Slimani :« Un jour je serai président de la FAF»

Publié le : 21 Juin 2025

Dans une interview fleuve accordée à Kampo Média jeudi, Islam Slimani s’est confié sans filtre. L’attaquant aux 46 buts avec les Verts revient sur son avenir, ses convictions sur les binationaux, ses regrets profonds après l’élimination contre le Cameroun et livre quelques anecdotes de carrière inédites. À 37 ans, l’ancien joueur du Sporting, de Leicester et de Monaco n’a rien perdu de sa verve ni de sa passion pour le football algérien.

Super Slim ne ferme pas la porte à un avenir dans les hautes sphères du football algérien. Mieux, l’idée d’un jour présider la Fédération algérienne de football semble lui trotter sérieusement dans la tête :« Si j’étais président de la FAF ? Un jour je le deviendrai incha’Allah, et je l’aime bien. Ça me tient à cœur, comme je suis une personne qui vient d’Algérie, ça me tient à cœur de construire un truc pour les joueurs. On a du potentiel. Quand tu vois les stats de la sélection… D’après ce que j’ai vu toute ma vie, je peux changer quelque chose. Si je suis revenu au CRB, c’est dans cette optique, mais je pense que c’est un peu trop tôt. Je ne dis pas que d’ici dix ans je le serai, mais si j’ai de la force, je changerai beaucoup de choses. » Et d’ajouter, dans une volonté d’apaisement :« Sadi commence à bien faire. » une manière d’épargner le président actuel et lui éviter davantage de pression.

« T’es qui pour choisir ? »

Véritable coup de gueule. Slimani n’a pas mâché ses mots en s’exprimant sur les choix de sélection des binationaux. Un message particulièrement fort à destination de ceux qui tergiversent entre deux pays. « T’as choisi d’être français ? T’as choisi d’être anglais ? Non, on ne choisit pas ! Si toi t’es né en France, que t’as grandi en France, que tu as fait ta carrière en France, joue pour la France. Il n’y a pas un joueur qui ramène quelque chose à un pays, c’est le groupe. Nous, quand on a gagné la Coupe d’Afrique, c’était le groupe. Quand j’entends : “j’ai choisi”, ça me donne envie de pleurer. T’es qui pour choisir ? » Et de prévenir sans détour :« T’auras pas ce plaisir pour l’Algérie si tu hésites et tu choisis. Mais si on t’appelle pas, ne viens pas vers nous.»

« J’ai pensé à arrêter le foot après Cameroun – Algérie »

Trois ans après, la douleur est intacte. Le but camerounais dans les dernières secondes des barrages pour le Mondial 2022 reste une cicatrice ouverte :« C’était la fin du monde. J’ai pensé à arrêter le foot. Il me faut deux jours pour vous raconter ce que j’ai ressenti. Rien que d’en parler, j’ai mal au cœur. Je suis rentré en club, je n’avais plus envie de m’entraîner au Sporting. On était sur un programme Coupe du monde au Qatar, plein d’Algériens, stade plein… »

« Pourquoi je prendrai une retraite?»

À 37 ans, Slimani ne songe pas encore à raccrocher les crampons. Il s'appuie sur sa forme physique et son vécu pour repousser l’échéance. « Pourquoi je prendrai une retraite ? Je sais très bien que lorsque je pourrai plus, c’est bon, j’arrête. Jamais je ne m’efforcerai. Rooney a joué à 17 ans, c’est pour ça qu’il a arrêté tôt. Fabregas aussi. Les joueurs qui arrivent tard durent plus longtemps. Si tu me fais des tests physiques, je suis au même niveau. Je cours mes 10 kilomètres. Le jour où on me dira non, j’arrête tranquille. »

« Mahrez, ce qu’il a fait, personne ne le refera »

