L’ancien sélectionneur national, à savoir Vahid Halilhodzic a accordé une longue interview hier au site francophone goal.com.
Le coach bosniaque qui a réussi récemment à qualifier le Japon à la Coupe du monde-2018 qui se disputera en Russie qu’il s’apprête à disputer cet été est revenu sur cette expérience, sur son avenir et, surtout, il a reparlé avec beaucoup de nostalgie de son expérience avec l’équipe d’Algérie. Vahid qui a affirmé que la décision de quitter l’Algérie a été prise bien avant le voyage au Brésil n’a pas fermé la porte à un possible retour, il faut dire qu’il a pris la décision de quitter le Japon après la prochaine Coupe du monde-2018 en Russie, comme nous vous l’annoncions il y a quelque temps, et il étudie déjà la question de son avenir actuellement
«J’ai bien aimé l’aventure humaine et sportive avec l’Algérie »
A la question de savoir si la possibilité d'entraîner de nouveau cette équipe algérienne se présente dans le futur, Vahid était impatient de répondre par : «Cela, c’est... Pour le moment, je suis totalement concentré sur la préparation de cette Coupe du monde en Russie avec le Japon. J’ai bien aimé faire cette aventure humaine et sportive avec l’Algérie, de même que celle avec le Japon. Après, on verra. J’ai déjà eu pas mal de contacts avec plusieurs équipes. Qu’est-ce que je vais faire ? Je ne veux ni me précipiter ni penser à ça. On verra. En football, tout est possible. Tout peut changer.»
«Je vais réfléchir car j’ai souvent fait de mauvais choix»
« Comme je l’ai dit, dans mes choix, je n’ai pas toujours été judicieux et je n’ai pas fait que des bons. Mais il faut assumer cela. Dans mon parcours d’entraîneur, ce qui m’a le plus plu c’est que partout où je suis passé, le peuple et la rue m’ont accepté. Ils m’ont adoré partout, que ça soit en Afrique ou en Europe. A Lille, au PSG, en Algérie… Partout, j’ai laissé une bonne image. Et ça, c’est ma plus grande satisfaction et ma plus grande récompense.»
«Le comportement des dirigeants m’a fait fuir»
Vahid est revenu sur les circonstances de son départ et de la rupture avec la FAF. Tout le monde sait que Raouraoua était derrière le départ du Bosniaque avec notamment la fameuse histoire de la présence de Gourcuff au CTN au même moment que Vahid, ce dernier y fait allusion avec beaucoup de regrets. « J’avais pris la décision de partir, avant même la Coupe du monde 2014. Parce que je n’étais pas content du comportement des dirigeants. Le peuple algérien, les responsables de la fédération et même des politiciens ont tout fait ensuite pour me garder, mais ma décision était déjà prise. A un moment donné, on avait construit une belle équipe pour préparer l'avenir. Malheureusement, ils n’ont pas su gérer l’après-Coupe du monde. Cette sélection avait montré des qualités de jeu exceptionnelles, au point où on parlait du jeu à l’algérienne. Elle était efficace et c’était même devenu l’équipe africaine ayant marqué le plus de buts lors d’un match de Coupe du monde (quatre contre la Corée du Sud, ndlr). Aujourd’hui, malheureusement, cette équipe est presque inexistante. Ils ont détruit tout ce qu’on avait fait pendant plusieurs années.»
«Je suis triste pour les joueurs»
Le déclin de l’EN rend Vahid triste, il se rappelle encore de la sympathie et l’intérêt que son équipe a suscités il y a un peu moins de 4 ans. «Je suis un peu triste pour les joueurs. Il y en a plusieurs qui m’ont téléphoné depuis que j’ai quitté ce groupe. Parce que ce groupe était jeune et bien formé… On a beaucoup travaillé et on était tous récompensés avec cette belle représentation en Coupe du monde. Tout le monde a aimé. Et l’équipe d’Algérie a gagné beaucoup de sympathie pour son jeu. Par la suite, tout a disparu en très peu de temps.»
«Ceux qui m’ont critiqué chez les Verts sont spécialistes en rien du tout»
L’Algérie ne produit plus le jeu que les gens lui connaissaient, Vahid ne critique pas et évite de polémiquer, mais s’attaque volontiers à ceux qui l’ont critiqué, ceux notamment qui se croyaient des spécialistes de foot, Vahid n’oublie visiblement pas comment les plateaux de télé l’avaient lynché à maintes reprises. Est-ce une façon de rendre la monnaie à l’actuel coach Rabah Madjer qui était à l’époque parmi ces ‘’spécialistes’’ ? «Ah ça, je n’aime pas trop parler de ça. Je n’aime pas critiquer. C’est facile de le faire. Vous savez, quand je suis arrivé là-bas, beaucoup de gens ont critiqué aussi. Les journalistes, les spécialistes… On dit d’ailleurs spécialistes de foot, mais ils ne sont spécialistes de rien du tout. Et mon problème ce n’était pas tant les critiques sur le jeu, mais que ces déclarations qui n’étaient basées sur aucune vérité. On ne peut pas bâtir une grande équipe nationale en quelques mois seulement. C’est un travail de longue haleine. Même de plusieurs années. Malheureusement, cette sélection avait un grand potentiel, elle était devenue la meilleure équipe d’Afrique. Il y avait un bon groupe, avec des caractères particuliers, mais il y avait énormément de talent. Et aujourd’hui, cette sélection est inexistante et c’est bien dommage.»
