À mesure que la fin de saison approche et que se profile l’ouverture du mercato estival, le climat s’alourdit autour du nouveau contrat professionnel imposé par la Fédération algérienne de football.
Approuvé le 30 avril dernier par le Bureau fédéral, ce contrat censé réguler les relations entre joueurs et clubs soulève de nombreuses interrogations sur le terrain. Preuve en est : la rencontre tenue hier au siège de la FAF avec les clubs, à l’initiative de l’instance fédérale, afin d’expliquer les détails d’un texte encore mal compris – voire mal accepté – par plusieurs dirigeants.
Des dirigeants attentifs, mais encore hésitants
Lors de cette réunion, des responsables de la FAF et de la Ligue de football professionnel (LFP) ont tenté d’éclairer les zones d’ombre, notamment la question sensible du traitement des cas de joueurs encore sous contrat ou ayant prolongé avant la date d’entrée en vigueur du nouveau modèle. Si certains points techniques ont été clarifiés, notamment les modalités de calcul et de versement des salaires et primes, les clubs n’ont pas caché leurs réticences. Beaucoup estiment que ce contrat a été imposé plus que négocié, et jugent son application difficile dans l’état actuel.
Pour rappel et selon le nouveau modèle, chaque joueur percevra 20 % du montant de son contrat sous forme d’avance (article 10, alinéa 10.01), assimilable à une prime de signature. Le salaire mensuel de base est fixé à 300 000 DA bruts (article 10, alinéa 10.02), soumis aux cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu (IRG). Le reste du montant contractuel sera attribué en primes de rendement trois paliers : 100 % de la prime si le joueur totalise 800 minutes ou plus de temps de jeu, 50 % entre 400 et 799 minutes, 25 % en dessous de 400 minutes. Ce n’est pas tout : en cas de relégation du club, la seconde moitié de la prime de rendement peut être tout simplement supprimée.
L’appel de Mesloug
Mais au-delà des aspects techniques, c’est l’absence des principaux concernés qui a marqué cette rencontre. Aucun joueur ni représentant de joueurs n’a été convié. Une absence symptomatique d’un vide institutionnel criant : l’Algérie ne dispose toujours pas d’un syndicat actif représentant ses footballeurs professionnels. Une situation qui laisse les joueurs à l’écart des débats qui les concernent directement. Le président de la LFP Amine Mesloug a d’ailleurs lancé un appel aux joueurs pour qu’ils mobilisent et constituent- une structure syndicale capable de défendre leurs droits (elle est prévue et exigée par les statuts de la FAF). En attendant, les décisions sont prises sans eux, et ils devront se contenter d’appliquer ce qui a été décidé en haut lieu ou choisir des départs sous d’autres cieux.
Vers une fuite des talents ?
Cette situation pourrait bien avoir des répercussions sur le championnat. Selon plusieurs observateurs, une vague de départs vers les pays voisins est à prévoir. Les joueurs algériens, d’abord inquiets de ne plus percevoir les salaires auxquels ils étaient habitués, découvrent petit à petit des failles juridiques exploitables, souvent en marge du contrat officiel. Cependant, le nouveau mécanisme basé sur les primes de rendement ne fait pas l’unanimité. Nombreux sont ceux qui considèrent ce système comme aléatoire et injuste, notamment en cas de blessures ou de décisions techniques défavorables. Le suspense reste donc entier. Si la FAF se félicite d’avoir posé un cadre censé rationaliser les finances des clubs et limiter les contentieux, l’absence de dialogue avec les joueurs, les hésitations des clubs et les craintes d’un exode massif laissent présager des turbulences dans l’écosystème du football professionnel algérien.
S. M. A.