Ahmad met la révolution du foot africain en marche

« L'action permanente fera du continent africain, qui regorge de joueurs de qualité, l'avenir du football mondial. » Les propos sont ceux du président de la Fédération internationale de football (FIFA), Gianni Infantino, mardi dernier à Skhirat, près de Rabat.

« Le fait de dire certaines vérités et de mettre en avant certains points ne pourrait qu'encourager à être des acteurs actifs plutôt que de simples observateurs passifs. Il faut militer pour installer un esprit de travail sain, une atmosphère de partage et une manière d'opérer plus conforme. On a besoin de mettre en place de nouvelles règles de travail et de nouvelles procédures pour se donner plus d'ambitions », dira aussi le président de la CAF Ahmad, élu à la tête de cette institution le 16 mars 2017 en ajoutant que la Confédération se trouve devant l'obligation d'agir vite, efficacement, tout en préservant les intérêts supérieurs.

Le symposium de la Confédération africaine de football, réuni à Rabat les 18 et 19 juillet, a donc lancé la révolution du football africain, s’articulant sur 8 ateliers chargés de formuler des propositions pour une nouvelle vision du football africain. Des ateliers constitués d’acteurs majeurs du football africain, sélectionneurs, anciennes gloires et autres responsables des 55 fédérations affiliées à la CAF. 

 

La CAN comme élément déclencheur

Ainsi, il y a eu entre autres des ateliers développement du football, compétitions interclubs, partenariats internationaux, rôles et perspectives des footballeurs ou encore football chez les jeunes. Mais nul doute que c’est l’atelier sur la Coupe d’Afrique des nations qui a retenu le plus d’attention. De par ses propositions de réforme de la CAN, les experts en ont fait leur fil conducteur.

Ainsi, le groupe de travail en question  préconise une CAN à 24 sélections en phase finale, soit 8 de plus que le format actuel. Le comité exécutif de la CAF s’est penché hier d’ailleurs sur les propositions. Ils étaient d’accord à l’unanimité sur ce point bien précis déjà révélé en exclusivité sur nos colonnes vendredi passé. Pourtant, ce n’était pas le seul qui était exposé, d’autres points sensibles étaient également au programme comme révélé hier par nos soins à l’image de l’introduction de sélections étrangères dans le tournoi, voire même exporter la CAN vers d’autres continents en cas de besoin. Mais l’idée initiale, c’était de valider ce nombre de 24. Une décision qui peut rapporter beaucoup d’argent à la CAF et bien sûr aux fédérations par ricochet.

 

L’UEFA comme exemple

Il y aura donc 24 teams qui joueront la CAN et le tournoi quitte l’hiver pour s’installer désormais en été. Certes, la décision était dure à prendre car si l’on évite forcément le croisement avec la Coupe du monde, mais pas avec la Coupe des confédérations. Mais du côté de la CAF, on est certain qu’il y aurait une solution d’autant plus que des tournois régionaux en Amérique sont souvent confrontés à ce souci et ne les ont jamais bloqués. En réalité, le but majeur étant de faciliter la disponibilité des joueurs en supprimant les difficultés liées à la libération des joueurs par les clubs en Europe. Cela a pesé dans la balance et rapproché les idées malgré les réserves émises par les experts.

Amaju Pinnick, le président de la Fédé du Nigeria et responsable de la CAN, y va de son grain de sel. Il compare la CAN à la coupe d’Europe ; il nous apprend que l’une des sources de motivation de la CAF est l’argent, comme il fallait s’y attendre : «La coupe d’Europe en 2012 s’est jouée avec 16 équipes ; l’UEFA a pu faire un bénéfice de 1,5 billion de dollars ; lorsqu’elle est passée à 24 l’an passé, ils sont passés a 2,1 billions. » Voilà qui résume les coulisses de ce projet très prometteur financièrement, car la CAF augmentera à son tour ses subventions et les revenus. Cela explique le fait que tout le monde soit d’accord, tous ou presque.

 

Le Cameroun contrarié

Si la plupart des intervenants ont essayé de trouver du positif malgré le côté imparfait de la décision, l’emblématique portier camerounais Joseph-Antoine Bell s’est, quant à lui, inquiété du passage à 24. «Aujourd’hui, on a déjà des difficultés à construire des infrastructures à 16. Passer à 24 est un sérieux problème pour nos partenaires que sont les Etats. Si on passe à 24, il faudra multiplier les infrastructures. Ce qui veut dire des budgets en hausse», a souligné le Camerounais qui s’est transformé en bon défenseur de la cause soutenue par son pays, c'est-à-dire renvoyer l’application de ces directives. Il faut dire que ce changement implique l’adoption d’un nouveau cahier des charges, et le Cameroun en deux ans ne semble pas en mesure de le satisfaire : «Ceux qui ne sont pas capables d’avoir assez de stades doivent se lancer dans la coorganisation. Il ne faut plus construire d’enceintes à la va-vite. Je pense que c’est possible s’il y a de la volonté », raconte Hervé Renard. Cela augmente la pression sur le Cameroun au moment où le Maroc et l’Algérie ont manifesté leur désir d’accueillir l’événement. Des sources égyptiennes hier ont même affirmé que les émissaires égyptiens à Rabat ont manifesté l’intérêt du gouvernement égyptien d’organiser ce tournoi. La CAN 2019 au Cameroun risque d’être le plus gros perdant de ce vent de renouveau soufflé par Ahmad.

