Avant de rejoindre le stage de l’EN, le chouchou des supporters algériens est passé par Oran pour se ressourcer auprès de sa famille. L’occasion pour nous d’aller à sa rencontre pour s’entretenir avec lui. Comme d’habitude, l’attaquant de Brest a répondu gentiment à notre sollicitation. Appréciez !
Après la cruelle élimination en coupe du monde, l’EN entame cette semaine un nouveau challenge…
Après cette élimination, on était abasourdi et surtout déçu pour le peuple algérien, auquel on cherche toujours à lui procurer de la joie. Hélas, ce jour-là, on a failli à notre mission d’aller en coupe du monde 2022. Encore une fois, on demande pardon à nos supporters tout en leur promettant d’autres joies. Cette semaine, on va ouvrir une nouvelle page et on reviendra en force.
Très affecté par cette élimination, vous n’êtes pas rentré en France au lendemain du match contre le Cameroun…
J’ai vu notre rêve d’aller en coupe du monde s’évaporer à quelques secondes de la fin du match. Mon moral était au plus bas après, car 4 années de travail était parties en fumée. Pour être sincère, je songeais même à prendre une décision importante.
C'est-à-dire ?
Mettre carrément un terme à ma carrière de footballeur. On se sentait coupable dans cette élimination, que l’on a trahi la confiance des Algériens qui ont cru autant que nous, les joueurs, à cette qualification. Les jours qui ont suivi cette rencontre, j’étais très démoralisé, je n’avais plus envie de jouer le football tellement, j’étais déçu.
Qui vous a dissuadé de renoncer à cette décision d’arrêter ?
Ma famille, mes parents et mes proches. Il y a aussi mes amis qui ont été d’un grand soutien moral dans cette épreuve difficile que j’ai vécue. Je dois avouer que mon club, le Stade Brestois 29, on a tout fait pour m’aider à surmonter cette épreuve. Leur soutien m’a remonté le moral. Je remercie tout le monde, car je le dis et répète, j’étais dans un trou noir.
Le scénario du match avec ce but encaissé, à quelques secondes du coup de sifflet, a cassé le moral de tous les Algériens…
On ne s’attendait pas à un tel scénario. Alors que tous les regards étaient rivés sur l’arbitre pour le coup de sifflet final du match et célébrer la qualification, on prend ce but assassin. C’est comme si le ciel tombait sur nous ! Maintenant, cela fait partie du passé, on va entamer les éliminatoires pour la CAN 2023, et il faut bien les négocier. Une fois en phase finale, on essaiera de la remporter. Ce serait la meilleure des choses que l’on peut offrir au peuple qui a souffert plus que nous ces derniers temps.
L’EN devait entamer ses éliminatoires au nouveau stade d’Oran, mais, finalement, le match est délocalisé au 5-Juillet. Etes- vous déçu de ne pas jouer devant votre public oranais ?
Effectivement, Oran, c’est ma ville. Mais jouer ce match au 5-Juillet, c’est aussi une bonne chose. Notre équipe aime évoluer surde grands terrains. Pour être sincère, notre objectif dans ce match contre l’Ouganda est de gagner avec l’art et la manière afin de rendre le sourire à nos supporters. Peu importe donc l’endroit où l’on recevra nos adversaires ; que ce soit à Oran, Alger ou dans une autre ville du pays, l’essentiel est de reprendre avec la même dynamique d’avant nos échecs à la CAN et la qualification à la Coupe du monde 2022.
Un succès aura des répercussions positives sur un groupe marqué par les récents échecs, non ?
Absolument ! Comme je viens de dire, jouer sur un grand terrain pour des joueurs techniques comme nous, c’est un avantage. Nous devons, pour ce premier match contre l’Ouganda et celui d’après en Tanzanie (8 juin), faire le maximum pour gagner. Nous savons pertinemment qu’une victoire sera une sorte de déclic pour notre équipe afin de retrouver toute sa verve et son envie de tout gagner, comme elle le faisait il n’y a pas si longtemps.
La bonne nouvelle pour l’EN, plus particulièrement pour vous, est que Djamel Belmadi a décidé de rester ; votre sentiment ?
