Plus d’une année après son départ de l’EN, suite au fiasco de la CAN 2024 en Côte d’Ivoire et l’élimination précoce des Verts de cette compétition, l’ex sélectionneur national, Djamel Belmadi est sorti de son silence…
C’est via une lettre ouverte destinée «exclusivement aux citoyens algériens et passionnés de football», et dont Compétition détient une copie, que Djamel Belmadi a préféré rompre le silence, pour évoquer son départ de la barre technique de l’EN.
Un départ considéré par Belmadi par «une décision précipitée et unilatérale de notre Fédération.»
«Malgré l’amertume de la non-qualification à la Coupe du monde 2022, j’avais accepté et choisi de continuer. Mon contrat me liait à la Fédération pour encore 36 mois, avec un objectif principal clair : mener notre pays vers une qualification pour la Coupe du monde 2026. (…)
Je n’ai, malheureusement, pas pu poursuivre ma mission et vous offrir cette consécration ultime, car certains en ont décidé autrement, de manière inappropriée, négligeant tant le fond, que la forme et sans aucune espèce de considération, ni sur la bienséance élémentaire, ni sur les obligations juridiques.
(…) Il n’en demeure pas moins qu’il existe un cadre commun, des règles, sur le terrain ainsi qu’en dehors qui régissent les relations entre les différents protagonistes, et garantissent l’équité ainsi que le respect des engagements contractuels.»
Se contentant d’évoquer seulement «l’amertume de la non-qualification à la Coupe du monde 2022.» Belmadi n’a à aucun moment évoqué les autres déceptions des deux éliminations successives de l’EN au premier tour de la CAN 2021 et 2024.
L’ex sélectionneur national a expliqué avoir été «Animé par une obsession viscérale notamment avec une participation au prochain mondial, qui me tenait tant à cœur et pour laquelle nous avions réalisé un début de campagne idéal en engrangeant 6 points sur 6 possibles.»
Envisage-t-il de saisir la FIFA?
Djamel Belmadi n’a toujours pas apprécié son départ de l’EN. Il a d’ailleurs clairement évoqué dans sa lettre : «Qui accepterait de voir son contrat de travail rompu par son employeur, de manière unilatérale, sans avoir préalablement échangé sur les modalités de cette rupture ?
Et cela, simplement via un banal tweet laconique diffusé sur les réseaux sociaux !»
Djamel Belmadi a invité «l’organe compétent, les personnes décisionnaires dotées de sincérité, de sagesse et de bonne foi, à se réunir afin d’obtenir un consensus juste et raisonnable.»
Reste à savoir maintenant si le désormais ancien sélectionneur national envisage de saisir la FIFA. Attendons pour voir.
Voici la lettre en son intégralité de Djamel Belmadi
Doha, le 15 février 2025
Lettre ouverte destinée exclusivement aux citoyens algériens et passionnés de football
Chers compatriotes et amoureux de football,
Voici venu le jour où je me dois, à mon tour, de vous livrer le fond de ma pensée et de vous éclairer sur les circonstances qui ont entouré la fin brusque de ma mission en tant que sélectionneur national, par une décision précipitée et unilatérale de notre Fédération.
Avant tout, sachez que j’aurais vraiment souhaité m’adresser à vous dans un tout autre contexte.
J’ai gardé le silence jusqu’aujourd’hui, car il était nécessaire que le temps accomplisse son œuvre, et plus que tout, je ne voulais pas interférer, de quelque manière que ce soit, dans les nouvelles orientations choisies par la fédération.
D’une part, une de mes priorités était de ne pas perturber l’installation du nouveau staff et d’assurer la parfaite intégration, dans le calme et la sérénité, des nouveaux joueurs, notamment ceux que j’avais convaincu de nous rejoindre.
D’autre part, des échéances électorales, ô combien importantes pour notre nation, devaient se dérouler dans un esprit d’apaisement et de quiétude.
Effectivement, depuis la première jusqu’à l’ultime seconde à la tête de la sélection, j’ai toujours considéré que l’intérêt suprême de l’équipe nationale en particulier, et de la nation en général, devaient toujours prévaloir, et cela, quelles qu’en soient les circonstances.
Mon investissement a été sans faille, ma conscience professionnelle et patriotique fut ma seule motivation.
Tout au long de ces cinq ans et demi passés à votre service, nous nous sommes attachés, cœurs et âmes, à tout mettre en œuvre pour redorer le blason de l’équipe nationale, à la faire sans cesse progresser jusqu’à la hisser au sommet du football continental, notamment avec le sacre de 2019, qui nous a permis de vivre des moments de liesse inoubliables, à travers tout le territoire national et de rendre fier le peuple algérien…n’en déplaise aux agitateurs aigris et autres détracteurs missionnés.
Aujourd’hui, je peux vous dire, sans sourciller, que cela n’a pas été un long fleuve tranquille. J’ai parfois dû batailler, lutter, non sans peine, contre des vents contraires et des luttes intestines.
Ainsi, j’ai pu constater de très près à quel point l’adage ‘’Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis je m’en charge’’, est véridique.
J’aurais tant à dire sur ce volet, tant de faits et gestes insoupçonnés…
Le jour viendra, où je prendrai le temps nécessaire pour mettre en évidence et dans le détail les événements tels qu’ils se sont déroulés.
