Medjani : «Zetchi est très intelligent, il sait où il veut aller»

Le désormais ex-international algérien, qui a annoncé sa retraite depuis peu, Carl Medjani, était présent lundi à la soirée du Soulier d’Or organisée par El Khabar Erriadhi en partenariat avec Condor. Carl a, d’ailleurs, reçu un prix spécial pour tout ce qu’il a apporté à l’équipe nationale durant ses années de dévouement. Ce dernier a répondu à quelques-unes de nos questions et s’est exprimé sur la situation actuelle de l’EN et son élimination de la Coupe du monde 2018 en Russie.

 

Vous avez remporté un trophée, cela doit sûrement vous faire plaisir…

Oui ça me fait plaisir d’être ici et très fier d’avoir reçu ce trophée. Je remercie encore Condor de m’avoir invité et j’en suis très content.

 

Que pensez-vous de la situation actuelle de l’équipe nationale, avec cette élimination de la Coupe du monde ?

On est tous tristes de ce qui se passe aujourd’hui et de la situation de l’équipe nationale. Maintenant, comme on a pu le voir, il y a une nouvelle génération qui est arrivée, donc il faut lui laisser le temps de travailler et de faire des erreurs, de perdre des matchs, pour pouvoir incha Allah dans le futur retrouver le standing qui était le nôtre il y a deux ou trois ans. On est passés par des phases difficiles lors des sept dernières années où j’étais avec l’équipe nationale, donc il n’y a pas de grande victoire sans échec. Je ne suis pas affolé, car je pense que nous avons une bonne génération et des joueurs qui sont conscients de la situation dans laquelle on est aujourd’hui et qui vont tout faire pour pouvoir redresser la barre.

 

Selon vous, qu’est-ce qui n’a pas marché pour l’équipe nationale ?

On ne peut pas cibler juste un point, je pense qu’il y’a eu beaucoup d’erreurs qui ont été faites à beaucoup de niveaux. Mais comme je l’ai toujours dit, il faut que ce soit nous les joueurs qui assument cet échec, car c’est nous qui sommes sur le terrain. Ensuite, il est vrai que changer trois ou quatre fois d’entraineur en deux ans, ce n’est pas la meilleure façon de trouver une stabilité autour d’une équipe. Ce qu’il faudrait donner à l’équipe nationale et la fédération, c’est du temps, malheureusement le temps ça ne s’achète pas et c’est très difficile à obtenir dans un pays passionné de football comme le nôtre. Donc, je vous le dis, il faut rester derrière cette équipe nationale car elle aura un bel avenir et il faut juste être patient avec elle.

 

Plusieurs changements d’entraîneurs en seulement deux années, pensez-vous que ça fait partie des raisons de cette échec ?

Tout à fait, c’est problématique, j’en suis même sûr et certain. Je pense que dans n’importe quel sport collectif et de haut niveau, quand on change autant de fois d’entraîneur, ça laisse forcément des séquelles. Maintenant, je répète une chose que j’ai déjà dite, je pense que l’on a un président qui est très intelligent et qui sait où il veut aller, donc laissons-lui le temps de prouver qu’il est un bon président pour la fédération. Il ne faut pas oublier qu’il n’est là que depuis six mois seulement. Aujourd’hui, on ne peut pas comparer l’incomparable, entre l’ancienne présidence et la nouvelle, car l’expérience ne s’achète pas. Après avoir discuté avec les membres de la fédération je sais qu’ils ont un projet sérieux et ambitieux et j’espère vraiment pour tous les supporters de l’équipe nationale que ce projet se réalisera du mieux.

On parle beaucoup de l’implication de certains joueurs qui ne se donnent pas autant en équipe nationale qu’avec leurs clubs, qu’en pensez-vous ?

Tout simplement, c’est que le football en Europe et en Afrique ce sont deux mondes différents. Etre un bon joueur en Europe ne veut pas forcément dire que l’on est un bon joueur en Afrique, c’est un constat que j’ai pu faire durant mes sept années en équipe nationale. En tout cas, c’est quelque chose de primordial maintenant, quand un sélectionneur vient et doit choisir ses joueurs, il faut que ses choix se fassent sur ceux qui sont aptes à jouer en Afrique. C’est bien beau de faire de belles performances en Europe, mais si on ne peut pas bien jouer en Afrique c’est que l’on sera pas performant en équipe nationale tout simplement. Mais de là à vous dire qu’il y a une cassure, je ne pense pas. Il y a beaucoup de paramètres aujourd’hui qui font que l’équipe nationale est malade, mais elle a aussi toutes les clés en main pour pouvoir se soigner et redevenir une grande équipe. J’en suis intimement convaincu, la seule chose que je demande aux supporters et peuple algériens, c’est de laisser le temps à la fédération et à notre équipe de se forger et de prendre de l’expérience. C’est une équipe qui n’est pas encore à maturité mais je pense que d’ici deux, trois ans elle le sera et ça pourra faire très mal.