«En Russie, je vise avec le Japon au moins ce que j’ai fait avec l’Algérie»
A l’approche de la compétition la plus prestigieuse de la FIFA, à savoir la Coupe du monde, les projecteurs seront braqués sur Vahid et son équipe, les Japonais seront appelés à sortir d’un groupe priori à leur portée, même si Vahid trouve que son équipe est la plus faible du groupe. «Ça dépend de quel côté on se place (rires). La Pologne est septième (au classement FIFA), la Colombie treizième, le Sénégal vingt-troisième et nous, nous sommes loin derrière (57e). On ne peut pas dire que c’est un bon tirage pour nous. Aujourd’hui, tous les groupes sont difficiles. On n’est pas favoris, mais en Coupe du monde tout est ouvert... Cette compétition est l’un de mes principaux objectifs. C’est la troisième équipe que je qualifie pour cette compétition en trois tentatives. C’est quand même une belle réussite. Je garde de très bons souvenirs de la Coupe du monde au Brésil avec l’Algérie. Et dans mon esprit, après la qualification pour la phase finale, j’aimerais bien qu’on réussisse la même chose avec la sélection du Japon.»
«Le choix de Trabzon, moi-même je ne l’ai pas compris»
Partir après la Coupe du monde au Brésil, c’était un peu prévisible, mais vu le parcours les gens s’attendaient à un club ou une sélection de gros calibre, mais Vahid choisit une destination qui a surpris plus d’un, la Turquie, et la modeste équipe de Trabzonspor où il avait même emmené avec lui le duo Medjani-Belkalem, l’ancien coach national reconnaît avoir commis une erreur. «Vous savez, après la Coupe du monde au Brésil, j’avais beaucoup de contacts et de propositions. J’ai fait un choix que beaucoup de gens n’ont pas compris. Et à dire vrai, moi-même je ne l’ai pas compris. Ni ma famille. J’ai donné ma parole à un ami, qui est devenu le président d’un club (ndlr, Trabzonspor). Il m’a dit que je pouvais faire une équipe pour être champion. Un jour je jouais contre l’Allemagne, et la semaine d’après j’étais là-bas, au milieu d’un groupe de joueurs que je n’ai jamais vus et que je ne connaissais pas. Malheureusement, les gens qui s’occupaient de l’équipe, ce n’était pas vraiment ça. J’étais très déçu.»
«Après la Coupe du monde, j’aimerais avoir une sélection ou un club pour être champion»
A soixante-cinq ans, Vahid Halilhodzic ne vit toujours que pour le football. Après une carrière de joueur longue de seize ans et une autre d’entraîneur qui s’étire depuis 1990, le célèbre technicien bosniaque voue toujours une énorme passion pour ce jeu et il ne s’imagine pas prendre sa retraite, il pense à la prochaine étape, à sa prochaine station, il veut oublier l’échec de Trabzon, il ne ferme pas la porte à ses anciennes connaissances comme l’Algérie et Lille mais ne cache pas son désir de s’offrir une équipe de gros calibre. «J’avais refusé des approches avec de plus grands clubs européens, en Angleterre, en Italie et en France notamment. Je leur avais dit que j’avais déjà donné ma parole à quelqu’un. J’avoue que parfois, durant ma carrière, je n’ai pas toujours été très judicieux dans mes choix. Je peux même dire que je n’étais pas intelligent. Ce sont les amis des amis qui te poussaient, qui me disaient ‘’vas-y’’. Je ne pense pas avoir toujours bien géré ma carrière. Il y a eu des choix curieux pour ne pas dire bizarres, comme celui d’aller à Trabzon. Quand j’ai compris où j’avais mis les pieds, j’ai dit à mon ami que je ne pouvais pas continuer. Mais on s’est séparés en bons termes. J’avais compris que j’avais fait une petite bêtise en refusant quelques grands clubs européens.»
«Capable de faire du bon boulot»
«Après la Coupe du monde 2018, je vais quitter le Japon. Où ? Tout est ouvert. Cette fois, je veux réfléchir. Faire le choix qui me correspond le mieux. J’aimerais bien un jour avoir un club ou une sélection nationale qui a un peu d’ambition pour devenir champion de quelque chose. J’aimerais par exemple bien entraîner un club qui peut viser la victoire finale en Ligue des champions. D’abord, pour me tester moi-même. Dans ma réflexion, par rapport à ma perception des choses, je pense être capable de faire du bon boulot», conclut-il.
S.M.A