Bien que j’aie repris la compétition avec Brest, j’avoue que j’étais dégoûté, je voyais l’avenir de notre sélection encore plus sombre. Mais le jour où Djamel Belmadi a annoncé qu’il continue avec la sélection nationale, c’était une sorte de délivrance pour moi. Et, subitement, j’ai retrouvé le moral et la joie de m’entraîner. Djamel Belmadi fait un énorme travail en équipe nationale, c’est quelqu’un de très attaché à son pays. Il assure parfois des tâches qui ne sont pas les siennes, juste pour réussir à tirer l’EN vers le haut. Nous savons ce qu’il représente pour les Algériens qui le vénèrent. Maintenant que l’on se retrouve dans une phase de transition, tous les Algériens devront le soutenir. On doit se mettre à l’évidence que l’Algérie ne se passer pas des compétences de Djamel Belmadi qui aime de surcroît plus que tous les autres l’Algérie ; ce mérite, personne ne peut le lui enlever.
Vos dernières sorties avec le Stade Brestois 29 ont été convaincantes par rapport à vos débuts, qui étaient compliqués ; on a remarqué que vous êtes monté en puissance au fil des matches…
Quand j’ai rejoint Brest, je n’étais pas au top physiquement. En plus, tout a changé. On s’entraîne le matin contrairement au Qatar où les séances se déroulaient le soir. Après mon adaptation, j’ai commencé à montrer mes vraies qualités. Je dois rappeler que mon but en signant à Brest était de montrer à ceux qui disaient que Belaïli n’est pas fait pour jouer en Europe. Pour moi, c’est un défi que je devais relever afin de montrer à ces gens qu’ils s’étaient trompés sur moi. Dieu soit remercié, j’ai travaillé durement pour atteindre ce niveau, comme l’attestent bien mes sept dernières rencontres qui sont bonnes, je le pense, et ce n’est pas fini (rire).
Vous avez fait des sacrifices sur le plan financier pour revenir jouer en France…
Effectivement, par rapport à ce que j’aurais pu gagner en signant dans un autre club du Golfe, j’ai fait un énorme sacrifice. Comme j’ai dit, prouver à mes détracteurs que je peux aussi jouer plus à l’aise en France, ce choix a été conforté par mes récentes performances en L1.
Dans vos propos, vous visez le SCO Angers…
Oui, pourquoi le cacher, ce club m’a fait beaucoup de mal. Alors que je bossais durement, on a refusé de me donner la chance de jouer. Cela arrive à tous les Algériens, mais je n’ai pas admis leurs critiques. Après mon départ du club, ils (les responsables angevins) n’ont pas été corrects. Avec le temps, je leur ai montré sur le terrain qu’ils se sont trompés de jugements.
C’est une revanche que vous prenez sur vos détracteurs ?
Absolument, cela leur apprendra qu’il ne faut jamais dire du mal d’une personne dont vous êtes responsables de ses déboires. Ce que j’ai vécu à Angers, je ne l’oublierai jamais.
Revenons à vos débuts à Brest, il paraît que Haris Belkebla s’est bien occupé de vous…
Je n’oublierai jamais ce qu’a fait Haris pour moi. Dès le premier jour, il était aux petits soins avec moi. Belkebla est quelqu’un de très bien, en plus, il aime beaucoup l’Algérie. Sa présence à mes côtés les premiers temps a été d’un précieux soutien pour moi qui ne connaissait personne à Brest. Je le remercie du fond de cœur pour sa disponibilité et son aide.
Vos admirateurs pensent que votre place est dans un club d’une autre dimension par rapport à Brest, êtes- vous de cet avis ?
Il ne faut pas brûler les étapes, quand j’ai signé à Brest, mon but était de me montrer en L1. Je crois que j’ai réussi à le faire. Oui, pourquoi pas jouer dans une équipe d’un autre standing, quoique la priorité soit donnée à Brest. Actuellement, on est en négociation pour signer un nouveau contrat. Comme on dit dans le football, on ne sait jamais ce que nous réserve l’avenir.
Ce qui est sûr, vous restez en France…
Dans ma tête, c’est décidé, je veux continuer à jouer en France, il n’y a aucun débat là-dessus.
- S.