En conférence de presse, le président de la CAF a dressé un état des lieux ambitieux du football africain et mis l’accent sur l’importance des ressources financières pour performer à l’échelle mondiale.
En marge de la réunion du Comité exécutif de la CAF tenue à Rabat, Patrice Motsepe a profité de sa prise de parole devant les médias pour livrer une série de déclarations fortes sur les perspectives de développement du football africain. Tour à tour, il a évoqué les performances des clubs du continent, le partenariat financier en cours, la gouvernance et les conditions de compétitivité à l’échelle internationale.
«Les clubs africains progressent»
Patrice Motsepe s’est dit «fier» du parcours des représentants africains à la Coupe du monde des clubs, citant notamment Al Ahly, le Wydad de Casablanca, l’Espérance de Tunis ou encore Mamelodi Sundowns. «Tous ont bien représenté l’Afrique à la Coupe du monde des clubs. Nous sommes fiers de leurs performances. Avec davantage de ressources financières, je suis convaincu que nos clubs feront encore mieux à l’avenir, qu’ils sortiront des phases de groupes et viseront les demi-finales et plus.» Un message limpide : les résultats sportifs sont étroitement liés à la capacité des clubs à investir.
Le partenariat à un milliard
Annoncé à Addis-Abeba, ce vaste plan sur huit ans a pour objectif de transformer en profondeur l’écosystème du football africain. Il vise à soutenir les fédérations, moderniser les infrastructures, renforcer les équipes nationales et stimuler les clubs : «Nous sommes en discussions avancées avec une agence marketing mondiale. Notre objectif est clair : que tout cet argent serve au développement du football africain, à travers les jeunes, les clubs, les stades et les équipes nationales.»
La trajectoire algérienne
Dans ce contexte, certaines décisions récentes prises en Algérie pourraient entrer en contraste avec la logique portée par la CAF. Comme on le sait, les autorités algériennes ont initié une réforme budgétaire du football professionnel, incluant notamment le plafonnement des apports financiers des entreprises propriétaires des clubs et la limitation de la masse salariale. Ces mesures, bien que pensées dans un souci de régulation et de maîtrise des dépenses, pourraient à terme réduire la marge de manœuvre des clubs algériens sur la scène continentale. Avec des concurrents qui investissent massivement pour se rapprocher du très haut niveau, le risque d’un décalage progressif existerait. Dans la dynamique actuelle du football africain, où la CAF encourage au contraire les fédérations à renforcer leur attractivité et à mieux structurer leurs clubs, notre pays pourrait être amené à repenser son modèle économique s’il souhaite rester compétitif à l’échelle continentale, voire mondiale.
Bonne gouvernance
Dans son intervention, Patrice Motsepe a souligné que la réussite du football africain passait autant par les résultats sur le terrain que par une gestion rigoureuse dans les bureaux : «Ce qui m’importe, c’est que dans 10 ou 20 ans on se souvienne de nous comme d’une direction qui a respecté les standards les plus élevés en matière d’éthique, de transparence et de gouvernance. Zéro tolérance pour la corruption.» Un message qui résonne tout particulièrement avec la volonté de certaines fédérations, dont l’Algérie, de remettre de l’ordre dans la gestion des clubs professionnels. À ce titre, la réactivation annoncée de la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG) pourrait constituer un levier utile pour instaurer une meilleure traçabilité des flux financiers et responsabiliser les dirigeants, tout en facilitant à moyen terme l’accès à des financements structurés, publics ou privés. Dans un contexte où la CAF veut un football africain plus fort, il est essentiel de bien financer les clubs tout en encadrant les budgets pour garantir un modèle plus équilibré et durable.
S. M. A.