L’ex-joueur de la JSK, le Franco-Algérien Kamel Yesli, est installé à Tizi Ouzou depuis deux ans pour concrétiser un projet qui lui tient particulièrement à cœur. L’ancien milieu de terrain aborde, ici, plusieurs sujets liés à la JSK, un club qu’il connaît bien. Il estime que les Canaris ont fait une excellente affaire en recrutant un technicien expérimenté comme Zinnbauer. Il a également évoqué l’arrivée de Mobilis et d’autres sujets passionnants. Entretien.
Vous résidez à Tizi Ouzou depuis deux ans déjà, on imagine que vous ne manquez aucun match de la JSK ?
Effectivement, j’ai suivi le parcours de l’équipe depuis le début de la saison, et je dirais qu’il est positif jusqu’à présent. Toutefois, je trouve regrettable d’avoir affronté le MCA, le CRB et le CSC dès le début de la saison, à un moment où l’équipe commençait à peine à s’habituer à son nouveau stade. Globalement, la JSK a répondu présente en termes de résultats, même si la qualité du jeu est parfois remise en question. Certes, on ne peut pas choisir le calendrier, mais en Europe, les grosses affiches sont généralement programmées à partir de la dixième journée.
Contrairement aux années précédentes, la JSK respire mieux financièrement, notamment grâce à l’arrivée de Mobilis. Qu’en pensez-vous ?
Je suis d’accord. L’arrivée de Mobilis apporte une bouffée d’oxygène sur le plan financier et pourrait véritablement aider le club à surmonter les difficultés qu’il a connues ces dernières années. C’est une bonne chose, car un club comme la JSK a besoin de stabilité financière pour bien fonctionner et rivaliser avec les meilleures équipes du championnat. Cependant, l’argent ne règle pas tout. Un club de football, ce n’est pas seulement des finances, c’est aussi une bonne gestion, une organisation solide et une vision à long terme. Avec un regard extérieur, on peut parfois avoir l’impression que certains problèmes persistent, malgré cette amélioration financière. Certes, disposer d’un soutien financier comme celui de Mobilis est un atout important, mais cela ne garantit pas automatiquement des résultats sur le terrain. Le plus important reste la gestion du club et la façon dont ces ressources sont exploitées pour bâtir un projet sportif ambitieux et durable.
Avec ce changement, les supporters espèrent voir leur équipe décrocher un titre cette saison. Pensez-vous que cela soit réalisable ?
Disons que ça va être compliqué. Remporter un championnat n’est jamais évident, car c’est un long chemin, un véritable marathon. Dans un premier temps, je trouve que l’élimination en Coupe d’Algérie est regrettable. En championnat, tout reste très serré, et l’équipe occupe pour l’instant une position honorable. Le principal défi sera pour les joueurs de trouver les solutions nécessaires pour enchaîner les bons résultats et se hisser parmi les trois premiers afin d’être dans la course au titre lors du sprint final. Le championnat algérien compte de très bonnes équipes, et pour espérer rivaliser, la JSK devra répondre présente et se montrer intraitable à domicile.
Justement, pour espérer remporter un titre et bâtir une grande équipe, la JSK a fait le choix d’un entraîneur de renom, Josef Zinnbauer. Pensez-vous qu’un entraîneur, de par son profil et son expérience, peut réellement faire la différence ?
Tout d’abord, on peut dire que le départ de Benchikha est survenu un peu trop tôt, probablement sous la pression des supporters qui n’ont pas apprécié sa manière de jouer. À mon sens, les résultats étaient plutôt positifs. Concernant l’arrivée de Zinnbauer, c’est un entraîneur connu et reconnu. La rigueur allemande n’est plus à présenter. Il possède du charisme et une forte personnalité. Je ne l’ai jamais rencontré, mais à travers sa manière de s’exprimer, son attitude sur le terrain et sa grosse déception après le match nul contre Akbou, comme s’il avait perdu, on sent qu’il s’agit d’un coach qui se remet souvent en question. Je lui souhaite de pouvoir travailler dans la continuité. La JSK est un club spécial et le projet doit d’abord être mené à court terme avant de penser au long terme. Ici, les résultats doivent être immédiats car nous n’avons pas la culture de la patience. Je souhaite au coach une adaptation rapide afin qu’il puisse aller au bout de ses objectifs. C’est un entraîneur d’avenir, capable de bâtir une équipe solide et de mettre en place un véritable projet pour viser plusieurs titres. Cependant, il est important que les supporters comprennent qu’il n’a pas de baguette magique pour tout régler en un mois. Il faut lui laisser le temps d’imposer sa philosophie et de construire quelque chose de durable.
Vous avez toujours entretenu une bonne relation avec les supporters. Avez-vous un message à leur faire passer ?
Je l’ai apprécié autant qu’ils m’apprécient. Je vis à Tizi Ouzou, je croise souvent les supporters, et c'est grâce à eux que j’estime que mon passage à la JSK a été réussi. Ils doivent toujours rester derrière leur équipe, notamment dans les moments difficiles. En gros, avec un nouveau stade et un nouveau coach, l’équipe aura besoin de temps pour retrouver tous ses repères. Mon regret pour ma première année, c'était de perdre la finale de la Coupe d’Algérie alors que nous étions également deuxièmes au classement du championnat. Je reçois beaucoup de messages de la part des fans qui me demandent pourquoi je ne travaille pas au club. Je me contente de leur faire savoir que, pour travailler dans une équipe, il faut avoir certaines compétences spécifiques que, personnellement, je n’ai pas.
- D.