Après un match d’une heure seulement et près de 90 minutes d’interruption, l’Espérance de Tunis a remporté la Ligue des champions d’Afrique pour la 2ndefois consécutive en battant le Wydad de Casablanca (1-0) au terme d’une soirée invraisemblable et d’une ambiance délétère liée a priori à une panne de l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR). Une rencontre qui n’a pas fini de faire parler.
Dans un stade de Radès porté par ses 60 000 spectateurs, les Sang et Or étaient privés de trois titulaires : Ben Cherifia, Dhaouadi et Chaalali, avertis lors du match aller. Côté Wydad, l’équipe devait composer avec les absences du défenseur Dari (averti) et du milieu capitaine Nakch (exclu). En finale aller disputée à Rabat, les deux équipes s’étaient quittées sur un match nul (1-1).
Alors qu’un simple nul suffisait à l’Esperance pour décrocher le titre africain, le WAC était quant à lui obligé de l’emporter.
Les espérantistes, menaçants en première mi-temps, prennent l’avantage grâce à Youcef Belaili à la 41ème minute, sur une jolie frappe enroulée trompant le gardien adverse. Un avantage logique pour les Sang et Or qui ont maitrisé la première période. La deuxième mi-temps prendra, quant à elle, une tournure complètement ubuesque.
L’EST sacrée après 58 minutes de jeu !
Au retour des vestiaires, El Karti permet au Wydad d’égaliser à la 58ème minute mais l’arbitre Gambien Bakary Gassama invalide le but, d’abord sur un hors-jeu, puis sur une faute, ce qui mettra le feu aux poudres et empêchera définitivement la poursuite du match. Les hommes d’un certain Faouzi Benzarti ont alors réclamé la VAR qui était invraisemblablement hors service, refusant alors de reprendre la rencontre.
Une suspension d’une heure et demie, marquée par des discussions entre les joueurs des deux équipes, les dirigeants, les officiels de la CAF et les arbitres, mais aussi quelques échauffourées et l’intervention des forces de l’ordre, rythmées par les chants des 60 000 spectateurs présents.
Au bout de cette longue séquence surréaliste, l’arbitre Bakary Gassama retire sa veste de survêtement et siffle la fin définitive du match, mettant un terme à un imbroglio de 90 minutes. Un coup de sifflet final permettant aux supporters d’exulter et d’exploser de joie, affluant vers Bab Souika, quartier historique du club de la capitale. L’EST décroche son deuxième sacre d’affilée « sur tapis vert » alors que le président du Wydad, Said Naciri n’a pas caché son amertume, envisageant la saisie du TAS et de la FIFA :
“C’est plus qu’un massacre arbitral. C’est un scandale. Nous n’étions pas au courant du problème de la VAR au début de la rencontre. Nous avons égalisé mais l’arbitre a refusé le but. Il nous a informé que la VAR ne fonctionne plus. Le match a donc été interrompu. Après plusieurs minutes, l’arbitre nous a informé que le problème a été résolu et nous a demandé de reprendre le match. Nous lui avons dit de revenir sur l’action du but pour le valider. Il a dit qu’il ne peut pas revenir en arrière. La situation est restée tendue jusqu’à ce qu’il décide de siffler la fin du match et donner le titre aux Tunisiens. C’est injuste et nous ne comptons pas garder le silence. Nous allons saisir le TAS et la FIFA”.
Réunion d’urgence de la CAF mardi, le sacre de l’Espérance en sursis ?
Nouveau rebondissement cette nuit, peu avant 4 heures, la CAF annonce dans une note officielle que son président, M. Ahmad Ahmad avait décidé, « à la suite des évènements » et « l’arrêt du match », de convoquer « un comité exécutif d’urgence le 4 juin pour débattre des issues réglementaires à réserver à cette rencontre ».
L’assistance vidéo était-elle véritablement en panne ou a-t-elle été volontairement « débranchée » ? Une question qui a provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux et à laquelle la CAF devra répondre. Il est dont encore tôt pour crier victoire.
Pour rappel, lors du match aller à Rabat le 24 mai dernier, le Wydad avait été tenu en échec (1-1) par l’Espérance de Tunis en égalisant à onze minutes de la fin après l’expulsion de son capitaine et deux arbitrages vidéo défavorables. Une rencontre tumultueuse qui avait valu à l’arbitre égyptien Gehad Grisha une suspension de 6 mois par la CAF pour « performance faible ».
Ces évènements remettent alors sur le tapis la question de l’arbitrage à 3 semaines du début de la Coupe d’Afrique des Nations, qui se disputera en Egypte du 21 juin au 19 juillet.