Le pays organisateur de la CAN 2019 est connu. Et ce n’est guère une surprise. Le Comité exécutif de la CAF a fait son choix hier mardi à Dakar, et c’est l'Egypte qui accueillera la phase finale de la compétition dans moins de six mois, puisque le Cameroun avait été écarté en novembre dernier.
Le pays des septuples vainqueurs du trophée a organisé la compétition quatre fois, et la dernière remonte à 2006, quand il en avait profité pour accaparer son trophée et le revoilà 13 ans plus tard qui joue et gagne son pari de séduction, malgré le changement intervenu à la présidence et la composante de la CAF. Qu’est-ce qui a donc fait pencher la balance en faveur des Pharaons ?
Ahmad Ahmad: «Les deux pays ont des infrastructures qui se valent»
Pour Ahmad Ahmad, les dés ont été jetés il y a bien longtemps, déjà au moment de la réception des deux dossiers, il y avait un grand décalage. Contrairement à la Fédération sud-africaine, qui n’avait ni un soutien très net de la part de son gouvernement ni un budget pour accueillir la CAN 2019, le Caire a affiché d’emblée son envie d’abriter la compétition pour la cinquième fois de son histoire. Ce qu’a confirmé Ahmad Ahmad au micro de RFI. «Dans l’autre dossier, il n’y avait pas d’engagement de la part du gouvernement. Il n’y a pas de garantie ni d’engagement énorme du gouvernement. Tandis que dans le cas de l’Egypte, il y a l’engagement du Premier ministre et par-dessus tout un budget qui a déjà été alloué. Puis l’explication du cabinet d’audit Roland Berger a été très claire concernant le fait que les infrastructures des deux pays se valent», a-t-il confirmé et d’affirmer que sa confédération apportera tout son soutien à l’Egypte pour réussir son chantier.
«L’Egypte aura notre soutien et celui de nos partenaires, y compris la FIFA»
L’Egypte a donc fait sortir la CAF d’un vrai bourbier, Ahmad Ahmad ne remerciera jamais trop le pays des Pharaons, d’ailleurs il affirme qu’il mettra à sa disposition tous les moyens nécessaires et l’aide de la CAF et de ses proches partenaires. «Toutes les opérations sur les préparations vont être entamées dés maintenant, la CAF travaillera étroitement avec pour que nous puissions aller de l’avant, nous savons les défis, et les problèmes qui existent, mais ça ne nous empêche pas d’avancer, nous allons demander le soutien de nos partenaires dont la FIFA ou des autres pays, pour réussir cette première CAN à 24 équipes qui aura lieu en Egypte.»
L’Egypte en voulait depuis le tout début
Ainsi, l’envie était du côté égyptien, et cela était trop visible, au début c’était après le retrait de l’organisation au Cameroun le 30 novembre, le gouvernement s’est réuni pour en parler, avant de décider de se retirer de la course pour permettre au Maroc de prendre option, mais c’était compter sans le retrait de ce dernier pays, un retrait inattendu mais qui a fait les affaires du pays des Pharaons, Hany Abo Rida et son gouvernement ont sauté sur l’occasion.
La double défaite de Hayatou
Cette victoire de l’Egypte récompense par ailleurs un allié fidèle d’Ahmad Ahmad. C’est notamment grâce au soutien de la Fédération égyptienne de football que le Malgache avait pu battre le Camerounais Issa Hayatou pour la présidence de la CAF, en mars 2017. La mise à l’écart du Cameroun, désigné hôte de la CAN 2019 sous Hayatou, aura profité à un des pays qui a contribué à sa chute, après 29 années de règne…
- M. A.
Ahmad Ahmad voulait reporter l’annonce à aujourd’hui
Alors que la CAF avait envoyé un mail à tous les medias lundi soit leur annonçant que la réunion du Comité» exécutif et l’annonce du pays organisateur de la CAN 2019 allait se faire hier, Ahmad Ahmad a voulu hier matin retarder l’annonce jusqu’au 9 histoire de respecter la date initialement décidée, mais il a fini par céder a la pression des journalistes présents en force et qui ont refusé cet énième changement, surtout qu’il les a mobilisés alors que ça devait être une matinée calme, c’est ainsi qu’avec autant de pression le Malgache a fini par organiser le point de presse dans la même salle qui a abrité la réunion du CE, le temps d’annoncer la nouvelle, c’était à la mi-journée.
Un cinglant 16 à 1 en faveur de l’Egypte
20 membres du Comité exécutif ont assisté à la réunion de ce dernier, mais seuls 18 étaient concernés par le vote : 16 ont voté pour l’Egypte (dont Ahmad Ahmad) alors qu’un seul a voté pour les Sud-Africains, il s’agit de Hassan Musa Bility (Liberia).
Les deux représentants des deux pays concernés : Abou Rida et Danny Jordan ont quitté la salle pour éviter de mettre dans la gêne les votants, le Nigérian Amaju Melvin Pinnick s’est abstenu alors que 2 membres étaient absents : l’Angolais Da Costa (malade) et le Centrafricain Eduardo (suspendu).
Sécurité : Ahmad Ahmad espère un remake de Russie 2018
Réagissant à une question relative au risque sécuritaire en Egypte au vu des dernières attaques terroristes qui ont fait 4 morts, Ahmad Ahmad n’a pas hésité à comparer cela avec la dernière Coupe du monde en Russie. «Tout le monde avait peur avant la Coupe du monde en Russie, mais ils ont bossé et il y a eu zéro incident», a-t-il dit.
