Hamid Berguiga, une légende vivante du football algérien et ancien joueur emblématique de la JSK, reste un modèle pour les jeunes générations. Meilleur buteur à deux reprises et double champion d’Afrique avec les Canaris, Berguiga incarne l’esprit de travail, de discrétion et d’'humilité. À une époque où les jeunes joueurs cherchent des repères, son parcours reste une référence. Malgré sa retraite, il continue de vivre dans l'ombre, loin des médias, mais toujours présent quand il s'agit de donner son avis sur le club et son expérience. Aujourd’hui, il se livre sans filtre sur son parcours, ses souvenirs avec la JSK et son regard sur l'évolution du football en Algérie.
Comment allez-vous, Hamid ? Vous avez presque disparu des radars après la fin de votre carrière, ce qui est rare pour un ancien joueur comme vous. Est-ce que c’était un choix délibéré ?
Je vous remercie de m'avoir contacté. J’ai pris la décision de me retirer pour diverses raisons. J’ai parfois l’impression de ne pas avoir été estimé à ma juste valeur. Quand on voit comment certains anciens joueurs sont considérés, je me dis que j’ai pourtant servi mon pays et remporté plusieurs titres. Mais bon, je préfère ne pas trop m’attarder là-dessus, ce qui est fait est fait.
Que regrettez-vous au juste ?
Je regrette beaucoup de choses, et l’une des plus grandes est de n’avoir jamais été convoqué en équipe nationale, malgré ma forme physique exceptionnelle à l’époque. J’ai été élu à deux reprises meilleur buteur du championnat et meilleur buteur de la Coupe de la CAF, mais je n’ai jamais eu l’opportunité de porter le maillot national. C’était vraiment injuste. On préférait des joueurs qui n’avaient même pas la moitié de mon talent à l’époque. C’est une décision que je ne pourrai jamais pardonner à celui qui a été responsable de cette mise à l’écart injustifiée.
Parlons de la JSK, suivez-vous l’actualité de votre ancienne équipe, son parcours en championnat et ses performances depuis le début de la saison ?
Même si je ne suis pas très présent dans les médias, je continue de suivre de près le championnat, et en particulier la JSK. C’est une équipe avec laquelle j’ai vécu mes plus grands succès et remporté plusieurs titres. Je dirais que le parcours de l’équipe est ambitieux, et que son rendement s’améliore de plus en plus, notamment depuis l’arrivée du nouvel entraîneur. La JSK pratique un football agréable et plaisant, ce qui rassure d’ailleurs les supporters.
Peut-on dire qu’avec l’arrivée de Mobilis l’équipe s’est mieux restructurée ?
Évidemment, la JSK est devenue un véritable club professionnel avec un stade formidable. Ces éléments contribuent à faire en sorte que l’équipe s’améliore sur tous les plans. Les résultats suivent et le travail réalisé par Doudane et Medane est remarquable. Ce sont d’anciens joueurs qui connaissent parfaitement les rouages du football et qui peuvent mettre toute leur expérience au service de la JSK. Je suis certain qu’avec eux, le club est entre de bonnes mains.
Que manque-t-il à la JSK ?
Tout d’abord, il faudrait se stabiliser dans tous les domaines, maintenir l’ossature de l’équipe ainsi que l’entraîneur en vue des saisons à venir. Il est également nécessaire de réapprendre à jouer les premiers rôles et à gagner des titres. La JSK est née pour remporter des trophées et participer régulièrement à des compétitions continentales. Je trouve anormal que l’équipe ne remporte plus de titres depuis quelques années. Il y a encore beaucoup à faire pour satisfaire les supporters.
Évoquons l’entraîneur Zinnbauer, qui réalise un travail remarquable depuis son arrivée, avez-vous senti une amélioration dans le jeu de l’équipe ?
C’est un entraîneur digne du haut niveau. Il a prouvé que la barrière de la langue n’est jamais un obstacle dans le football. Il applique tout son savoir-faire pendant la semaine pour tirer le meilleur de ses joueurs. Sur le terrain, la JSK est devenue une équipe concurrente et provocatrice, qui joue pour gagner. Il est vraiment important d’avoir un entraîneur qui pousse constamment ses joueurs vers l’avant. Je tiens vraiment à le remercier pour tout ce qu’il fait, son travail finira par payer.
En tant qu’un ancien attaquant et buteur, que pensez-vous de Redouane Berkane ?
Je l’ai suivi à plusieurs reprises, et il me rappelle mes débuts à la JSK. C’est un joueur ambitieux, avec de nombreuses qualités physiques et techniques. Il progresse énormément, et la preuve en est qu’en quelques journées il a déjà inscrit plusieurs buts. Je pense qu’il a été libéré depuis l’arrivée du nouvel entraîneur. Si je devais lui donner un conseil, ce serait d’éviter de se laisser submerger par la pression. Nous connaissons tous la JSK et ses supporters, qui sont très exigeants. Lorsqu’il marque, il est chouchouté, mais cela ne sera pas le cas s’il passe à côté. Il doit donc avoir un mental en acier pour réussir cette transition et maintenir cette forme le plus longtemps possible. Je lui souhaite beaucoup de succès et pourquoi ne pas décrocher un contrat en Europe, ce qui lui permettrait de donner une autre dimension à sa carrière.
La JSK s’est fixé le podium comme objectif primordial. Pensez-vous qu’il est réalisable ?
Avec les performances récentes et la position actuelle dans le classement, je pense que le podium est à portée de main. Il ne reste plus beaucoup de matchs, et les joueurs doivent aborder chaque rencontre avec sérieux, se sacrifier sur le terrain pour récolter un maximum de points. Il est grand temps pour la JSK de retrouver la compétition africaine et de réapprendre à dominer l’Afrique, comme cela a été le cas par le passé.
S. D.
