C’est un vrai coup de gueule auquel on a eu droit samedi soir à l’occasion de la conférence de presse d’après-match à la suite de la victoire étriquée mais importante du onze national contre le Mozambique.
Les Verts venaient de battre un record, en s’adjugeant les 3 points du match, un 9/9, du jamais vu depuis 2011. Pour Bougherra, le constat est satisfaisant et encourageant, cela l’a incité à lancer son coup de gueule à la Bougherra, soit le plus gentil coup de gueule qu’un entraîneur puisse lancer. En effet, les critiques ont fusé depuis le premier jour et la victoire contre la Libye, nous-mêmes on avait mentionné que le rendement est quasiment identique à chaque match et les scores des 3 matches sont là pour le prouver : des victoires étriquées, un jeu assez solide mais pas toujours appliqué, beaucoup de déchets et surtout une nervosité et un excès de précipitation qui ont empêché les Verts de marquer plus d’un but par match. Bougherra a reconnu tout cela dès sa première sortie médiatique, même bien avant, il avait l’espoir que les choses allaient se décanter au fil des matches, mais jusqu’à ce 3e match du CHAN, ça n’a pas encore bougé, l’objectif est toutefois largement atteint, 3 matches, 3 victoires et un groupe quasiment prêt pour la suite qui sera plus difficile à commencer par la rencontre des quarts de finale de vendredi.
Pour ceux qui ne l’ont pas vu, la petite colère de Bougherra s’est poursuivie au niveau de la zone mixte, qu’il a traversée sans lancer un mot, se refusant toute autre déclaration après ce qui s’est dit en conférence, car quelques minutes plus tôt il avait dit les 4 vérités, encensant ses joueurs et surtout pointant du doigt la formation algérienne et par ricochet le travail au niveau des clubs : «Ce sont des joueurs talentueux, qui ont perdu beaucoup de temps en matière de formation, je pense qu’ils ont la capacité de jouer, qu’ils ont joué, après je ne sais pas si c’est une mode, quand quelqu’un lance : ils ont mal joué, c’est tout le monde qui répète la même chose, respectons un peu les joueurs, ils sortent du championnat local, qui galèrent, il faut leur tirer le chapeau…», a-t-il dit en salle de conférence.
Volume de travail
Cette déclaration et d’autres, déjà lancées durant cette conférence mais aussi avant, remettent en cause la formation pas terrible au niveau de nos clubs, mais surtout le travail au quotidien des joueurs, la plupart, mis à part peut-être ceux du PAC qui ont une certaine base sur le plan tactique, ne connaissent rien des fondamentaux du travail tactique, les séances d’entraînement des clubs algériens prennent l’allure d’une recréation dans la plupart des clubs, un galop d’une petite heure quotidiennement, et hop, c’est la fin, ni moyens de récupération et ni restauration adéquats, le championnat algérien dans ses différentes divisions est devenu un championnat semblable à l’inter-quartiers, car au moment où plusieurs pays, dont des voisins, ont atteint le sommet sur ce plan-là, arrivant même à des entraînements qui dépassent les 2h/quotidiennes, nos clubs, nos entraîneurs et nos pauvres joueurs, aujourd’hui entre le marteau des critiques et l’enclume de la nécessité de gagner le trophée, n’ont pas ce volume de travail adéquat pour aspirer être au top et répondre favorablement, aux consignes de Bougherra.
C’est donc avec une certaine rage que Bougy tente à chaque fois de prendre la défense de ses malheureux joueurs, avides de succès et même de travail, mais qui ne trouvent pas avec qui le faire sur le terrain. «Ne parlez pas de fond de jeu, encouragez-les, restez positifs, même s’il y a des choses négatives, parce que je le sens, je sens qu’ils ne sont pas en confiance, je sens qu’ils ont la pression, je sens qu’ils ne sont pas considérés, moi je suis à l’intérieur, ce sont les enfants du pays, attaquez-moi, moi je suis un petit entraîneur, mais, en tout cas, eux, respectez-les.» Même les entraîneurs étrangers qui défilent au niveau de leurs clubs ont appris à tricher, et rares sont ceux qui osent bousculer la nature et imposer ce mode de travail sérieux, et ce volume de travail qui va avec, qui doit être celui du football professionnel, le vrai. Le gentil coup de gueule du coach a eu lieu, les joueurs l’ont certainement capté aussi, ils feront en sorte d’en tirer profit, espérons que la pression chutera, mais pas la mobilisation, l’objectif sera de jouer 3 matches durant ce tournoi et, pourquoi pas, décrocher le trophée, pour prouver encore que Bougy avait raison quand il leur a fait confiance, mais aussi que l’Algérie est un pays de miracles.
S.M.A