 

Pensez-vous qu’avoir mis à l’écart des cadres de l’équipe lors du dernier match était une bonne solution ?

Pour avoir été écarté lors de la dernière CAN, je sais que c’est quelque chose qui est très difficile à vivre, surtout qu’on est considérés comme des joueurs importants de l’équipe nationale. J’ai pu mesurer, il y a quinze jours de cela, toute la difficulté qu’ont pu ressentir Nabil Bentaleb, Islam Slimani et Riyad Mahrez. Mais on est des professionnels avant tout et ça fait partie du monde du football. Je sais que ce sont de grands joueurs et qui ont grandement aidé l’équipe nationale et qu’ils reviendront encore meilleurs dans le futur. Maintenant, ce sera à eux de montrer sur le terrain qu’ils sont indispensables.

Vous avez parlé de la fédération, mais qu’en est-il du sélectionneur national Lucas Alcaraz ?

Ce n’est pas trop à moi de m’exprimer à ce sujet, mais si on va dans un projet de stabilité, je vous dirais qu’il faudrait qu’il reste, mais comme je l’ai dit, ce n’est pas dans mes prérogatives et le président prendra une décision en son âme et conscience pour le bien de l’équipe nationale. En tout cas, la seule chose que je veux dire au coach c’est de continuer de travailler, car il est venu avec beaucoup d’ambition. C’est quelqu’un qui nous a beaucoup respectés. Quand il est arrivé en équipe nationale, il avait un projet, il savait tout sur nous, que ce soit sur les individualités ou sur toute l’équipe, ce qui n’avait pas forcément été le cas auparavant. Le seul conseil que je peux lui donner aujourd’hui, puisqu’il est toujours notre coach, c’est de mettre des bouchons dans les oreilles et de travailler. Il y a quelques années en arrière on avait très bien vu que tout le monde voulait la peau de Vahid Halilhodzic et une fois après le match contre l’Allemagne, tout le monde voulait qu’il reste. Donc, je ne sais pas quel sera le sort de Lucas Alcaraz, mais je lui apporte tout mon soutien et je lui souhaite bon courage dans sa mission.

 

Beaucoup de gens pensent que Medjani pourrait encore apporter à l’équipe nationale, êtes-vous convaincu de votre décision ?

C’est un choix, mais je suis convaincu, que j’aurai pu encore apporter, j’en ai d’ailleurs l’intime conviction. Pour être en équipe nationale, il faut être performant dans son club, mais maintenant comme je l’ai expliqué j’ai 32 ans et à la prochaine échéance, c’est-à-dire la CAN 2019, j’en aurai 34. Je sais aussi que la fédération voulait donner un renouveau à la sélection, donc je n’ai pas voulu m’accrocher et j’ai surtout préféré penser à la future génération, car comme je vous l’ai dit, pour gagner des matchs ou se qualifier à  la Coupe du monde ou à la coupe d’Afrique des nations, ça passe forcément par des moments difficiles, comme aujourd’hui. Donc, laissons le temps à cette jeune génération de pouvoir vivre ces moments, pour être armée d’ici deux ou trois ans incha Allah.

Si jamais l’équipe nationale avait besoin de vos services pour un autre match, serez-vous prêt à revenir ?

La parenthèse est fermée, car je pense que c’est une décision qui a été mûrement réfléchie. Maintenant, on ne peut pas dire non à son pays. Cette équipe nationale je l’ai tellement aimée que ce serait une erreur de ma part de vouloir lui tourner le dos. Mais comme je l’ai dit, aujourd’hui je ne suis plus un joueur de l’équipe nationale mais je suis son supporter et les choses que je demande aux 40 millions de supporters algériens c’est de continuer à suivre cette équipe nationale car on a besoin de vous.

 

Vous serez honoré lors du match face au Nigeria, qu’en pensez-vous ?

Il est vrai que j’ai eu plusieurs de mes coéquipiers, qui n’ont pas eu le droit à des honneurs et qui l’auraient tout autant mérité, donc je mesure la chance que j’ai aujourd’hui de recevoir cet honneur de la part de mon président, de la part de la fédération. Je pense que la plus belle fierté que je peux retenir de ces sept dernières années est que mon travail a été reconnu et je suis très content de cela.

  1. K.

 

 

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