Revenu d’Afrique du Sud après une élimination douloureuse en Champions League face à Orlando Pirates, le président du Mouloudia d’Alger, Hakim Hadj Redjem, a surpris tout son monde à l’aéroport d’Alger.
Il a annoncé son départ, évoquant une décision réfléchie, dictée par la lassitude, le devoir et l’amour du club. Devant les médias, visiblement ému mais déterminé, Hadj Redjem n’a pas fui ses responsabilités. Il a ouvertement déclaré avoir pris sa décision de quitter la présidence du MCA après trois années d’engagement total : «Je pense qu’il est temps de passer le flambeau. Le club est sur la bonne voie, et il faut laisser d’autres apporter un nouveau souffle».
« Il faut savoir partir quand on n’atteint pas les objectifs »
Conscient des erreurs commises au fil de son mandat, il a tenu à rappeler qu’aucune n’était volontaire : «Oui, on a fait des erreurs, beaucoup même. Mais ce n’était jamais pour nuire au club. J’ai travaillé avec le cœur, moi, mon staff et ceux du conseil d’administration. Quand les objectifs ne sont pas atteints, il faut avoir la culture de présenter sa démission». Il précise que cette décision n’a rien de spontané ni d’émotionnel. Elle résulte d’un long cheminement personnel : «J’ai demandé plusieurs fois à la Sonatrach, actionnaire majoritaire, de me libérer de cette mission. Trois ans au MCA, vu le contexte, je le considère comme un exploit».
« L’élimination en Champions League a été très dure »
L’élimination en quarts de finale face à Orlando Pirates a été le déclencheur. Le président n’a pas caché sa déception : «Cette élimination m’a fait très mal, elle a été très difficile à avaler. Mon rêve était d’aller loin en Champions League. Je n’ai pas pu atteindre cet objectif. J’espère que ceux qui viendront après moi y arriveront». Malgré la sortie qu’il considère comme prématurée, il estime que le MCA a montré son niveau : «Le club a démontré dans ces deux matchs, et même tout au long du parcours africain, qu’il pouvait rivaliser avec les meilleurs. Il faut préserver cette équipe et encore l’améliorer, car le Mouloudia mérite sa place parmi les grands d’Afrique».
« Les incidents ? On n’a rien provoqué »
Interrogé sur les scènes de chaos à la fin du match retour, Hadj Redjem a dénoncé l’agression, dont ont été victimes les supporters mouloudéens : «On n’a rien provoqué. Le match s’est terminé sur un score vierge, ils étaient qualifiés. Mais après, on a assisté à un envahissement de terrain. Même nos supporters ont été frappés, des bombes lacrymogènes ont été utilisées. On va envoyer un rapport avec preuves, vidéo et photos». Il souligne qu’en cas de victoire, la situation aurait pu dégénérer encore plus.
« Le MCA doit jouer la Champions League chaque saison »
Le président sortant ne tourne pas le dos à l’équipe. Il rappelle que le club peut toujours atteindre le podium, cette saison : «Il nous reste le championnat. L’objectif est une participation africaine. Ce club doit jouer chaque saison la Champions League. C’est une exigence pour un grand club comme le Mouloudia». Il appelle son successeur et le futur conseil d’administration à en faire une priorité absolue, tout en pointant du doigt des secteurs à améliorer : «Il faut renforcer l’équipe, mais aussi améliorer la gestion, le marketing et nommer un vrai directeur sportif».
« Une campagne médiatique incompréhensible »
S’il assume son départ, Hadj Redjem n’a pas mâché ses mots quant à certaines critiques : «Une semaine avant le match retour, des sorties médiatiques sans fondement ont déstabilisé le groupe. Je suis pour la critique constructive, surtout quand elle vient de légendes comme Ali Bencheikh. Mais quand ça vient de gens qui n’ont rien donné au MCA, je me demande s’ils aiment vraiment le club. Est-ce que leur problème, c’est moi ? Ou c’est le MCA lui-même ?» Il dénonce une volonté de nuire à la stabilité du club à un moment crucial. Avant de conclure, Hadj Redjem a eu un mot touchant : «Demain, quand je quitterai le MCA, je viendrai au stade comme tous les fans. Je m’assoirai dans les tribunes. J’achèterai mon billet. Le ‘‘flambeau’’ me manque. Le Mouloudia n’appartient à personne. Il est à ses supporters. Et je resterai l’un d’eux, pour toujours». Reste désormais à savoir si l’actionnaire majoritaire, le géant pétrolier Sonatrach, acceptera cette fois la démission de Hadj Redjem ou si, comme par le passé, on tentera une nouvelle fois de le convaincre de poursuivre l’aventure à la tête du Mouloudia. Le club, en quête de stabilité, attend désormais une décision claire et rapide.
A.Z.