Mercredi soir, Baghdad Bounedjah n’a pas quitté la pelouse comme d’habitude. Très tendu, très nerveux, l’attaquant de l’équipe nationale a rejoint les vestiaires dans tous ses états, malgré la victoire et ses deux passes décisives face au Soudan. Ce que les caméras ont montré, c’est surtout ce moment de fin de match où tout a basculé.
Sur une action qui semblait promettre un but, Boulbina a conclu une série de dribbles par une frappe, alors que Bounedjah attendait seul au point de penalty. Le raté a mis le feu aux poudres : l’Oranais a explosé de colère, lançant quelques mots peu amènes en direction du jeune attaquant d’Al-Duhail. Les objectifs l’ont saisi, les réseaux sociaux se sont chargés du reste. Car ce n’est pas tant l’action que la réaction qui a surpris. Bounedjah, déjà auteur de deux passes décisives pour Mahrez et Maza, voulait absolument marquer. Son envie de débloquer son compteur lors du premier match, face à un adversaire amoindri, était immense. Il savait qu’un but l’aurait rapproché du classement des meilleurs buteurs de la sélection, surtout que Mahrez venait d’inscrire un doublé et il voulait profiter de cette opportunité de jouer une équipe amoindrie. Cette frustration a tout emporté.
Egoïsme
Mais le coup de sang ne s’est pas arrêté au coup de sifflet final. Sur le chemin des vestiaires, plusieurs coéquipiers ont tenté de le calmer. En vain. Baghdad était dans un état second, incapable de digérer ce qu’il considérait comme une occasion “en or” gâchée. Certains observateurs sont même allés dans leur lecture, jusqu’à interpréter la réaction de Baghdad en la liant étroitement avec les déclarations de Boulbina en coupe arabe, quand, avec naïveté, le jeune joueur avait promis de composer un duo d’enfer avec Berkane et même «faire oublier» le duo Belaïli-Bounedjah. Des propos qui auraient, selon cette version, touché Bounedjah au plus profond de lui, provoquant, sans le vouloir ou le savoir, comme une paranoïa echez l’enfant d’Oran qui l’a amené à réagir brutalement.
Les vidéos ont circulé, les commentaires aussi. Beaucoup ont condamné l’attitude de l’enfant d’Oran, rappelant qu’en face, il y avait un jeune joueur, en pleine intégration, qui risque de douter après un tel épisode. Ce genre de scènes, surtout publiques, peut marquer un vestiaire.
Et du côté du staff, le message est clair : Petkovic ne tolère pas ce type d’écart. Le sélectionneur rappelle régulièrement que le seul patron à bord, c’est lui. L’épisode Belaïli, écarté après une date FIFA compliquée à l’automne, reste encore comme un rappel fort de sa manière de gérer.
Fermeté
Pour autant, il n’a pas laissé la situation dégénérer. Le lendemain, place au dialogue. Bounedjah s’est calmé, a pris du recul, a parlé avec certains coéquipiers. Puis il a échangé directement avec Petkovic. Les images de la séance de décrassage ont montré les deux hommes en pleine discussion, sérieuse, posée, loin des caméras agressives de la veille. Selon nos informations, Baghdad a reconnu avoir franchi la ligne, et il a présenté ses excuses. Le dossier a été géré en interne, sans bruit inutile, mais avec fermeté. L’ancien attaquant du Sadd a replongé dans l’ambiance du travail, des images le montrant tout sourire, chambré par le trio Mahrez, Amoura, Atal prouve que l’incident de mercredi fait partie désormais du passé.
Aujourd’hui, le constat est simple : l’incident est clos. L’équipe nationale n’a pas besoin d’ondes négatives, encore moins à ce stade de la compétition. La priorité, désormais, c’est la sérénité, la continuité et la confirmation de ce bon départ. Quant à Bounedjah, il repartira de plus belle. Son envie de marquer reste intacte, mais avec une leçon en tête : servir le collectif, tout en espérant que, désormais, ses partenaires penseront aussi un peu plus à lui dans la surface.
S. M. A.





