Iboud : « La JSK a besoin d’un renfort dans les trois compartiments »

Publié le : 12 Mai 2025

Il demeure l’une des voix les plus respectées de la grande maison kabyle. Défenseur emblématique de la JS Kabylie dans les années de gloire, ancien dirigeant et président, Mouloud Iboud suit toujours avec attention le parcours de son club de cœur. Nous l’avons joint hier soir, quelques minutes avant le coup d’envoi du classique européen entre le FC Barcelone et le Real Madrid. Disponible comme à son habitude, il a bien voulu répondre à nos questions et livrer son analyse sur la saison de la JSK, l’importance du match face au MCEB et, bien sûr, sur l’impact de l’entraîneur Joe Zinnbauer, dont il dresse un portrait élogieux.

 

Tout d’abord, que pensez-vous du parcours de la JSK depuis le début de la saison ?

Le parcours est globalement très positif. L’équipe réalise de très bons résultats et cela se reflète clairement dans sa position actuelle au classement. Ce n’est pas un hasard. On sent une réelle progression. Je dirais même que la JSK aurait pu engranger encore plus de points, notamment à domicile, où elle a parfois laissé filer des victoires à sa portée à cause d’un manque d’efficacité ou de concentration dans les dernières minutes. Mais cela fait aussi partie du jeu. Dans l’ensemble, les résultats sont satisfaisants et cela fait énormément plaisir de voir la JSK renouer avec les sommets. Elle redevient une équipe crainte et respectée, comme elle l’a été dans le passé.

 

Il y a aussi une nette amélioration dans la qualité du jeu, vous ne trouvez pas ?

Oui, absolument. Il y a une vraie évolution dans la manière de jouer. On voit une équipe plus libérée, plus organisée, avec un jeu fluide, agréable à regarder. Et il ne faut pas oublier le rôle important des supporters. Leur soutien a été constant et précieux. Le nouveau stade, avec une pelouse de qualité et une capacité d’accueil digne d’un grand club, a aussi contribué à ce renouveau. Jouer devant 30 000 spectateurs chaque week-end, ça n’a rien à voir avec les années où l’équipe évoluait devant 2000 fidèles au stade du 1er-Novembre. Cette ambiance, cette ferveur, donnent des ailes aux joueurs.

 

Et concernant les joueurs, peut-on dire que l’équipe dispose d’un effectif solide ?

L’effectif est globalement bon et les joueurs montrent beaucoup d’envie et d’abnégation sur le terrain. Ils mouillent le maillot et les résultats parlent pour eux. Cependant, il ne faut pas se voiler la face, pour espérer continuer sur cette dynamique, voire l’améliorer, il faudra penser à renforcer certaines lignes. L’équipe a besoin d’un renfort dans les trois compartiments. Il faut des doublures de qualité à chaque poste pour faire face aux blessures, aux suspensions, ou simplement pour créer une saine concurrence. C’est la seule manière de bâtir une équipe compétitive sur la durée.

 

On sait que vous êtes plutôt discret lorsqu’il s’agit de parler des entraîneurs. Mais pensez-vous que Zinnbauer a changé la JSK ?

Oui, sans hésiter. Je dirais même qu’il a apporté un souffle nouveau à l’équipe. Je ne le connais pas personnellement, mais ce que je vois sur le terrain me plaît beaucoup. Il a su poser sa patte très rapidement. Bien sûr, il a trouvé un effectif avec du potentiel, mais il a su donner une identité claire à cette équipe. C’est un entraîneur méthodique, discipliné, et cela se ressent dans les résultats.

 

Vous souhaitiez ajouter quelque chose à ce sujet ?

Effectivement. Je veux tempérer un peu l’emballement autour de lui. Oui, Zinnbauer fait du très bon travail, mais je suis contre l’idée de le comparer trop vite à une légende comme Zywotko. Ce dernier a marqué l’histoire du club sur plus d’une décennie. Il avait un groupe solide dès son arrivée, ce qui l’a aidé à construire sur du long terme. Zinnbauer, lui, est arrivé dans un contexte totalement différent. Il a presque dû repartir de zéro, avec une équipe à reconstruire. Il faudra lui laisser du temps pour faire ses preuves sur la durée. Mais je suis optimiste.

 

On comprend que, pour vous, Zinnbauer devrait s’inscrire dans la continuité…

Exactement. Il faut absolument le garder. Dans un football moderne instable, où les entraîneurs changent après quelques défaites, conserver un coach compétent est un luxe. Zinnbauer a montré qu’il avait les qualités pour mener ce projet à bien. Il a introduit de la rigueur, une culture professionnelle, et ses méthodes portent déjà leurs fruits. Avec un peu plus de stabilité et un bon recrutement, il peut mener la JSK très loin. Le club a besoin de continuité, pas de changements précipités.

 

La JSK affronte aujourd’hui le MCEB dans un match très attendu. Peut-on dire que ce sera un tournant ?

Oui, sans aucun doute. Ce match est capital. Il ne faut pas le rater. Une victoire permettrait à la JSK de garder son destin entre les mains et de rêver plus grand. Il ne faut surtout pas espérer que le CRB et le MCA se neutralisent. Il y aura probablement un vainqueur dans cette rencontre. Alors, la seule solution pour la JSK, c’est de gagner à El Bayadh et de ne compter que sur elle-même. Si elle y parvient, je pense sincèrement qu’elle sera en très bonne position pour aller chercher le titre.

 

Avec une telle dynamique, peut-on rêver de la Ligue des champions d’Afrique à court terme ?

Pourquoi pas ? Avec un entraîneur comme Zinnbauer à la barre, une bonne préparation estivale, et quelques renforts de qualité dans des postes-clés, tout est possible. Mais il faut y aller étape par étape. La première mission, c’est de retrouver régulièrement la Ligue des champions. Ensuite, avec du sérieux, de l’organisation et une direction ambitieuse, la JSK peut prétendre à une étoile continentale d’ici deux ou trois saisons. Le club a l’ADN des grandes compétitions africaines, il ne faut pas l’oublier.

S. D.