Abdel Bah : «Si on doit remplacer des pays pour maintenir la CAN, on le fera»

Pour la 3e fois depuis le début du confinement, le secrétaire général de la CAF, le Marocain Abdelmonaim Bah, a accordé une autre interview. Cette fois-ci, l’honneur a été accordé à un média égyptien, à savoir la chaîne satellitaire Time Sport.

Même s’il a essayé de maintenir ses propos concernant le maintien de la CAN pour janvier prochain, Bah s’est tout de même permis de donner quelques aperçus sur les risques qui existent, notamment celui de voir la période de confinement mondial se prolonger dans le temps, et menacer sérieusement la CAN. Le Maroco-Mauritanien s’est dit pour le moment rassuré au vu du temps dont la CAF dispose pour manœuvrer et se permettre toutes sortes de report. La CAN est pour lui, et jusqu’à présent, maintenue : «Jusqu’à présent, le tournoi est maintenu en janvier. Si l’on termine les éliminatoires avant novembre, on jouera ; mais si la crise mondiale perdue, on n’aura pas d’autre choix que de reporter. Tout est lié à l’évolution de la situation dans le monde», a-t-il expliqué. 

«Pas plus de 2, sinon on reporte»

Bah enchaîne et évoque un cas précis, celui d’une maîtrise partielle du virus. Il se pourrait que le Cameroun soit épargné, ainsi que d’autres pays, et qu’il existera tout de même quelques pays qui n’arrivent pas à neutraliser la propagation. Là, Bah, avec fermeté, nous fait part d’une des éventualités ; elle a été apparemment mûrement réfléchie du côté de la CAF : «Si le Cameroun est complètement débarrassé du virus, et qu’en même temps, ce dernier continue à faire des dégâts ailleurs, il existe une alternative. Nous pourrons maintenir le tournoi en sacrifiant les pays touchés, et les remplacer par d’autres, à condition que le nombre de pays ne dépasse pas 2 ; sinon, on sera dans l’obligation de reporter. La décision est liée à ce qui va se passer dans les tous prochains mois.» Une éventualité qui risque de faire du bruit, d’autant que des puissances pourraient être touchées. 

«La CAN reviendra en juin en 2023»

Beaucoup de critiques ont été essuyées par la CAF à cause du changement des dates de la CAN au Cameroun. Après une seule édition en juin, la CAF a dû revenir à l’ancienne période. D’après Bah, sans être 100% sûr de ce qu’il avance, en 2023, il y aura un retour aux sources : «Notre position est claire. Pour nous, la CAN c’est en juin, et on fera tout pour la maintenir. Le cas du Cameroun est exceptionnel ; ils ont eux-mêmes demandé de jouer en janvier à cause du climat. On a donné suite, mais cela nous cause des problèmes avec la disponibilité des joueurs. C’est pour ça que ça reste une exception. La CAN finira par revenir à juin dès 2023 selon les règlements.» 

«A l’avenir, on choisira l’organisateur en fonction de ses capacités d’organiser en juin»

Dans le même chapitre, le SG de la Confédération va loin en affirmant qu’à l’avenir, ils opteront pour les pays pouvant s’engager à organiser en juin : «Le problème risque de se poser très prochainement (CAN 2023 et 2025 en CIV et en Guinée), mais, on en parlera au moment opportun. Ce qui est sûr, c’est qu’à l’avenir, on fera les choix des pays en fonction de leur capacité à organiser en juin.» Un critère qui risque d’être discriminatoire et éliminatoire à l’avenir.  

«Les clubs européens sont obligés de libérer leurs joueurs»

L’autre point qui dérange la CAF avec l’organisation de sa compétition phare en janvier n’est autre que les difficultés à disposer des joueurs évoluant en Europe. Bah se veut rassurant. «Ils ne peuvent pas les bloquer, il y a un engagement, et ils sont tenus de les libérer. Dieu merci, on ne rencontre pas souvent ce problème», a-t-il dit sans souffler un mot sur les difficultés que rencontrent les joueurs dans leurs clubs respectifs à leur retour de la  CAN. 

