Depuis qu’il a débarqué en Europe l’été 2013, Slimani n’a pas eu la reconnaissance qui lui était due au vu de son talent d’attaquant. Que ce soit en Turquie, en Angleterre ou au Portugal, son talent n’a été que rarement reconnu. Il a fallu qu’il débarque à Monaco pour que tout le monde le trouve bon.
Des voix s’étaient élevées…
Lorsque l’annonce de son prêt à Monaco a été rendue publique, des dents ont grincé. Alors que le nom de Mauro Icardi revenait avec insistance, que ce soit en interne et chez les observateurs, on se demandait si l’ASM avait fait un bon choix. Neuf journées de championnat se sont déroulées, Slimani en marquant quatre buts et en délivrant six passes décisives a fini par mettre tout le monde d’accord, seuls Ibrahimovic et Neymar ont réussi avant lui des débuts aussi tonitruants. Islam en est même conscient que sa venue sur le Rocher n’avait enflammé personne. ‘’J’ai vu que peu de gens croyaient en moi en août mais ça m’arrangeait’’, glisse-t-il avec un sourire malicieux, après la belle victoire dans le derby azuréen.’ ’J’ai toujours dû prouver plus que les autres. Quand on vient d’Algérie, on n’a pas le choix. Cette rage, elle est toujours en moi, c’est mon style’’, avait-il déclaré lorsqu’il a débarqué à Lisbonne en 2013.
Amroune : ‘’Jouer en Europe, c’était son rêve’’
Son ancien coéquipier au CRB, Mohamed Amroune, qui avait joué en Belgique plus exactement à Mons, se rappelle qu’‘’il n’avait qu’un rêve, c’était jouer en Europe, mais personne ne le voyait réussir à l’étranger. Je suis passé par la Belgique à Mons comme joueur, je l’ai encouragé, je lui ai dit de mettre un pied dans le circuit, car j’avais la conviction qu’en bossant il serait récompensé.’’ Mais un homme avait cru en lui, c’est bien Vahid Halilhodzic. ‘’Quand je l’ai convoqué pour la première fois, tout le monde m’a critiqué, même le président de la FAF Mohamed Raouraoua m’avait demandé qui est ce joueur ? Moi, j’avais décelé des qualités chez lui, il était intelligent dans ses déplacements et très bon dans la profondeur’’, se souvient le coach bosniaque.
Le Giroud algérien
Sa hargne et sa parfaite capacité de s’adapter à jouer sur les pelouses cabossées en Afrique lui ont permis de se distinguer rapidement. D’ailleurs, Islam Slimani n’oublie pas d’où il vient : ‘’Quand j’ai commencé le football, j’ai trop galéré ; chaque matin pour rejoindre l’entraînement avec Chéraga, je faisais souvent de l’autostop, car il fallait parcourir 20 km entre mon domicile et le stade.’’ Mais son cas rappelle surtout celui de l’attaquant de l’équipe de France qui avec ses 36 buts (troisième meilleur buteur de tous les temps) n’a jamais fait l’unanimité en France, explication est donnée par Djamel Belmadi. ‘’Il y a toujours un avis mitigé sur lui, car il n’a pas le style que les Algériens aiment’’, estime l’actuel sélectionneur national.
‘’Même Cristiano ne marquerait pas’’
Après une première saison plus ou moins honorable à Leicester (8 buts en 28 matches), il est victime du système de jeu des Foxes (4-5-1) avec pour seul Jamie Vardy devant, il est prêté à Newcastle, au bout de quelques matches, il se blesse jusqu’à la fin de saison ; Prêté à Fenerbahçe la saison dernière, Slimani n’est pas allé au bout de ses peines lors d’une réunion collective avec le directeur sportif français Damien Comolli, il surprendra tout le monde : ’’Dans votre équipe, même Cristiano Ronaldo ne marquerait pas de but.’’ Mehdi Zeffane son coéquipier en sélection nationale le reconnaît : ‘’Islam ne triche jamais, il dit ce qu’il pense et à n’importe qui car il n’a pas peur.’’ Madjid Bougherra abonde dans le même sens : ’’Sa plus grande force réside dans la confiance sans faille qu’il a en lui.’’ Par la suite, Leonardo Jardim son mentor, comme on l’appelle, volera à son secours, en lui offrant l’occasion de relancer sa carrière à l’ASM.
- S.