 

A signaler enfin que toutes les résolutions prises par le comité exécutif de la Confédération africaine de football hier seront remises entre les mains des responsables de la CAF pour les étudier et prendre les décisions convenables lors de l’assemblée générale de l’instance dirigeante du football africain aujourd’hui.

 

S. M. A.

 

Communiqué de la CAF

Le Comité exécutif de la CAF, réuni le 20 juillet à Rabat, au Maroc, a passé en revue les résolutions des différents ateliers constitués lors du 1er symposium sur le football africain tenu les 18 et 19 juillet au palais des Congrès de Skhirat, banlieue de Rabat. 
Le Comité a préconisé la mise sur pied d'un groupe de travail qui planchera sur la matérialisation des résolutions et proposera un chronogramme d'implémentation à court, moyen et long terme. Toutefois, un consensus s'est dégagé sur un certain nombre de points par ateliers. 

Atelier 1. CAN : compétition et cahier des charges
Passage à une Coupe d'Afrique des nations à 24 équipes dès l'édition de 2019 avec un tournoi qui devra se disputer entre les mois de juin et juillet. La compétition continuera à se disputer tous les deux ans, les années impaires et exclusivement sur le continent africain et avec des sélections nationales africaines.

Atelier 2 : compétitions inter-clubs
Il a été convenu par le Comité de maintenir le format actuel, mais de procéder à l'avenir à un changement de calendrier pour les compétitions interclubs qui devraient commencer à se dérouler des mois d'août à mai. 

Atelier 3 : développement du football (entraînement, arbitrage, médical) 
Le principe de l'augmentation des indemnités payées aux arbitres a été approuvé. 
Le Comité a signifié sa détermination à accompagner toutes les solutions scientifiques et médicales à même d'éradiquer le phénomène de trafic des âges. Tout comme les recherches pouvant permettre de déterminer les causes de mort subite chez les footballeurs, dont la majorité des victimes sont originaires d'Afrique. 

Atelier 4. Football des jeunes 
Le Comité a décidé de l'organisation d'éliminatoires zonales pour les Coupes d'Afrique des nations des catégories jeunes (U17, U20, U23).  Avec la flexibilité offerte à chaque zone de proposer une formule. Il a également été prescrit par le Comité le renforcement des contrôles médicaux dans la détermination de l'éligibilité des joueurs.

Atelier 5. Partenariats internationaux
Le comité reconnaît l'urgence d'une amélioration des relations entre la CAF, ses associations membres, les états et l'Union africaine.

Atelier 6. Communication et médias 
Le Comité exécutif s'inscrit en droite ligne des suggestions formulées pour l'amélioration des outils de la communication de la CAF, dans le domaine digital et des réseaux sociaux notamment avec la mise en ligne d'un site internet en adéquation avec les standards du moment. Le Comité s'engage, dans la perspective du renforcement des cahiers des charges des compétitions, à considérer une meilleure prise en compte des attentes des médias.

Atelier 8. Footballeurs : rôles et perspectives 
Le comité a approuvé le principe de création d'un cadre de concertation avec les footballeurs africains de légende, et une plus grande implication de ces derniers dans les activités et instances de la CAF 

II - Compétitions 
CHAN Total, Kenya 2018

Une nouvelle mission d'inspection sera conduite à la fin du mois d'août 2017 pour évaluer les avancées après celle de juin 2017. 

CAN Total, Cameroun 2019
Une inspection sera conduite début septembre.

CAN U23 Total 
La Zambie s'est officiellement retirée de l'organisation de l'édition de 2019. Le comité a instruit l'ouverture d'un appel à candidatures pour la sélection d'un nouveau pays hôte. 

Compétitions interclubs 
Le comité a constaté la levée de la suspension du Soudan par la Fifa et indiqué que les clubs soudanais engagés en Ligue des champions Total et Coupe de la Confédération Total ne sont pas disqualifiés mais perdent, conformément aux règlements, leurs matchs de la 6e journée de la phase de groupes. 
Par voie de conséquence, le club soudanais Hilal El Obied est qualifié pour les quarts de finale de la Coupe de la Confédération Total. 

 

 

 

Classement