Il a une admiration totale pour Riyad Mahrez. Pour Islam, aucun autre Algérien ne pourra égaler ce qu’a accompli le capitaine des Verts en Premier League : « Mahrez, ce qu’il a fait en Angleterre, jamais un autre Algérien ne va refaire ça. Les défenseurs avaient peur de lui. Ils s’éloignaient alors que le ballon n’était même pas encore dans ses pieds. Le meilleur joueur de Premier League, ce n’est pas les journalistes qui le désignent, ce sont les joueurs du même championnat. Ils jouent contre lui et savent qu’il est le plus fort. Même à Leicester, il a remporté le titre de meilleur joueur. Va chercher un joueur de Sheffield et dis-lui de gagner meilleur joueur. Il est imprévisible, il peut dribbler à droite ou à gauche. »

« Mourinho m’a appelé personnellement et l’Inter s’est manifesté très tard »

Slimani a aussi dévoilé les coulisses d’un transfert avorté vers Tottenham, qui aurait pu le faire évoluer sous les ordres de José Mourinho. Un épisode méconnu et riche en rebondissements.

« Après Monaco, j’avais l’Inter, Tottenham. Quand j’ai commencé à avoir des problèmes avec l’entraîneur à Monaco, il m’a dit : on joue avec un seul attaquant, c’est Ben Yedder qui va jouer. On était en début de saison, Il m’a dit : “Tu restes, on joue à Paris, tu vas rentrer.” Je suis resté, j’ai égalisé à 2-2. Le jour d’après, le coach m’appelle et me dit : “Tu peux trouver un club”, alors que j’étais prêt à rester.

Deux jours plus tard, Mourinho m’appelle. Kane était blessé. Il me dit : “C’est qui le meilleur attaquant algérien ?” C’est la première question qu’il me pose. Le problème, c’est Leicester. Ils étaient 2e, ils ont dit non. C’est un concurrent, tu ne peux pas partir à Tottenham. Eux, ils étaient 3e ou 4e. Leicester me propose alors West Bromwich. Je leur ai dit : c’est moi qui choisis. Je me souviens, c’était le 30. Le soir, je reçois une offre de l’Inter. Ce n’est pas que des paroles, une offre en bonne et due forme. En Italie, le mercato se ferme à 20h. Ma licence devait passer de Monaco à Leicester puis vers un autre club, c’etait court, donc je suis resté à Monaco. »

«Je ne regrette pas l’aventure brésilienne »

Slimani a aussi tenté une aventure exotique au Brésil, avec le club de Coritiba. Il raconte comment cela s’est fait, et les émotions uniques qu’il en garde : « Le DS de Coritiba était le gardien de Benfica quand je jouais au Portugal. J’avais l’habitude de lui marquer des buts. Ils sont venus une semaine en Algérie, le DS et un dirigeant. Ils étaient à l’hôtel en train de m’attendre. J’ai hésité, car c’était loin. J’avais quelque chose en Arabie Saoudite, mais je me suis dit : jouer au pays du foot, c’est autre chose dans une carrière. J’ai donc joué dans des stades de malade. J’ai joué à Santos. On ne dirait pas que t’es dans un stade. Très ancien, mur blanc un peu sale, on dirait une prison. Ce sont des stades centenaires. Aussi le stade de Vasco de Gama, au milieu des favelas. Je ne regrette pas d’avoir fait ça. »

« Van Dijk ? Le plus costaud que j’ai affronté »

Enfin, Slimani a livré le nom du défenseur le plus impressionnant qu’il ait affronté en carrière. « Virgil van Dijk est le joueur le plus costaud que j’ai joué, avant qu’il vienne à Liverpool. Il était à Southampton. En duels, c’était le plus costaud. »

« Marquer de la tête, c’est une qualité »

Souvent réduit à son jeu de tête, Slimani assume cette spécialité et renverse la critique : « Ce n’est pas ça qui m’a dérangé. Ils m’ont fait une étiquette. Marquer de la tête, c’est une qualité que les autres n’ont pas. Zamorano, Bierhoff, Klose, ils marquaient de la tête. »explique-t-il.

S.M.A