Moins d’une semaine après sa première sortie médiatique officielle en tant que nouveau sélectionneur national, et avant de rallier hier Porto pour remettre un trophée à Brahimi, Rabah Madjer a accordé une interview exclusive au premier média étranger l’ayant sollicité.
Comme il l’annonçait jeudi passé en conférence, les sollicitations de part et d’autre pour des interviews étaient nombreuses sur le bureau du nouveau coach national, mais ce dernier a préféré donner la primeur pour ses compatriotes. Une fois la conférence bouclée, Madjer a accepté de répondre aux questions du magazine Jeune Afrique, histoire de revenir avec plus de détails sur ses objectifs à la tête des Verts.
«J’aurais pu dire non à Zetchi»
Madjer a commencé par raconter les circonstances de son contact avec la FAF, et son président Zetchi : «Non. Il n’y a pas eu de candidature… Le président de la FAF m’a contacté. Puis, je l’ai rencontré à Sidi Moussa nous avons longuement discuté, et il m’a dit : ‘‘Nous avons besoin de vous, et on vous fait confiance.’’ J’ai très vite accepté. La sélection nationale est dans une position difficile, inconfortable depuis plusieurs mois.»
L’ancien joueur de Porto est conscient de la difficulté, il évoque les raisons qui l’ont poussé à partir : «J’aurais pu refuser, bien sûr. Mais je suis Algérien, j’aime mon pays, j’ai envie que la sélection obtienne des résultats. J’ai dit oui à M. Zetchi et au Bureau fédéral.»
«Je suis victime d’une campagne de déstabilisation et de diffamation»
D’aucuns pensent que Madjer a été imposé par les pouvoirs publics, le coach a déjà commenté ceci, encore une fois il dit que c’est vrai ça sera un honneur, il dénonce une campagne qui le viserait actuellement : «Je crois qu’en Algérie, il se dit beaucoup de choses actuellement sur moi. La sélection nationale traverse une période difficile, et je pense que n’importe quelle nomination aurait été commentée. Mais depuis que j’ai été désigné, je suis victime d’une véritable campagne de déstabilisation. Et même de diffamation, elles sont organisées par des personnes qui ne veulent pas que la sélection réussisse. Et m’attaquer est la chose la plus facile. C’est de la méchanceté gratuite. Il y a des gens qui se servent d’une certaine presse – je dis bien une certaine presse – et des réseaux sociaux pour m’attaquer sur tout. Ce sont des manipulateurs, vous comprendrez que je ne vous donnerai pas les noms des personnes qui sont derrière tout ça. Je ne veux pas répondre à leurs provocations autrement que par le silence.»
«Les Algériens me font confiance»
En Algérie, la nomination d’un sélectionneur est toujours très commentée. C’est le cas pour Madjer, il donne son avis : «C’est un poste très exposé, et comme les derniers résultats ne sont pas bons, il y a beaucoup de tensions autour de la sélection. Il y a eu beaucoup d’instabilité technique depuis 2014. Et on ne peut pas réussir comme ça !
Je pense que l’éviction de Rajevac en novembre 2016 après le match nul contre le Cameroun (1-1) en qualifications pour la Coupe du monde 2018 était une erreur. C’est là que l’Algérie a été éliminée.
Ce que je veux, c’est que l’Algérie réussisse et atteigne ses objectifs. A commencer par battre le Nigeria, puis à se qualifier pour la CAN 2019. Je suis très fier d’avoir été choisi et de ressentir cette confiance autour de moi.
Oui, je suis attaqué par des journalistes, par des gens sur les réseaux sociaux. Mais je peux vous assurer que je ressens beaucoup de confiance de la part d’une majorité de l’opinion publique. Je le constate quand je sors dans la rue.»
«Je l’ai dit et je l’assume, j’ai entraîné dans les studios»
Parmi les autres polémiques soulevées celle concernant les diplômes que détient le nouveau sélectionneur, encore une fois l’ancien numéro 88 de Porto enchaîne : «Lors de la conférence de presse qui a suivi ma nomination, j’avais dit que j’avais également ‘‘entraîné dans les studios’’, puisque depuis plus de dix ans, j’étais consultant pour plusieurs chaînes de télé. Je maintiens et j’assume ces paroles. Car je ne me suis jamais tenu éloigné du football, notamment grâce à cette activité de consultant. J’ai un passé footballistique en tant que joueur et d’entraîneur. Ces riches expériences, je les ai renforcées avec cette expérience de consultant. Je n’ai donc rien perdu de mes connaissances, au contraire.»
«Je discuterai avec les binationaux, j’ai besoin d’eux»
Madjer qui a refusé de révéler son salaire comme sélectionneur une seconde fois après la conférence, a réaffirmé son intention de travailler en présence des pros, il dément les avoir un jour critiqué pour leur appartenance, et invite les gens à consulter la liste qui sera dévoilée incessamment où plusieurs têtes vont refaire surface, Madjer va même plus loin en évoquant le rôle important de ces binationaux, il compte sur eux pour faire de l’EN une famille : «J’ai pu émettre des critiques concernant le jeu, pas le fait qu’ils soient binationaux ! Il s’agissait de critiques constructives. Comme je l’ai toujours dit, la sélection appartient à tout le monde : aux locaux comme aux binationaux, avec qui j’aurai une discussion lors du prochain stage. Je compte sur tout le monde.
Et vous pourrez constater, quand je publierai la liste pour affronter le Nigeria, que je compte sur eux pour que cette sélection devienne une famille. Avec les joueurs, avec mes adjoints Djamel Menad et Meziane Ighil, qui sont d’anciens joueurs devenus entraîneurs et dont les compétences sont reconnues, avec Rabah Saâdane, qui sera directeur technique national (DTN), mais aussi proche de l’équipe. Mais vous savez comme moi que je serai jugé sur les résultats. Et donc que ce match face au Nigeria est très important.
«Je préfère les matches amicaux face aux Africains»
L’Algérie a souvent mal exploité les dates FIFA, alors que les équipes jouent 2 matches pour parfaire la cohésion, les Verts se sont toujours contentés d’une seule, ça ne sera plus le cas, puisque l’équipe est en train déjà de chercher un sparring-partner pour le 14 novembre prochain, Madjer veut un adversaire africain : «Oui. C’est nécessaire de profiter des dates FIFA pour affronter d’autres sélections. Européennes, asiatiques, sud-américaines si c’est possible, mais en priorité africaines, je souhaite aussi organiser des stages avec les locaux le plus régulièrement possible, avec des matches amicaux. On a une mission difficile mais passionnante à relever. On va tout faire pour y arriver, et je demande à toutes les personnes qui aiment la sélection de ne pas prêter attention à tout ce qui se dit sur moi», conclut-il.
- M. A.