Prochain problème à résoudre : le dossier ivoirien
Après avoir pu calmer le Cameroun et la Guinée et offert la CAN à l’Egypte, Ahmad Ahmad va devoir convaincre la Côte d’Ivoire d’accepter l’édition de 2023. «On n’oblige pas la Côte d’Ivoire, on attend à discuter sinon c’est le choix de la CAF qui primera,
J’irai par respect au président dans les 2 mois qui arrivent, je trouverai l’opportunité pour y aller pour discuter», a-t-il dit.
A noter qu’Ahmad Ahmad devra aussi suivre de près l’évolution de la plainte déposée au TAS par les Comores qui réclament une sanction contre le Cameroun (suite au retrait de la CAN) et une qualification directe de leur équipe à la CAN.
Les stades et les villes où se jouera la compétition
En juillet 2017, la CAF a décidé à Rabat d’alourdir le cahier des charges du tournoi avec une phase finale à 24 équipes et 52 matches, contre 16 équipes et 32 matches auparavant.
L’Egypte qui a raflé la mise à présenter un dossier avec 6 stades et 4 villes. Le tournoi devrait se dérouler dans 4 villes géographiquement proches les unes des autres : Le Caire (2 stades), Alexandrie (2 stades), Port-Saïd et Ismaïlia, un choix qui aurait l’avantage de limiter les déplacements, alors que les routes égyptiennes sont parmi les plus dangereuses du monde.
Il promet d’organiser une des meilleures CAN de l’histoire
Abou Rida : «Un grand merci à notre gouvernement»
«Je remercie vivement le gouvernement égyptien qui nous a soutenus ainsi que le peuple qui était derrière nous, sans oublier la société ‘’Présentation Sports’’ et son président qui ont réalisé l’exposé et ont réussi leur boulot, je tiens aussi à saluer nos frères arabes et africains qui ont voté pour nous, et je promets à tous ceux qui ont cru en nous que l’Egypte va tout faire pour organiser une des meilleures éditions de toute l’histoire étant donné que le gouvernement est derrière nous.»
Aboutrika : «Le football égyptien va revivre, espérons en tirer profit»
L’ancienne star du ballon en Egypte qui a tenu à soutenir le dossier en effectuant le déplacement à Dakar a twitté : «Félicitations pour nous cette organisation, la vie va revenir à notre football, espérons que nous allons en tirer profit dans tous les secteurs, cette victoire exige de nous tous des efforts pour donner la meilleure image possible de la grandeur de notre pays, bonne CAN a tous.»
Il voulait éviter l’Egypte, sa chaleur et son humidité
Belmadi devant le fait accompli
S’il y a une personne en plus des Sud-Africains qui étaient sans doute déçue hier au moment de l’annonce de l’attribution de l’organisation de la CAN à l’Egypte c’est bien le sélectionneur national Djamel Belmadi.
Le coach des Verts avait récemment déclaré qu’il préférait aller en Afrique du Sud et éviter la chaleur et l’humidité égyptiennes du mois de juin, il est même allé jusqu’à comparer les conditions à celles de Doha, des propos qui ont rapidement fait réagir les Egyptien à travers un membre du BF local qui a lié la déclaration de Belmadi à une peur d’être freiné dans son élan par un public local hostile…
A vrai dire les propos de l’Egyptien ne sont pas totalement faux, car l’EN qui envisage de jouer ses chances à fond aura éventuellement besoin d’un coup de pouce, et le fait de jouer dans un pays où les Algériens ne sont pas forcément les bienvenus pourrait diminuer nos chances dans le tournoi.
Pour ce qui est du climat, l’EN en tout cas n’aurait pas trouvé mieux si la CAN a été maintenue au Cameroun, par contre la qualité des terrains sera largement meilleure, l’EN sera sûre de développer son jeu, il restera ensuite à Belmadi d’effectuer un grand travail psychologique sur les joueurs pour pouvoir jouer sans être perturbés, d’autant plus que l’Egypte vise un 8e titre africain et fera en sorte de fragiliser tous ses concurrents, attendons pour voir.
- M. A.
Le tirage au sort début avril
Même si aucune date n’a encore été arrêtée, le tirage au sort de la phase finale de la CAN, la première à 24 équipes, devrait se tenir au Caire durant la première moitié du mois d’avril. Rappelons que la liste des qualifiés sera complétée au mois de mars prochain après le dérouillement de la 6e journée des éliminatoires.
Ahmad Ahmad apporte son soutien au Cameroun
«Je vous garantis que la CAN 2021 au Cameroun sera une très belle CAN»
Ahmad Ahmad n’a pas cessé de remercier l’Afsud et l’Egypte d’être venus à la rescousse de sa compétition phare, il a ensuite jeté des fleurs au président Biya, le chef d’Etat camerounais pour avoir accepté le ‘’glissement’’ décidé qui retarde de 2 ans la CAN dans son pays, il se dit fier de lui et annonce que la CAN au pays de Mila sera une réussite : «Je note qu’on a marqué un point, et haut et fort je remercie le chef d’Etat camerounais d’avoir compris cette décision, je lui dis bravo, j’ai un respect pour ce monsieur, nous allons l’accompagner pour que cette CAN 2023 se réalise dans les plus belles des conditions, et je vous garantis que ça sera une très belle CAN», a-t-il dit quelques instants avant d’annoncer le nom de l’Egypte dans un point de presse improvisé.