Malgré tout cela, je me suis toujours fait un point d’honneur à maintenir un haut degré d’exigence personnelle et collective.
Animé par une obsession viscérale, je souhaitais plus que tout vous apporter davantage de joie et de bonheur, notamment avec une participation au prochain mondial, qui me tenait tant à cœur et pour laquelle nous avions réalisé un début de campagne idéal en engrangeant 6 points sur 6 possibles.
D’ailleurs, lorsque j’ai accepté de prolonger mon engagement avec notre équipe nationale, c’était avec la conviction que nous bâtissions un projet solide pour l’avenir.
Malgré l’amertume de la non-qualification à la Coupe du monde 2022, j’avais accepté et choisi de continuer. Mon contrat me liait à la Fédération pour encore 36 mois, avec un objectif principal clair : mener notre pays vers une qualification pour la Coupe du monde 2026.
Ce n’était pas qu’un défi sportif, c’était une promesse de rédemption et d’espoir pour tout un peuple passionné par le football.
Je n’ai, malheureusement, pas pu poursuivre ma mission et vous offrir cette consécration ultime, car certains en ont décidé autrement, de manière inappropriée, négligeant tant le fond, que la forme et sans aucune espèce de considération, ni sur la bienséance élémentaire, ni sur les obligations juridiques.
Alors oui, bien évidemment, nul n’est irremplaçable, dans le football, plus que dans tout autre domaine, tant la vie des acteurs évolue au rythme des résultats.
Il n’en demeure pas moins qu’il existe un cadre commun, des règles, sur le terrain ainsi qu’en dehors qui régissent les relations entre les différents protagonistes, et garantissent l’équité ainsi que le respect des engagements contractuels.
Certains auraient-ils subitement décrété que notre pays, qui s’est érigé contre toutes les formes d’injustice, soit désormais une zone de non-droit ?
Ou bien ont-ils décidé, de manière insidieuse, qu’une jurisprudence unique me soit exclusivement réservée ?
Je vois bien arriver les éternels détracteurs et manipulateurs – ils ont déjà commencé – clamant haut et fort que je me suis dressé contre notre pays, une manœuvre machiavélique de plus qui n’a d’autre objectif que de ternir mon image, une fois de plus.
Que les choses soient bien claires : le différend qui existe aujourd’hui est entre l’ex-sélectionneur national et son employeur, la Fédération Algérienne de Football, ni plus ni moins.
Que signifient ces agissements à mon encontre ? Quelles velléités inavouables les animent ?
Qui accepterait de voir son contrat de travail rompu par son employeur, de manière unilatérale, sans avoir préalablement échangé sur les modalités de cette rupture ?
Et cela, simplement via un banal tweet laconique diffusé sur les réseaux sociaux !
Je connais parfaitement votre réponse et, comme vous, je n’ai jamais accepté, ni n’accepterais un tel mépris à mon égard, et que l’on bafoue mes droits les plus élémentaires.
Nous sommes tous intrinsèquement sensibles aux valeurs de respect et d’intégrité.
Ainsi, j’ai tenté, à maintes reprises, de parvenir à une sage conciliation…en vain.
Force est de constater que cela n’est absolument pas réciproque pour mes interlocuteurs successifs, et ce, peu importe le degré hiérarchique ou institutionnel auquel ils sont rattachés.
Je viens donc vers vous aujourd’hui, aussi pour réaffirmer publiquement mon souhait le plus profond de parvenir à une conciliation amiable, fraternelle et respectueuse des uns et des autres, sans l’intervention d’une quelconque autorité exécutive supranationale.
A cet effet, j’invite donc à nouveau, l’organe compétent, les personnes décisionnaires dotées de sincérité, de sagesse et de bonne foi, à se réunir afin d’obtenir un consensus juste et raisonnable.
Sachez encore une fois que mon silence n’était pas de la résignation. Il s’agissait d’une décision mûrement réfléchie, dictée par ma volonté de ne pas perturber des moments cruciaux pour notre pays.
Lorsque j’ai accepté la lourde responsabilité de conduire notre équipe nationale, je savais que ce poste était bien plus qu’un simple travail. Il représentait un lien sacré avec une nation passionnée, vibrante et exigeante.
Enfin, mes Chers compatriotes, sachez qu’être à votre service a été un très grand honneur et une joie incommensurable ; je n’oublierai jamais le soutien que vous m’avez apporté et je garderai toujours en mémoire tous ces instants passés à vos côtés.
Ensemble, nous avons partagé des moments d’euphorie, des déceptions, mais surtout l’espoir d’un avenir radieux pour notre football.
Je ne prétends pas avoir été parfait. Je suis humain, comme vous. Mais chaque décision que j’ai prise, chaque stratégie que j’ai élaborée, chaque critique que j’ai acceptée, tout était fait avec un seul objectif : porter notre drapeau haut et fort.
Mon amour pour notre sélection nationale reste intact et je reste son plus grand supporter pour les échéances à venir, et plus loin encore.
Avec tout mon profond respect, et ma gratitude immarcescible pour tout ce qu’on aura vécu ensemble.
Tahya El Djazaïr
Votre dévoué,
Djamel BELMADI