Quand le nom de Meziane Ighil a été donné comme l’un des adjoints de Rabah Madjer, beaucoup se sont demandé comment il a accepté le poste d’adjoint avec tout son vécu et toute son expérience que ce soit en équipe nationale ou au sein des clubs.
Interrogé à cet effet, Meziane Ighil dira : «Concernant les prérogatives de chacun, d’abord, dans tout collectif d’entraîneurs, il faut qu’il y ait quelqu’un qui représente le groupe. Pour nous trois, il est clair que nous allons nous concerter sur tous les détails si infimes soient-il, mais le dernier mot reviendra au sélectionneur Rabah Madjer. Nous sommes engagés à fond, moi je la prends comme une mission, celle de réhabiliter l’entraîneur local. Maintenant, pour répondre à la question, comment j’ai pu accepter ce poste ? Et bien, je dirais que lorsque vous êtes dans ce milieu qui est celui du football, et quand passez par toutes les étapes et tous les postes possibles et imaginaires, comme ce fut mon cas, et quand vous arrivez à un certain âge, la personnalité n’est plus dans le poste que vous occupez mais dans ce que vous pouvez apporter à l’équipe nationale. Lorsque j’ai parlé avec Madjer, il était clair que nous disposions de toute la liberté voulue pour effectuer de la meilleure des manières notre travail. C’est ce qui m’a poussé à accepter et à apporter ma contribution à ce staff et aux Verts.»
«Notre plan de jeu se fera en fonction de nos joueurs»
Voulant savoir quel est le projet de jeu qu’adoptera notre équipe nationale, Meziane Ighil dira : «Un projet de jeu dépend de la composante de l’équipe, c’est-à-dire en fonction des joueurs dont on dispose. En fonction de la lecture du profil que nous avons, on peut déterminer la façon qui correspond le mieux à notre équipe.
Beaucoup de nos joueurs jouent dans le même poste, et donc on ne profite que d’un élément au lieu de deux ou trois. On est plus une équipe technique qui veut jouer et en Afrique, on n’a pas cette capacité à poser le jeu. Sur le plan collectif, on a du mal à nous imposer. Individuellement, on délaisse souvent le jeu qu’on devrait pratiquer en fonction de nos capacités et nous tombons dans ce qui correspond le mieux au jeu africain, à savoir les duels et les contacts. Donc, à chaque fois qu’on a oublié de jouer, on s’est plus battus et là nous sommes en déficit par rapport au joueur africain. Donc, là il y a eu lieu de trouver une formule pour qu’on puisse développer notre jeu. Il faut aussi ne pas oublier que le foot est fait de duels et de combats et se retrousser les manches pour aller chercher et se battre pour garder les ballons. Cette capacité à offrir du beau jeu mais sans pour autant oublier que nous jouons dans un continent ou parfois la force et la vitesse sont prédominantes. C’est la direction que nous devons choisir pour améliorer le jeu collectif de notre équipe et ne pas oublier qu’en Afrique il faut avoir recours à des guerriers pour arracher quelque chose.»
- H. A.
Il veut suivre l’exemple égyptien
Menad : « Pros - locaux, on essayera d’inverser la tendance »
De son côté, Djamel Menad se dit être prêt à apporter sa pierre à l’édifice. Avec 20 ans de carrière comme coach, il vient lui aussi renforcer le staff de l’EN avec des idées ; il affirme que sa contribution sera la même que celle de Da Meziane : « Ma contribution sera la même que celle qu’Ighil ; ça sera un staff composé de 3 entraîneurs. Donc, le travail ne peut se faire seul. Je crois que ma contribution, mon vécu en tant que joueur et entraîneur vont aider ; ce métier, je l’exerce depuis plus de 20 ans. J’en connais un bout, tout ce qui concerne le plan méthodologique, scientifique, technique et même physique ; ma modeste expérience peut aider Madjer à aider à driver l’EN. Donc s’il a fait appel à moi, c’est qu’il a vu que je peux donner un plus. J’espère être à la hauteur de ses attentes et aussi pouvoir aider cette EN à retrouver sa grandeur, sa notoriété. On a traversé une crise de résultat. Il faut retrouver les bons résultats, mais aussi plaire ; donc on est là, chacun doit apporter sa pierre à l’édifice.»
«On a un problème en Afrique, on doit y remédier »
«Vous avez sûrement vu qu’on a un problème d’adaptation et d’engagement en Afrique. Chez nous, en dehors des matches contre le Cameroun et la Zambie ici, on arrive à s’imposer à domicile, mais on sent que l’équipe n’arrive pas à disputer les matches en Afrique ; elle ne s’adapte pas aux conditions réelles en Afrique. Quand je vois comment nos binationaux se défoncent, je ne dis pas qu’ils trichent, loin de la, mais quand vous jouez dans un climat humide avec un mauvais gazon, on comprend l’inefficacité et le désengagement des joueurs. Il faut inverser la donne pour s’habituer, il faut inculquer aux joueurs l’esprit de battant, il faut du sacrifice pour qu’on puisse jouer en Afrique.»
«Une sélection 100% locale ? Impossible »
Menad a toujours dit que l’EN ne pouvait être montée qu’avec des locaux ; il s’explique : « On m’avait demandé si on pouvait monter une sélection avec une majorité de locaux,
j’ai dit non, et le temps m’a donné raison. Contre la Libye, on a perdu même chez nous. A l’heure actuelle, c’est impossible de composer une sélection locale à 100% ; actuellement, c’est 70% de pros et 30% de locaux. On va faire en sorte d’inverser la tendance pour qu’on puisse travailler longtemps avec des stages à répétition. L’exemple égyptien est le plus frappant ; le problème, ce sont les dates FIFA qui ne nous permettent pas d’avoir nos pros. Même avec les locaux, on ne peut pas se le permettre, on a affaire aux responsables des clubs. Ceux qui jouent la relégation par exemple, il faudrait trouver un consensus pour s’entendre sur la manière de réussir ce projet ; si y on arrive, on aura réussi toute notre mission », a-t-il conclu.
- M. A.