Dans la maison de l’équipe nationale, c’est la période des turbulences. Les Verts sont frappés de plein fouet par une bouleversante crise qui vient de lui barre la route de la Coupe du monde 2018, qui se déroulera en Russie.
Après avoir décroché brillamment leur qualification à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud et à celle de 2014 au Brésil sanctionnée par un historique passage au deuxième tour, les coéquipiers du gardien M’bolhi retombent terriblement dans leurs travers. Le tournoi de la Russie ne verra pas la participation de l’Algérie précocement éliminée. La double défaite concédée contre les Chipolopolo zambiens (3-1 et 0-1) a précipité le sort algérien. Le président de la Fédération algérienne de football, Kheireddine Zetchi, décide de prendre les choses en main pour ‘’secouer le cocotier’’. Dans sa dernière intervention radiophonique, le successeur de Mohamed Raouraoua annonce une batterie de mesures à même de permettre à l’équipe d’Algérie de retrouver rapidement son aura et reconquérir, du même coup, la scène footballistique internationale. Le patron de la fédération annonce, en effet, avoir décidé de procéder à un grand chamboulement dans l’effectif des Verts. Quatre à cinq joueurs vont disparaître. Un sang neuf sera insufflé à l’équipe. Seuls les joueurs engagés y prendront place. Si l’effectif devra enregistrer d’importants chamboulements, le staff technique national sera épargné. C’est du moins ce qu’a révélé, vendredi, le locataire de la maison de Dely Ibrahim faisant fi, ainsi donc, des appels du public sportif de dénicher un autre entraîneur en mesure de redorer son blason à l’EN. Le technicien ibérique Lucas Alcaraz sera maintenu dans ses fonctions. Y’aura-t-il un renforcement du staff technique par une compétence locale ? Là aussi, Zetchi est catégorique : pas de recrutement d’entraîneur local. Autant de mesures qui suscitent désormais le débat chez les techniciens locaux dont certains, bien connus de l’opinion publique locale, ont donné leur point de vue. Suivons-les.
Adlène D.
Mehdaoui : «On n’a pas senti la touche d’Alcaraz»
Connu pour son vécu dans le monde du coaching pour avoir dirigé longtemps l’équipe nationale, des clubs locaux huppés et des expériences à l’étranger, l’entraîneur Abderrahmane Mehdaoui a bien voulu contribuer à l’enrichissement du débat. «Si vous voulez que je m’exprime en ma qualité d’entraîneur, sincèrement je suis d’accord pour le maintien de l’entraîneur Lucas Alcaraz. Tout le monde s’accorde à dire que la stabilité est un gage de réussite dans n’importe quel domaine d’activité», estime, d’emblée, le technicien en question avant d’ajouter : «Si le président de la FAF croit en lui et pense que l’Espagnol est en mesure de réaliser les objectifs qui lui ont été assignés à l’avenir, il est logique donc de le préserver dans son poste.» En dépit de sa position favorable à la reconduction de l’ancien entraîneur du FC Grenade, Mehdaoui n’y va pas de main morte pour souligner le rendement peu rassurant du sélectionneur national dans ses premières apparitions avec l’Algérie. «Force est de constater que le doute commence déjà à s’installer après les prestations peu intéressantes de l’équipe nationale sous la houlette du nouvel encadrement technique. Alcaraz n’a pu s’imprégner du contexte des Verts en témoigne l’état d’esprit difficile de l’équipe. Les déclarations des joueurs mettent à jour tout le malaise qui y règne. On n’a pas senti sa touche», fait remarquer l’ancien patron du staff technique des Verts avant d’exprimer ses soucis quant à la décision de procéder à des changements dans l’équipe. «Si ce n’est pas l’instabilité technique, ce sera donc celle de l’effectif», tonne-t-il.
A.D.
