Zerdoum : «On m’appelle le nouveau Baghdad, mais en plus rapide»

Publié le : 4 Août 2020

Transféré l’hiver dernier du Nasria vers le club tunisien de l’Etoile Sportive du Sahel, Redouane Zerdoum commence enfin à s’épanouir et à gagner petit à petit la confiance de son entraîneur.

L’enfant du Nasria, qui ne s’est pas exprimé depuis son départ du NAHD en janvier dernier, a bien voulu nous accorder cet entretien pour parler de sa nouvelle vie à Sousse. Pour entamer notre interview, nous nous sommes attardés sur l’adaptation du jeune Zerdoum à son nouveau club. Il nous confirmera avoir eu des difficultés à s’adapter : « Sincèrement, j’ai eu beaucoup de difficultés à m’adapter à ma nouvelle vie ici en Tunisie, plus précisément à l’ESS. Je suis arrivé dans un groupe qui renferme beaucoup de joueurs d’expérience. Moi, le jeune de 21 ans, c’était vraiment difficile de trouver mes repères. Au début, je me suis vraiment posé beaucoup de questions ; je me disais : que suis-je venu faire ici ? C’est un autre monde, un tout autre mode de vie. Etant jeune, au NAHD, je me contentais de m’entraîner et de rentrer à la maison. Mais là, tout avait changé pour moi ; la vie était vraiment différente. Dieu merci, il y a eu Aribi et Boukhanchouche qui m’ont quelque peu aidé à trouver mes marques, car j’étais vraiment perdu. Mais bon, depuis ce temps, beaucoup de chemin a été parcouru et je me suis vraiment bien adapté, désormais.»

«Je n’ai jamais autant travaillé qu’ici»
Le parcours de Redouane Zerdoum avec la formation de Sousse clairement se résumer à deux phases, à savoir l’avant-Covid-19 et le post-Covid19. L’ex-Nahdiste nous a parlé tout d’abord de sa première phase qui fut clairement plus difficile : «Comme j’ai déjà dit, en arrivant ici à l’ES Sahel, tout avait changé pour moi. J’étais dans un nouveau monde, dans une ville très vivante, un tout autre mode de vie. J’avais eu beaucoup de mal à m’adapter. C’est d’ailleurs grâce à Aribi et Boukhanchouche que j’ai pu prendre petit à petit mes marques. Sur le plan travail, c’était vraiment infernal pour moi. Avant d’arriver ici, je ne connaissais pas le tri-quotidien, la charge de travail était vraiment insoutenable, je n’avais jamais travaillé autant qu’ici. Suite à cette charge très importante, j’ai contracté une blessure. J’avais bien débuté avec l’ESS avec une passe décisive dès mon premier match, mais cette blessure est venue briser mon élan. Il y avait aussi cette grosse pression de la part des supporters, ce que je n’avais pas connu au NAHD. L’équipe, qui était habituée à jouer le titre, s’est retrouvée en mauvaise posture à cause du stade, puisque le nôtre est en travaux, et les supporters acceptaient très mal ces résultats décevants. La pression est d’ailleurs constante ici ; ce sont des choses que je n’avais pas connues au NAHD, ou du moins pas de cette ampleur.»

«Le Ramadhan et le Covid-19 m’ont permis de bien m’intégrer»
Evoquant par la suite son parcours post-Covid 19, Redouane Zerdoum s’est dit finalement libéré et surtout bien adapté à sa nouvelle vie à Sousse. Il a profité de cette période d’arrêt pour nouer enfin des contacts et des affinités avec ses coéquipiers : «Vous savez, en arrivant ici, je savais qu’il ne fallait m’attendre à aucun cadeau ; il fallait me forger, et c’est ce que j’ai fait. Je ne vous cache pas que l’arrêt de la compétition et cette période de pandémie m’ont beaucoup aidé à m’adapter, notamment durant le mois de Ramadhan. J’ai été invité par bon nombre de mes coéquipiers à rompre le jeûne chez eux. Cette période m’a d’ailleurs permis de nouer de bons rapports avec mes coéquipiers ; c’était une façon de bien m’imprégner dans le groupe. A la reprise des entraînements, je me suis senti comme chez moi ; je n’avais plus de craintes à dialoguer avec les cadres, avec tous mes coéquipiers. Le résultat s’est fait ressentir sur le terrain puisque j’ai réussi à marquer pas mal de buts lors des matchs de préparation et de ce fait gagner la confiance du coach. Pourvu que cela dure !»

