Les championnats professionnels de Ligue 1 et de Ligue 2 sont sur le point de boucler la phase aller. Le moment idoine pour le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Mahfoud Kerbadj, de faire le bilan. Tout en exprimant son dépit devant le peu d’engagement des dirigeants de club à résoudre leur problème de domiciliation, Kerbadj a tenu à éplucher plusieurs dossiers brûlants sur le football professionnel local. Interview.
La phase aller est sur le point de se terminer. Quel constat pouvez-vous faire sur les conditions de déroulement de la compétition ?
Globalement, les conditions dans lesquelles s’est déroulée la première moitié de saison sont acceptables. Pas trop de contraintes signalées. Le seul problème qui continue à envenimer notre travail demeure incontestablement celui de la domiciliation. Les stades posent une sérieuse contrainte pour la Ligue au niveau du Centre. Il était toujours difficile pour nous de trouver des stades passibles d’abriter les matches de l’USM El-Harrach, en Ligue 1 Mobilis, et du RC Kouba, dans la Ligue 2 Mobilis. Ce n’était pas du tout facile de gérer ce problème. Pour l’USM El-Harrach, la question est partiellement réglée. Même si les dirigeants d’El-Harrach sont tenus de réagir pour lever les dernières réserves émises par la commission d’homologation, il n’en demeure pas moins que l’ouverture de l’enceinte du 1er-Novembre de Mohamadia nous a grandement soulagés. Je tiens à ce titre à saluer les supporters de l’USMH qui ont fait le boulot pour permettre à leur équipe de jouer dans son propre stade. J’invite la direction harrachie à faire l’essentiel pour permettre la mise en exploitation de la tribune amovible, réservée habituellement aux supporters des équipes visiteuses. Pour le moment, les amoureux de l’USMH sont privés de leur première tribune destinée provisoirement à la galerie de l’équipe adverse. Savez-vous que la Ligue s’est retrouvée à maintes reprises contrainte de se substituer aux clubs pour leur trouver un stade. Cela ne relève pas pourtant de nos prérogatives. Je cite à titre d’exemple le RC Kouba. La Ligue est toujours intervenue pour lui trouver un lieu de réception de ses adversaires.
Ne pensez-vous pas avoir fauté en habituant les dirigeants de club à faire le boulot à leur place?
Mais, que voulez-vous qu’on fasse ? Avez-vous des solutions ? Notre acception repose sur notre volonté de faire dérouler les différents matches dans des conditions favorables. Les supporters du RC Kouba, dont les dirigeants ne travaillent pas assez pour régler leur problème de domiciliation, se doivent de s’en vouloir à leur direction et non pas à la Ligue. Je vous cite la domiciliation du dernier match du RCK à El-Harrach. 24 heures avant le match, les autorités d’El-Harrach refusent de faire jouer le match de Kouba au stade du 1er-Novembre de Mohamadia. Je mes suis retrouvé alors obligé d’intercéder, contactant le wali et le wali délégué pour trouver une solution d’urgence. La fermeture du stade de Benhadad nous a posé de sérieux problèmes.
Aux dernières nouvelles, il semble que l’enceinte Benhadad sera ouverte en janvier prochain…
Franchement, je ne comprends pas le problème de ce stade. Tantôt on me dit que les travaux de la pose d’un nouveau tartan sont achevés, tantôt on me parle seulement du début de l’opération. Maintenant, je souhaite que la structure en question soit rouverte pour la phase retour. Cela nous aidera énormément.
La réouverture également du stade du 5-Juillet va contribuer à une meilleure gestion de la compétition. N’est-ce pas ?
Naturellement. D’autant plus qu’elle va nous permettre d’y programmer les derbys et les grands matches des compétitions locales.
