L’ancien sélectionneur national qui garde un gout amer de la CAN 2017 (élimination au 1^er tour), place l’Algérie parmi les favoris pour la consécration finale, le 11 février prochain, à Abidjan. Il parlera dans cet entretien du phénomène Amoura qui évolue dans son pays, la Belgique.

 

Le rendez-vous du football africain avance à grands pas. Après le ratage de 2022, l’Algérie veut prendre sa revanche…

(Il nous coupe.) Le joueur d’aujourd’hui ne pense pas beaucoup au passé, donc ne vous attendez pas à voir des joueurs qui débarqueront en Côte d’Ivoire, dans un tel état d’esprit. Néanmoins, Djamel Belmadi que j’ai eu comme joueur en équipe nationale (2003), connait bien son métier, il cherchera à s’appuyer sur un groupe qui doit être à 100% de ses moyens. Si tous les joueurs arrivent en forme, l’Algérie a ses chances. Et pour répondre à votre question, les Algériens se serviront de la mauvaise expérience de la CAN 2022, pour faire un bon tournoi mais…

… Quoi ?

Il ne faut pas se focaliser sur les éventuels adversaires que l’Algérie affrontera au second tour. Lors du Mondial 2022, mon pays, la Belgique, on spéculait sur les futurs adversaires au second tour. Au final, on a été éliminés au 1^er tour. Les Algériens doivent se concentrer à fond dès le premier match du tournoi et ne penser d’abord qu’à la qualification au prochain tour.

 

Le problème pour notre sélection, il y a des joueurs qui ne jouent pas dans leur club, d’où les doutes sur leur forme…

Ça, c’est un vrai handicap, la CAN, c’est assez spécial, avec des adversaires qui cherchent, rien que pour le prestige, à accrocher l’Algérie. Même si vous avez une bonne équipe, d’ailleurs, pour moi, l’Algérie fait partie des favoris pour remporter la CAN, tout comme le Maroc, le Sénégal, l’Egypte, et la Côte d’Ivoire, qui est le pays organisateur, a aussi ses chances mais elle ne part pas avec les faveurs du pronostic par rapport aux sélections précitées.

 

Dans ce genre de compétition, avoir un effectif truffé de talents suffira-t-il pour gagner ?

Disposer de joueurs talentueux ne garantit pas le succès ! Djamel Belmadi doit œuvrer pour créer des équilibres entre les trois compartiments, instaurer un bon état d’esprit, il faut qu’il ait une très bonne entente entre les joueurs et qu’ils soient tous unis pour un même but. Par ailleurs, j’en ai fait l’amère expérience en 2017, après avoir pris la sélection algérienne, je n’ai pas eu le temps de voir tous les joueurs, résultat : on est sortis au 1^er tour de la CAN 2017, ce qui n’est pas le cas pour Belmadi, qui est à la tête de la sélection depuis de nombreuses années, donc il connait très bien son groupe. Pour avoir une équipe compétitive, il faut s’appuyer sur une colonne vertébrale, avec dans chaque poste deux éléments d’un niveau fort, afin que le remplaçant pousse le titulaire à se surpasser, c’est ça la vraie concurrence. Après, un entraineur peut toujours compter sur 4 ou 5 cadres pour diriger le jeu sur le terrain.

 

Maintenant on va parler de Amoura, qui évolue chez vous en Belgique, comment vous le trouvez ?

J’estime qu’il a fait un bon choix en signant à l’Union Saint-Gilloise, alors qu’au FC Lugano, il n’était pas un titulaire en puissance, à l’USG, il a trouvé un entraineur, en l’occurrence Alexander Blessin, qui exploite parfaitement bien ses qualités. Amoura est en constants progrès depuis qu’il évolue à l’USG, un club où il règne une ambiance chaleureuse. Je pense qu’il a fait un excellent choix car après son passage en Suisse, il fallait surtout monter plus haut en signant au Réal Madrid ou Milan AC ! A la Saint- Gilloise, il continuera son apprentissage.

 

Selon vous, doit-il améliorer son jeu ?

C’est vrai, il est rapide, marque des buts à chaque match mais il doit corriger ses défauts…

 

Lesquels ?

Dans la dernière passe, j’ai remarqué qu’il fait le plus difficile mais peine à délivrer la dernière passe, notamment quand un coéquipier est mieux placé que lui pour marquer.

 

Pour la prochaine étape dans sa carrière, il est annoncé la saison prochaine à Brighton…

Brighton est le club idéal pour Amoura afin qu’il continue sa progression. Ce club, je le compare à Leicester d’il y a quelques années, en Premier League, qui est un championnat top en Europe à l’instar de la Liga espagnole ou la Serie A italienne, Amoura franchira certainement un palier.

 

La CAN, c’est aussi une compétition élevée, non ?

Comme il est avec le groupe (sélection nationale), il n’a pas besoin d’adaptation, à la CAN, Amoura peut flamber et même être une des révélations du tournoi.

M.S.