La situation des joueurs de la JSM Béjaïa est critique si l’on en croit les propos du capitaine, Khellaf Nabil. Plus de 3 mois après l’arrêt de la compétition officielle, les joueurs attendent toujours un signe de la part des dirigeants. Les joueurs sont pratiquement unanimes à dire que si les choses restent en l’état et quelle que soit la décision des hautes autorités du pays, le club risque de vivre des jours sombres.

 

Tout d’abord, comment vivez-vous cette situation vis-à-vis de la pandémie de Coronavirus ?

Nous faisons face à une situation vraiment inédite, nous sommes en train de nous adapter afin d’essayer d’évoluer avec cette maladie qui ne semble pas vouloir s’estomper avec le temps. On essaye d’appliquer les consignes des spécialistes avec notamment les gestes barrières en évitant bien sûr les regroupements et les endroits où il y a du monde. D’ailleurs, depuis quelques semaines, je me trouve à Alger pour des soins suite à ma blessure aux adducteurs.

 

A ce propos, parlez-nous un peu de votre blessure…

J’ai été touché lors du match face au MC El-Eulma au niveau des adducteurs, lors de la fin de la phase aller. Depuis, j’ai évolué avec cette blessure, mais après l’arrêt de la compétition j’ai été contraint de recevoir des soins afin de reprendre les entrainements individuels dans de bonnes conditions. Je me sens beaucoup mieux et mon médecin m’a expliqué que je pouvais reprendre les entraînements dans deux ou trois jours.

 

Donc, on comprend bien que depuis l’arrêt du championnat vous êtes soumis à un travail spécifique en compagnie de votre médecin…

Oui, après avoir été soumis à un long repos, j’avais entamé les soins en compagnie de mon médecin qui m’a conseillé de ne pas me précipiter pour reprendre le travail. D’ailleurs, j’ai appliqué ses conseils à la lettre afin de ne pas rechuter. Donc, depuis l’arrêt de la compétition pratiquement, je n’ai eu droit qu’à des soins et bien évidemment un travail de rééducation en parallèle afin de ne pas perdre mes reflexes. Dieu merci, avec le temps, je commence à me sentir mieux et j’aspire à réaliser un bon retour à la compétition, dès que la situation sanitaire le permettra.

 

Parlez-nous de votre situation par rapport à votre club, avez-vous reçu des appels de la direction ?

Depuis l’annonce de l’arrêt du championnat, nous n’avons reçu aucun appel de la part des dirigeants. A mon niveau, j’avais déjà tenté à plusieurs reprises de rentrer en contact avec le président Bouledjloud et du manager Bezouir mais en vain. Je ne vous cache pas que je trouve cela dommage qu’on ne s’inquiète pas à notre sujet. Vous m’offrez ainsi l’occasion de rappeler que certains joueurs sont sans aucune ressource et rien n’a été fait de la part des dirigeants pour ces joueurs. Nous avons d’ailleurs appris que certains joueurs auraient pris la décision de déposer des chèques à la banque mais sans confirmation. Je dirais que c’est vraiment triste de pouvoir arriver à une situation pareille.

 

A part les dirigeants du club qui sont aux abonnés absents, d’autres membres du club ont-ils pris attache avec vous pour s’informer à votre sujet et par rapport à votre blessure ?

Bien sûr, d’ailleurs, je profite de l’occasion pour remercier le coach Said Hammouche, qui m’a contacté à plusieurs reprises pour s’informer sur ma blessure et le travail que je fais pour reprendre. Il y a aussi les membres du staff médical du club, à savoir Stambouli et Mansouri, qui ont déjà pris de mes nouvelles. Je voudrais les remercier, eux aussi.

 

Au niveau des instances et notamment de la FAF et de la LFP, les présidents ont été sommés de trouver un accord avec les joueurs par rapport à cette période d’arrêt du championnat. De votre côté, rien n’a été fait ?

Exactement, rien de cela n’a été fait. En ma qualité de capitaine d’équipe, j’ai tenté de rentrer en contact avec les dirigeants afin bien évidemment de connaitre leurs intentions, mais ces derniers ne répondent pas. Je trouve vraiment que ce n’est pas de cette façon qu’on doit régler les choses. Il faudrait penser à l’avenir et surtout en cas de reprise, comment nous allons aborder le retour à la compétition dans des conditions pareilles ? Je me pose vraiment des questions à ce sujet.

 

En cas où les autorités du pays annoncent le retour à la compétition, comment allez-vous aborder cela ?

Personnellement, j’ai peur pour la suite. La JSMB court vraiment un danger au cas où les instances décident du retour à la compétition et la poursuite du championnat. Avec plus de 9 mois sans salaires pour la majorité des joueurs, je ne pense pas que la reprise va s’effectuer dans de bonnes conditions, surtout quand on sait que depuis plusieurs mois, les dirigeants du club n’ont pas donné de signes de vie.

 

Sur le plan personnel, nous avons appris que vous avez des contacts avec certains clubs à l’étranger, pouvez-vous nous en dire plus ?

Je confirme que j’ai des contacts avec deux clubs à l’étranger et trois autres clubs qui évoluent dans le championnat de Ligue 1. Actuellement, je n’ai pris aucune décision concernant mon avenir. J’ai un contrat avec le club qui court jusqu’au mois de décembre 2020. Devant la situation actuelle dans laquelle se trouve le club, je n’ai pas encore pensé sérieusement à mon avenir. La JSMB est un club qui m’a permis de m’affirmer, j’ai fait pratiquement tout mon cursus au sein de ce club et la situation actuelle nous impose de travailler afin de sauver le club, en attendant bien évidemment de voir ce que l’avenir nous réserve.

 

A votre âge, on comprend que vous ayez de l’ambition…

Bien évidemment, je n’oublie pas que la JSMB m’a beaucoup donné, mais depuis quelques années le club se débat dans des problèmes. Chaque début de saison, les dirigeants annoncent qu’ils jouent les premiers rôles, puis en fin de compte on se retrouve à se battre pour le maintien. La JSMB mérite plus que ça et, de mon côté, je dois aussi penser à mon avenir et à progresser pour gagner en expérience et évoluer. L’avenir est entre les mains de Dieu.

 

Un dernier mot…

Je voudrais lancer un appel aux amoureux du club et surtout aux dirigeants afin d’essayer de penser à l’avenir de ce club. La JSM Béjaia mérite qu’on se donne à fond pour ce club. J’ai sérieusement peur pour l’avenir de la JSMB, surtout face à l’état d’abandon dans laquelle est ce dernier. Je voudrais bien sûr appeler les supporters et les dirigeants à se mobiliser pour permettre à la JSMB de retrouver son lustre d’antan.

1. D.