«Je suis surpris par l’enchantement des supporters»
Alors qu’il n’a rejoint le club que depuis quelques mois, Redouane Zerdoum est déjà considéré par les supporters de l’ES Sahel comme le nouveau Bounedjah, eux qui croient plus que quiconque en ses capacités. Ce qui se voit bien à travers les commentaires des supporters sur les réseaux sociaux : «Je ne vous cache pas que je suis surpris par l’enchantement des supporters à mon égard. Là où je passe, on m’accoste pour me dire que je suis le nouveau Baghdad Bounedjah, qui a laissé son empreinte ici au club. On m’a d’ailleurs dit que la première saison de Bounedjah ici a été très difficile ; il était constamment critiqué. On me compare d’ailleurs à lui par ma façon de jouer qui serait similaire à la sienne ; on me dit juste que je suis plus rapide que lui (rire). C’est vraiment gratifiant et très motivant de savoir que les supporters croient en vous ; ils m’adoubent même. Je ferai en sorte de leur rendre la pareille sur le terrain.»

«Conflit NAHD-ES Sahel ? Je me concentre sur mon football»
Alors que le Nasria est en conflit avec l’ES Sahel au sujet justement de l’argent du transfert du jeune Zerdoum, qui n’a toujours pas été viré dans le compte du Nasria par le club tunisien, le jeune Redouane ne semble pas du tout concerné par cette histoire : « Sincèrement, ce sont des choses qui me dépassent et qui ne me concernent pas directement. Au début, lorsque le conflit a été révélé, j’ai eu peur ; j’ai appelé mon manager qui m’a rassuré en me disant que j’étais qualifié à jouer avec l’ESS et que je n’avais pas à me soucier du volet administratif. Depuis, je me concentre sur mon football ; je joue, je travaille durement à l’entraînement pour être performant ; ce qui se passe en dehors des terrains ne m’intéresse pas.»

«Le discours de la direction me stimule davantage»
Dans un entretien accordé à la page officielle du club de Sousse, le président de l’ESS Charaf Eddine Reda avait clairement affirmé que la politique du club avait changé, et qu’il misera désormais de plus en plus sur les jeunes. Une option qui semble rassurer Zerdoum : «C’est une bonne chose que de voir le club compter sur son vivier ; c’est un discours qui me stimule davantage. Il y a d’ailleurs beaucoup de bons jeunes qui ont été promus en équipe fanion, et qui peuvent apporter quelque chose à l’équipe. Me concernant, il est vrai que je n’ai que 21 ans, et que je suis considéré jeune par les dirigeants, vu que la plus grande partie des joueurs de l’effectif sont des tauliers, et possèdent une grande expérience. Me concernant, je ne me considère pas vraiment comme jeune puisque je joue en équipe fanion depuis l’âge de 17 ans ; j’ai acquis une certaine expérience et je suis en train d’apprendre encore plus à côtoyer des éléments comme Chikhaoui, Iheb Msakni et bien d’autres.»