Henkouche : «Je suis toujours contre l’entraîneur étranger»
Loin de verser dans le débat démagogique sur les aspects théoriques de gestion d’une sélection, le technicien Mohamed Henkouche, qui ne manque pas, faut-il l’avouer, d’expérience en la matière, est allé droit au but indiquant que recourir à une compétence étrangère n’est pas systématiquement un gage de réussite. «Je profiterai de cette opportunité offerte pour souligner, une nouvelle fois, ma position d’opposant au recrutement des entraîneurs étrangers. Ma position n’exprime nullement une attitude raciste ou autre considération d’emploi, mais ils ne peuvent pas, à l’exception de quelques rares cas, servir notre équipe nationale. Sur le plan de la communication, c’est déjà un grand problème», estime Mohamed Henkouche avant d’expliquer : «Ramener un entraîneur étranger, c’est carrément réduire l’emploi de temps de travail à quatre jours. L’option technique est, du coup, reléguée au second plan. En un laps de temps si court, l’entraîneur étranger devra se rabattre sur le volet psychologique pour préparer ses joueurs. Et comme un problème de communication existe, le travail mental est pratiquement voué à l’échec. En développant une telle position, cela ne veut pas dire que je suis contre la stabilité. Mais il faut que cela se fasse dans le vrai. C’est pourquoi la nomination d’un ou deux techniciens algériens dans le staff technique national s’impose. » Au sujet des changements que compte opérer la fédération dans le groupe des Verts, l’ancien vainqueur de la coupe d’Algérie avec le CRB en 2009 se dit «favorable», mais sans oublier le volet de la formation.
A. D.
Biskri : «Le mal est plus profond qu’une histoire de coach»
Pour l’entraîneur Mustapha Biskri le débat engagé autour de l’avenir du sélectionneur national Lucas Alcaraz n’est pas la source du salut ou du mal du football national. «Les malheurs qui frappent la discipline dans notre pays ne sont pas une affaire de coach de l’équipe nationale. C’est un faux débat», lâche l’actuel entraîneur du Mouloudia de Béjaïa qui pense plutôt qu’il est plus judicieux d’évoquer la situation générale d’un football algérien profondément, selon son analyse, malade. «La FAF a pris des décisions après l’échec de l’équipe nationale. Entraîneur partant ou restant ? Effectif reconduit ou remanié ? Ce ne sont là que de simples détails sans répercussions réelles sur la situation générale de notre football. Une discipline, faut-il le relever pour la énième fois, de plus en plus malade. Très malade même. Alcaraz est là depuis peu, il ne peut être seul responsable de la situation de l’équipe nationale. Celle-ci est d’ailleurs en nette perte de vitesse depuis quelque temps déjà», estime Mustapha Biskri selon lequel que, «si on veut vraiment rendre service à notre football, il faudra plutôt s’attaquer à la résolution des problèmes profonds dont il souffre depuis de longues années. Nous avons tiré la sonnette d’alarme, mais personne ne nous a écoutés.» Evoquant la question relative aux intentions de la fédération de procéder à des changements dans l’effectif de l’EN, Biskri développe la lecture suivante : «A mon avis, il est plutôt judicieux d’engager un véritable modèle de formation à même d’assurer la relève pour l’équipe nationale. Je dirais aussi qu’il est nécessaire de reconstruire une sélection représentative.»
A. D.
Zemiti : «Sincèrement, je suis un adepte de la stabilité»
L’actuel patron du staff technique du RC Arba, Farid Zemiti, affirme soutenir la décision du patron de la fédération de maintenir Lucas Alcaraz à la tête du staff technique des Verts, et ce, malgré l’élimination de ces derniers de la Coupe du monde 2018 qui se tiendra en Russie. «Je pense, en ma qualité de technicien et adepte de la stabilité, que le maintien d’Alcaraz est une bonne chose. J’y suis grandement favorable. Un changement d’entraîneur n’est pas un garant de performances. L’actuel sélectionneur est là depuis quelque temps, il lui faudra davantage de temps pour espérer des résultats probants. Il était prévisible que les résultats ne soient pas présents, car le coach de l’EN n’a pas suffisamment d’expérience dans le football algérien et africain. Sa reconduction demeure une sage décision. Nous devons absolument laisser l’entraîneur national travailler, puis il sera logique et légitime de lui demander des comptes», indique l’ancien défenseur du charme et capitaine du NA Hussein Dey qui souligne également être «favorable à la décision de la FAF de procéder à des changements au niveau de l’effectif». D’autant plus, note-t-il encore, «Alcaraz commence à avoir une idée sur les joueurs, d’où son droit d’opérer des changements conformément à sa conception de jeu pour notre équipe nationale».
A. D.