EN : Petkovic, un mois pour tout changer

Publié le : 10 Septembre 2025

Malgré une qualification presque assurée pour la Coupe du monde 2026, l’équipe nationale d’Algérie peine à convaincre. Le match nul face à la Guinée (0-0), lundi dernier, a laissé un goût amer chez les supporters et observateurs du football algérien. Non pas pour le résultat, mais pour le contenu du jeu et les choix récurrents de Vladimir Petkovic, qui, dix-huit mois après sa prise de fonction, semble enfermé dans une logique de continuité qui ne donne pas satisfaction.

Depuis sa nomination en mars 2024, Petkovic avait pour mission de reconstruire une équipe en perte de repères après deux éliminations consécutives au premier tour de la Coupe d’Afrique des nations (2021 et 2023). Il héritait d’un groupe marqué par la fin de l’ère Belmadi, usé physiquement et psychologiquement, mais encore riche en talents. Pourtant, les changements se font attendre.

Les mêmes joueurs, les mêmes limites

L’un des reproches majeurs adressés à Petkovic concerne sa fidélité à des joueurs qui peinent à s’imposer ou à évoluer dans le temps. Aouar, Zerrouki, Benrahma, Tougaï et même le capitaine Mahrez, malgré un vécu en sélection, ne justifient plus leur statut d’indiscutables. Ces joueurs, à défaut d’apporter un plus dans le jeu, symbolisent une forme d’immobilisme qui freine l’éclosion d’un collectif plus dynamique. Pire encore, cette continuité se fait au détriment de jeunes talents qui frappent à la porte, mais restent ignorés ou sous-utilisés. Badreddine Bouanani, Hadj Moussa et Ibrahim Maza, tous performants en club, peinent à obtenir leur chance en sélection. Même des éléments confirmés comme Kebbal ou le gardien Benbot, qui brillent en club, eux aussi, ne bénéficient pas de la confiance qu’ils mériteraient.

 

Des résultats qui masquent les faiblesses

Si Petkovic reste jusqu’ici protégé par des résultats globalement positifs (une seule défaite en qualifications à la CM 2026), la réalité du jeu sur le terrain est tout autre. L’EN ne dégage aucune identité claire, peine à construire dans la durée et multiplie les prestations insipides. À cela s’ajoute un manque de créativité offensive flagrant, souvent compensé par les exploits individuels, notamment d’Amoura. Or, dans les grandes compétitions comme la CAN, l’Algérie ne pourra pas se contenter de jouer petit bras. La récente CAN en Côte d’Ivoire a rappelé que seules les sélections structurées, ambitieuses et bien préparées sur le plan collectif peuvent prétendre aller loin.

 

La CAN comme tournant décisif

À quatre mois de la CAN 2025 au Maroc, le temps presse. Petkovic n’a désormais qu’une fenêtre internationale - celle d’octobre - pour revoir sa copie, prendre des décisions fortes à même d’installer un projet de jeu crédible. La sélection ne peut plus se permettre de vivre sur ses souvenirs ou de compter uniquement sur le talent brut de ses individualités. Il est urgent d’injecter du sang neuf, en vue de construire un groupe autour de jeunes à fort potentiel et de trancher avec certaines habitudes héritées de l’ère précédente. Cela passera par la remise en question du statut de certains cadres, dont le rendement reste insuffisant. Petkovic devra avoir le courage de prendre des décisions fortes, y compris écarter temporairement ou définitivement ceux qui ne répondent plus aux exigences du haut niveau. Car, dans une équipe qui vise le titre continental, aucun joueur ne peut être au-dessus du collectif.

O. M.