«Je suis en contact permanent avec Tougaï»
Zerdoum n’a pas été le seul et unique joueur nahdiste à avoir rejoint le championnat tunisien l’hiver dernier, puisqu’il avait été précédé par son coéquipier Mohamed-Amine Tougai, qui avait d’ailleurs rejoint l’ES Tunis quelques jours avant lui : «Je suis également content pour mon ami Tougai, qui a été lui aussi titularisé samedi dernier. Selon le résumé que j’ai pu suivre, il a réalisé une belle prestation. Je suis d’ailleurs en contact permanent avec lui ; pas plus tard que tout à l’heure, on était au téléphone en train de discuter. Je tiens d’ailleurs à lui souhaiter un bon parcours avec l’EST, qu’il puisse s’imposer définitivement et de gagner une place de titulaire, pourquoi pas.»

«Dans dix jours, ça sera notre premier face-à-face, et j’ai hâte d’y être»
Alors que le championnat tunisien a repris ses droits le 1er août dernier, le choc EST-ESS se profile à l’horizon, puisqu’il aura lieu dans dix jours. De quoi nous réserver un face-à-face Zerdoum-Tougai bien inédit : «Nous avons réussi notre reprise en nous imposant à Kairouan avec l’art et la manière, mais nous allons devoir vite penser aux prochains matchs, car nous allons affronter l’ES Tunis dans dix jours ; ce qui sera le grand choc du championnat. Ce sera l’occasion pour moi d’affronter mon ami Tougai ; ça sera d’ailleurs notre premier face-à-face, sachant qu’on a évolué ensemble pendant 12 ans, et ce, depuis notre très jeune âge. Je lui souhaite bonne chance pour cette confrontation et que le meilleur gagne ! J’ai vraiment hâte d’y être.»

«Je suis content de ma première titularisation, mais ce fut dur»
Evoquant sa première titularisation qu’il avait signée samedi dernier à Kairouan, et qui avait vu son équipe s’imposer à l’extérieur sur le score de 3 buts à 1, le jeune Zerdoum est bien évidemment content d’avoir eu enfin cette chance qu’il dit n’avoir pas volée par ailleurs : « Je ne vous cache pas que ce fut vraiment dur de jouer dans de telles conditions. Il faisait pas moins de 44°C à l’ombre, dans une petite enceinte, avec entre autres un terrain tout juste praticable puisque le gazon était vraiment mal taillé, le ballon ne circulait pas bien. Malgré toutes ces conditions, on a fait le boulot ; on a largement dominé notre adversaire et on s’est imposé sur le score de 3 buts à 1. Me concernant, j’ai donné le meilleur de moi, je me suis bien retrouvé sur le terrain, avant de baisser un peu physiquement vers la fin. Je suis vraiment content de cette première titularisation ; ce fut certes dur, mais l’essentiel était en poche, à savoir les 3 points de la victoire, qui nous permettent de revenir dans la course pour le podium.»

«J’ai sauté de joie en apprenant le nouvelle du maintien du Nasria en Ligue 1»
Avant de conclure notre entrevue avec le jeune Redouane Zerdoum, nous nous sommes bien évidemment attardés sur le Nasria et ce maintien qui a été arraché in extremis suite à la décision du Bureau fédéral : «Dieu merci, le NAHD a fini par assurer son maintien. Je ne vous cache pas que j’ai sauté de joie lorsque j’ai appris la décision de la FAF d’annuler les rétrogradations. Je suis et j’ai toujours été nahdiste ; ce n’est pas parceque j’ai quitté le club que j’ai oublié mon sang rouge et jaune. Je tiens également à féliciter le CRB pour son titre de champion d’Algérie ; j’estime que c’est une juste récompense. C’est largement mérité au vu de sa saison et de sa composante. Pour revenir au NAHD, j’espère que cette saison va servir de leçon à tout le monde. J’espère surtout que les choses vont revenir à la normale, car ce conflit direction-supporters n’est pas dans l’intérêt de l’équipe. Je demande à tout le monde de se réconcilier, de s’unir autour de cette même cause qu’est le NAHD. Me concernant, j’ai toujours rêvé de gagner un titre avec le Nasria, mais le destin a voulu que je quitte le club pour rejoindre mon club actuel.»

M. A.