Les critiques continuent de fuser après l’inquiétante apparition des Verts en ce mois de septembre. Pour une fois, la rue semble unanime : aucune progression n’a été ressentie dans le jeu de l’équipe nationale, à quelques encablures d’une CAN au Maroc où tous les regards seront braqués sur la sélection.
Les voix s’élèvent de plus en plus pour réclamer un changement. Il faut dire que le coach n’a pas osé. En s’entêtant à faire confiance aux mêmes joueurs, Petkovic donne l’impression d’une prudence excessive qui dérange. Dans les discussions, les noms fusent. Certains réclament des renforts, d’autres pressent le sélectionneur d’intégrer davantage de jeunes marginalisés, voire des éléments locaux, notamment en défense. Mais le technicien bosniaque reste fidèle à ses idées. Beaucoup pensent qu’à 104 jours exactement du premier match de l’Algérie à la CAN contre le Soudan, il n’ira pas jusqu’à chambouler son groupe. Et les observateurs sont unanimes : en trois mois et treize jours, il est quasiment impossible de tout changer. La faute à un chevauchement contraignant des compétitions de la FIFA et de la CAF. Les éliminatoires de la Coupe du monde, revenues précipitamment cet automne, ont pris de court le sélectionneur, obligé de trouver des solutions immédiates alors qu’une révolution est hors de portée.
Un contrat d’objectifs qui joue sur la prudence
À court terme, les urgences sont claires : stabiliser un onze compétitif, retrouver une efficacité offensive et surtout rassurer défensivement. L’EN ne peut plus se permettre de perdre du temps dans des expérimentations hasardeuses. La CAN au Maroc arrive à grands pas, et l’Algérie y jouera bien plus que son honneur : après deux échecs retentissants en 2021 et 2023, un nouveau fiasco aurait des conséquences désastreuses, sportives comme institutionnelles. Petkovic, lui, travaille selon un contrat d’objectifs clair : atteindre le deuxième tour au Maroc. Rien de plus. Il est convaincu de pouvoir remplir cette mission intermédiaire et, pourquoi pas, glaner quelques bonus. Mais l’essentiel, pour lui, reste la qualification au Mondial. Le jour où il décrochera ce ticket, il se penchera davantage sur la CAN et envisagera alors des retouches. D’ici là, il se contente du minimum exigé. La fenêtre de novembre s’annonce dès lors décisive, car l’EN a cruellement besoin de renforts dans trois secteurs clés : la cage, la défense et le milieu.
Depuis son arrivée, Petkovic s’est déjà heurté à une première erreur : le casting de ses renforts. Son staff, censé l’éclairer et lui présenter des profils adaptés, a échoué dans sa mission. Au lieu de cibler des joueurs capables de s’imposer dans la durée, on lui a proposé des options discutables. L’arrivée d’Yacine Brahimi, Yassine Benzia ou encore Mohamed-Amine Bakrar a ainsi suscité scepticisme et frustration. Des choix éphémères, qui ont donné l’impression d’une sélection bricolée, sans ligne directrice, et qui continuent de peser sur la crédibilité du projet Petkovic.
Des retouches, pas une révolution
À un trimestre de la CAN, l’entraîneur sait qu’il ne pourra pas bouleverser son groupe, mais il réfléchit déjà à quelques ajustements. En défense, le problème dans l’axe reste criant. Si Toufik Naïr revient à temps, il pourra intégrer l’aventure marocaine, tout comme Ghezala, déjà aperçu dans la liste élargie du mois dernier.
Au milieu, la rue réclame avec insistance les produits du PAC. Titraoui et Kadri apparaissent comme des solutions viables, surtout après l’absence prolongée de Bennacer, désormais suivi de près sous ses nouvelles couleurs. Le retour espéré de Kendouci pourrait lui aussi relever le niveau et élargir la palette des solutions. Reste enfin la problématique du gardien. Personne ne s’est véritablement imposé. Alexis Guendouz n’a pas brillé, Anthony Mandrea stagne et n’a pas bougé cet été. Les locaux, eux, peinent à attirer l’attention du coach, malgré les tentatives de Bouhalfaia, Hadid ou encore Mbolhi. Le vétéran, que beaucoup croyaient fini, a tout fait pour réapparaître, avec au fond de lui un but inavoué : réaliser un dernier exploit l’année même de la Coupe du monde.
S. M. A.