Grand attaquant des années 80, l’ancien mondialiste en 82 et 86 a défendu son jeune successeur à la pointe de l’attaque, et lui conseille de passer outre cette mésaventure. Par ailleurs, grand militant de la politique de formation, il demande à l’Etat de sévir contre ce qu’il appelle « des petits minables (dirigeants) », qui sont la cause du déclin de notre sport roi.
Après la défaite contre le Sénégal en finale du CHAN, de nombreuses voix se sont élevées en Algérie pour insister sur la formation, devenue inéluctable après le beau visage montré par nos A’ dans ce CHAN, votre avis ?
Maintes fois on l’a dit, en Algérie, nous avons un problème de prise en charge sur tous les plans, organisationnels, stratégiques… Même les entraîneurs doivent se recycler régulièrement parce que le métier d’entraîneur exige de nos jours une remise en question perpétuelle. Pour le sujet de la formation, dans la région Ouest, des anciens de la Direction technique régionale (DTR) tels feu Abbes Medjadj de Relizane, Bendoukha ou Benaouda, qui ont lancé, il y a plusieurs décennies, un appel pour que nous options pour une politique de formation. A l’époque, les clubs étaient plus au moins structurés. Donc, on pouvait facilement concrétiser ce projet. Hélas, à ma grande stupéfaction aujourd’hui, la majorité des clubs sont en crise. Franchement, je suis assez pessimiste pour l’avenir de notre football.
Le bon parcours réalisé par nos joueurs dans ce CHAN 2022 va mettre en valeur le joueur local, n’est-ce pas ?
On en parlera juste quelques jours de cet exploit de l’équipe de Madjid Bougherra, et après ? A mon avis, il faut une décision politique au plus haut niveau de l’Etat. La gestion des clubs est très catastrophique, ce qui contribue à la régression de notre football. Il ne faut pas que le bon parcours de notre sélection dans ce CHAN soit l’arbre qui cache la forêt. Certes, ce bon parcours va donner à réfléchir à nos responsables vu que des joueurs de notre championnat ont réussi la prouesse d’aller jusqu’en finale du CHAN.
Il faut d'abord commencer par l’outil de travail, des assiettes ont été octroyées au club pour construire leur centre d’entraînement…
L’Etat doit obliger les clubs à construire des centres d’entraînement. Après, le président qui utilise l’argent donné par l’Etat pour autre chose, il y a la justice. L’Etat ne doit pas être faible devant des petits minables qui s’enrichissent financièrement en prenant un club, au détriment du joueur. L’Etat doit être ferme si l’on veut mettre en place cette politique de formation.
En plus, le pays s’est doté de stades ultramodernes…
Comme on dit, quand on veut, on peut. A propos de nouveaux stades, il faut aussi penser à mettre des terrains répliques pour les entraînements, car si on laisse tout le monde s’entraîner sur la pelouse du stade principal, celle-ci ne tiendra pas longtemps.
Notre attaquant Aymen Mahious est descendu en flammes depuis qu’il a raté son penalty samedi ; avez-vous vécu pareille situation lorsque vous étiez joueur ?
Si, une fois en demi-finale de la CAN 1984 ; Mahmoud Guendouz a raté le penalty qui nous a éliminés. Mais après le match, tous les joueurs étaient solidaires avec Mahmoud, qui était un bon défenseur, dois-je le rappeler. Pour Mahious, ce ratage va lui servir d’expérience et l’aidera à enrichir son registre, notamment la façon de tirer les penaltys. Mais aller jusqu’à le critiquer sévèrement, ce n’est pas bien. C’est quand même un joueur qui a marqué de nombreux buts dans ce CHAN, on ne doit pas ingrats envers lui.
Quels conseils lui donneriez-vous ?
Il faut qu’il ait un mental solide et fort. Par ailleurs, il doit passer outre ce qui s’est passé en finale, ça rentre dans la force de caractère.
- S.