L'Allemagne éliminée dès le premier tour, c'est une contre-performance historique puisque totalement inédite. Les champions du monde n'avaient jamais connu une telle déroute. En revanche, le tenant du titre qui passe à la trappe, cela devient une habitude...
Ce mercredi 27 juin 2018 restera comme un jour sombre dans l'histoire de la NationalMannschaft. Jamais l'équipe d'Allemagne n'avait échoué à franchir la phase de groupes en phase finale de Coupe du monde. A chacune de ses participations où le format impliquait un tour de poules initial, elle avait atteint le tableau final ou le deuxième tour de poules. 2018 constitue donc un fiasco d'une ampleur inédite pour le football allemand.
Pour bien mesurer le côté spectaculaire de cette catastrophe, il faut se souvenir que, depuis son retour en phase finale en 1954, l'Allemagne, sous la bannière de la R.F.A. ou de l'Allemagne unifiée, avait toujours atteint au minimum les quarts de finale (ou le deuxième tour de poules, réunissant les huit derniers prétendants). Seize éditions consécutives parmi les huit derniers qualifiés. Et à douze reprises, les Allemands avaient été présents dans le dernier carré. Une constance ahurissante. D'où le choc de les voir quitter si vite la compétition
Après leur défaite initiale contre le Mexique (1-0), les joueurs de Joachim Löw s'étaient pourtant relancés en battant la Suède à l'arraché samedi soir (2-1). Beaucoup pensaient alors que le plus dur était fait. Mais face à la Corée du Sud, la Mannschaft s'est montrée incapable de décrocher la victoire qui lui aurait permis de se hisser en huitièmes de finale. Pire, elle a sombré en fin de rencontre, concédant deux buts pour finir à la dernière place. Qui aurait pu imaginer cela il y a seulement dix jours ?
Seul le Brésil en 2002...
Outre son colossal échec personnel, l'Allemagne perpétue une drôle de tradition née au XXIe siècle, celle du "tenant du titre maudit". Lors des cinq dernières éditions du Mondial, le vainqueur sortant a été éliminé dès la phase de poules : la France en 2002, l'Italie en 2010, l'Espagne en 2014 et, donc l'Allemagne en 2018. Seul le Brésil, titré en 2002 puis quart de finaliste quatre ans plus tard en Allemagne, a réussi sur cette période à éviter cette improbable charette.
Cet enchaînement (quatre sur cinq et trois fois de suite) est d'autant plus curieux qu'au XXe siècle, le fait était rarissime. Avant les Bleus de Roger Lemerre en 2002, il fallait en effet remonter à 1966 pour voir un champion sortant caler dès la première phase. C'était le Brésil, qui était même double tenant du titre à l'époque. la Seleçao avait payé cash une succession de blessures, notamment celle de Pelé.
Après la défaite contre la Suède, cette hypothèse avait été évoquée en conférence de presse devant Joachim Löw. Mais le sélectionneur allemand qui, à titre personnel, avait toujours atteint au moins les demi-finales de l'Euro ou du Mondial depuis sa prise de fonctions, avait balayé ce spectre du tenant maudit : "Pour les autres équipes je ne sais pas, avait-il dit. Mais nous, ça ne va pas nous arriver." Raté.