Nombreux sont ceux qui mettent en valeur la bonne gestion du calendrier contrairement à la saison écoulée qui fut catastrophique. Un commentaire…
Avant même l’entame du championnat, il a été décidé une gestion rigoureuse de la compétition. La révision de la programmation est destinée uniquement aux clubs engagés internationalement, sans pour autant chambouler le calendrier. Les choses évoluent dans le sens que nous souhaitions. Nos ambitionnons de terminer la phase aller entre le 10 et le 15 décembre pour permettre aux clubs d’avoir leur habituelle trêve hivernale. Le championnat devrait prendre fin au plus tard le 20 mai prochain.
Pourquoi avez-vous alors décalé d’une semaine la 13e journée programmée initialement les 24 et 25 du mois courant ?
C’est moi qui ai pris la décision. Ce n’est pas normal de faire subir aux forces de l’ordre plus qu’elles n’en peuvent.
Comment qualifiez-vous les critiques de certains entraîneurs et dirigeants ?
A ma connaissance, seul l’entraîneur du MCA Casoni s’est lancé dans des critiques à répétition obligeant même la commission de discipline à le convoquer pour audition.
Justement, quelle a été la réponse de Casoni ?
Il a présenté, certes, ses excuses à la Ligue, mais après quoi. Les millions d’Algériens sont influençables par de telles critiques sevrées de crédibilité. Je profite de l’occasion pour inviter les entraîneurs et les dirigeants à faire preuve de retenue et surtout d’obligation de réserve. Leurs réactions à chaud ne font qu’alimenter la violence.
Quelle tendance a pris la violence dans nos stades pendant la phase aller ?
Le phénomène est toujours là, il hante toute la microsociété des sportifs. Pour preuve : au moment où je vous parle (entretien réalisé jeudi soir), le match USMA – JSS se déroule à huis clos. La violence prend toutefois une tendance baissière. Je suis, par ailleurs, dégoûté par l’apparition d’une autre forme de violence, celle verbale. J’évoque le cas de l’entraîneur du CRB qui remet en cause l’amour des supporters à leur équipe. Cela risque de nous mener à des conséquences dramatiques.
L’EN ne déroge pas à la règle…
Effectivement, j’ai constaté cette situation au stade du 5-Juillet lors du match de l’équipe nationale. Est-il normal de maltraiter des joueurs de cette façon ? Les matches de championnat sont gangrénés par des propos déplacés de certains supporters. Il faut absolument trouver les bonnes solutions pour raffiner le comportement des supporters dans les stades.
Comment évaluez-vous la prestation des arbitres qui sont toujours la cible de critiques ?
Sincèrement, j’estime qu’il y a une nette amélioration. Ils doivent travailler toutefois davantage, car leur mission sera plus pénible pendant la phase retour. L’enjeu va augmenter davantage, d’où la nécessité d’être à la hauteur pour un bon déroulement des différents matches.
Et qu’en est-il du contrat des droits TV rompu avec Dzaïr TV ?
Nous l’avons résilié. L’affaire est toujours en justice. Nous n’allons pas nous taire quand il s’agit des droits TV. Car l’argent récolté de cette opération appartient aux clubs. Nous n’avons pas le droit de jouer avec l’argent qui revient de droit à tous les clubs et auxquels il représente une vitale bouffée d’oxygène.
Comment se fait-il que la télévision publique, par le biais de TV4 (en Tamzight), s’est lancée dans la retransmission des matches de la Ligue 2 Mobilis ?
La télévision conserve toujours ses droits de diffuser des matches de la Ligue 2. Même après la signature du contrat avec la chaîne privée, la télévision avait toujours ce droit de diffusion de ce championnat. Heureusement d’ailleurs, car il est inadmissible de priver le large public sportif de matches capitaux comme celui ayant opposé l’AS Aïn M’lila au MO Béjaïa.
Revenons à votre avenir à la LFP. Des problèmes sont survenus avec la fédération. Tenez-vous à terminer votre mandat ?
Dieu merci, j’entretiens désormais de très bonnes relations avec les clubs et les différentes structures du football national. Je continuerai à assumer mes fonctions jusqu’à la fin de mon mandat en 2019. Après, il va falloir me trouver un successeur.
Rafik K.