Ce qui s’est passé avant-hier au stade annexe du 5-Juillet est grave, très grave. Meziane Ighil, 62 ans, ainsi que plusieurs autres joueurs ont été sauvagement agressés par un groupe de supporters alors qu’ils étaient dans l’exercice de leurs fonctions. Ils n’ont pas été tabassés dans la rue, un café, ou un restaurant…mais dans un stade de football, géré par le Mouloudia Club d’Alger, par le Doyen, le club le plus populaire d’Algérie. Au-delà du fait que la direction du club ait laissé faire, en minimisant les risques potentiels d’une descente des supporters à l’entraînement qui était pourtant prévisible, le lendemain de cet acte abominable rien n’a été fait ou décidé par le club en tant que structure pour d’abord empêcher que ce genre de dépassements ne se reproduise plus, mais aussi pour montrer son soutien au coach et aux joueurs après ce tragique événement. Aucun communiqué officiel du club n’a été publié pour ne serait-ce que soutenir ou condamner ces agressions. Aucune plainte n’a été déposée à la police, aucune conférence de presse n’a été organisée pour dénoncer les voyous ainsi que les commanditaires…rien ! Il a fallu que nous appelions le président Betrouni pour qu’on ait enfin la réaction d’un responsable, et encore !
La vie continue
Les joueurs et le staff sont rentrés chez eux panser leurs blessures et essayer de se ressourcer auprès de leurs familles question d’oublier leur traumatisme, rendez-vous le lendemain matin pour le déplacement à Sétif. Meziane Ighil et les joueurs, en vrais professionnels, essayent de surmonter cette épreuve et de cacher ses séquelles en se présentant à Sétif en conquérants, ce qui est normal, ils sont dans leur rôle, mais la direction se devait de réagir et de montrer aux joueurs ainsi qu’aux autres employés du club qu’ils sont là, prêts à faire ce qu’il faut pour les protéger, elle ne l’a pas fait, pourquoi ? Nous avons posé la question à un haut responsable du MCA, sa réponse était sans appel : «Que voulez-vous qu’on fasse, c’est le Mouloudia ? En plus on n’avait pas le temps, on avait le déplacement à Sétif à préparer. Si on gagne demain, Ighil et les joueurs seront accueillis par des fleurs à la reprise…» Voilà comment raisonnent les responsables du doyen des clubs algériens. Ont-ils peur des supporters ? Sûrement. Sont-ils complices ? Peut-être. Vont-ils faire quelque chose pour que ce genre de choses ne se reproduise plus ? Bien sûr que NON, voyons !
A.M.
