalou par exemple. C’est vous dire l’amère vérité de notre football.
Avec un championnat à 20 clubs, que faut-il espérer ?
Il faut d’abord qu’on nous fixe une date. Si l’on commence au mois de novembre, on en aura pour une année ; du moins si on respecte la programmation. Le seul avantage pour les joueurs, c’est de commencer en novembre. Ils pourraient bien répondre à la charge de travail dans un climat frais. Sinon, il faut s’attendre à un énorme retard.
Que proposez-vous comme solution ?
Qu’on joue tous les trois ou quatre jours pour espérer finir la saison dans les normes, en juin ou juillet. Il y aura 38 journées, donc 38 matches pour chaque équipe.
Quel est le sort des jeunes ?
Là, je dirais que les jeunes auront passé des moments tranquilles. Ils ont passé d’intenables moments dans leur club avec des dirigeants qui leur proposent des repas froids avec du fromage et du cachir, de longs déplacements par route à dès 5h du matin. Donc, ils ont passé de bons moments avec les amis et sur Facebook (rire). Franchement, il faut tout revoir pour que notre football retrouve le sens du professionnalisme. Je dois vous informer d’une chose.
Allez-y…
Nous avons pensé à protéger nos jeunes contre un départ massif vers d'autres clubs. En fait, à l'annonce du confinement, nous avons pris le soin de blinder les éléments avec l'accord de leurs parents avec lesquels on a établi un contrat pour les protéger contre un départ. Nous leur avons constitué les dossiers qu’il faut avec l’avis du médecin pour garder nos joueurs. Nous avons 75 jeunes qui sont partants pour un autre bail avec le Mouloudia, des U19 jusqu’aux U13. Je pense que le MCO reste le seul club qui, en principe, ne devrait pas recruter dans les jeunes catégories, ça reste un acquis très important. Nous nous sommes préoccupés par ce volet technique sans nous mêler des problèmes administratifs de la direction du club.
Justement, sur ce sujet, qu’espérez-vous de l’assemblée des actionnaires ?
Je souhaite une issue positive pour le Mouloudia ; j’espère que les actionnaires vont pouvoir redonner au club sa légitimité, un point très important. J’espère aussi que les actionnaires vont débattre dans un esprit empreint de sagesse pour désigner un conseil d‘administration et son président, qu’ils mettront la main dans la main. Je souhaite voir les actionnaires travailler ensemble, voir pourquoi pas Mehiaoui, Baba, Djebbari, Belabbes, Benmimoun travailler et œuvrer dans le bon sens tout en prônant la stabilité avec Hemiane, le trésorier, et Radjaâ qui ont fait du bon travail. Il ne faut pas oublier la formation qui devra être l’objectif assigné surtout avec l’arrivée d’une société comme Hyproc. Ce sera une garantie de succès pour le club qui, avec la ville, reste la locomotive du sport dans l’Ouest du pays.
- M. A.