«On est chanceux car les compétitions des clubs sont quasiment terminées»

«De ce côté-là, on est chanceux, car il ne nous reste pas plus que la demi-finale et la finale. On souhaite que cette crise prenne fin d’ici cet été ; sinon, on remporte soit à juillet, soit à août. Il n’y a aucune intention de mettre fin avant l’heure à ces compétitions ; on tient à aller au bout et on le fera.» 

«A l’avenir, le choix des stades des finales se fera avant la phase de poules»

Le responsable de la CAF reconnaît que la CAF n’a pas choisi les stades des finales au bon moment. Il promet de faire plus vite à l’avenir : «Oui, on a un peu tardé dans le choix des stades, mais on fera en sorte que cela se fera plus tôt dès l’année prochaine, avant la phase de poules. Quant au choix du pays, la CAF tient à ce que ça soit un pays neutre pour plus de responsabilité. Mais il y a des critères ; par exemple, la situation du stade et la nécessité que ça soit facilement accessible.» 

«L’arbitrage n’est pas un casse-tête, la VAR sera utilisée dès les quarts»

Beaucoup de choses ont été dites sur l’arbitrage en Afrique, mais le SG nie avoir des soucis avec ce secteur : «Sur 700 matches qu’on organise durant l’année, il n’y a que 5 ou 6 plaintes. Donc, c’est loin d’être un casse-tête pour nous. Quant à la VAR, on y tient, on va l’utiliser plus tôt la prochaine fois  à partir des quarts de finale du CHAN et de la CAN. Pour nous, ce n’est pas un fiasco, le foot reste le foot. Il s’agit d’une technologie, on ne la maîtrise pas encore comme il se doit, avec plus de temps, ça finira par nous rendre service.» 

«Voilà nos recommandations concernant la suite des compétitions et les contrats des joueurs»

Les recommandations de la CAF sont celles de la FIFA. La suite des compétitions arrêtées dans les différents pays est liée à la fin de la crise : «On n’obligera aucun pays à arrêter son championnat ou à l’annuler. On sera flexible, mais ce qui est sûr, on assistera toutes les fédérations.» Et  de poursuivre concernant les contrats : «Le contrat du joueur est un document officiel. Notre avis là-dessus est le même que la FIFA. On a participé au même atelier ; donc on est pour la prolongation des contrats jusqu’à la fin des compétitions. On n’oblige personne à le faire, ce n’est qu’une proposition, mais c’est ce que nous préconisons.»

 

«Une coorganisation du Mondial 2030 entre le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte serait une bonne idée»

Appelé à faire un choix entre une organisation du Mondial 2030 au Maroc et l’Egypte, Bah a été très diplomate dans sa réponse : «Je suis hésitant, mais je vais être objectif et dire le Maroc. Cependant, l’idéal pour nous tous, c’est que la compétition se joue dans nos quatre pays nord-africains, à savoir le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte.»  

«Pour moi, Mané est le meilleur»  

Appelé à choisir entre Salah, Mahrez et Mané comme joueur africain le plus influant, Abdoulmounaim Bah a opté pour le Sénégalais. «Vu les derniers résultats, je dirai que Mané est le meilleur », a-t-il répondu, grillant la politesse à son interlocuteur égyptien qui espérait entendre une autre réponse. 

«Les licences d’entraîneurs de la CAF, on y travaille»

Les stages de formation pour l’obtention des licences CAF ont été arrêtés. L’Afrique accuse aussi un retard en matière d’équivalence ; ce qui freine l’entraîneur africain, qui ne peut pas aller monnayer son talent dans les autres continents. Bah se dit au courant des carences et affirme que la CAF y travaille. «On y travaille, on a déjà organisé un séminaire au Maroc sur ce point. On va avancer dans ce registre, et d’ici la fin de l’année, il y aura du nouveau», conclut-il.

  1. M. A.

 

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