Ancien attaquant de la JSK et de l’USMH, Hamid Berguiga connaît parfaitement les deux clubs pour avoir porté leurs couleurs. Après l’élimination des Canaris face à l’USMH en coupe d’Algérie, il livre une analyse lucide et sans complaisance. Rendement de la JSK, mérite de l’USMH, gestion des cadres, comparaison avec son époque et cas Mahious, Berguiga parle avec le cœur et l’expérience de ceux qui savent ce que représente le maillot de la JSK.
Vous avez suivi le match de coupe d’Algérie entre l’USMH et la JSK. Quel est votre sentiment général ?
Honnêtement, j’ai été surpris par le rendement de la JSK. Je m’attendais à voir une équipe plus solide, plus agressive et surtout plus déterminée. Le début du match était serré, équilibré, mais au fil des minutes, l’USMH a pris confiance et a réussi à renverser la situation. Je ne sais pas ce qui se passe mais depuis quelques semaines, la JSK régresse. Parfois, on peut parler d’un passage à vide mais le problème c’est que même le rendement n’est pas vraiment rassurant.
L’USMH mérite-t-elle sa qualification ?
Oui, totalement. L’USMH a bien joué et mérite amplement sa qualification. Ses joueurs ont été plus entreprenants, ils voulaient gagner. Le public a aussi joué son rôle en poussant l’équipe du début à la fin. Même si sur papier la JSK a de meilleurs joueurs, sur le terrain, c’est la volonté qui a fait la différence. L’USMH a su gérer le match en sa faveur et la qualification prouve qu’elle a joué avec la grinta.
Peut-on dire que la JSK a manqué d’envie ?
Malheureusement, oui. Quand on compare les effectifs, le niveau n’est pas le même entre la JSK et l’USMH. Mais le football ne se joue pas uniquement avec des noms. L’USMH avait faim, la JSK non. Dans ce genre de match, si tu n’as pas la rage de gagner, tu es puni. L’élimination est logique. L’USMH a montré qu’elle voulait se qualifier. Je profite d’ailleurs de cette occasion pour lui souhaiter l’accession en première division. Les Harrachis méritent vraiment de se retrouver dans la cour des grands.
Cette sortie prématurée fait-elle mal à voir ?
Bien sûr. Ça fait vraiment mal au cœur de voir la JSK quitter la Coupe d’Algérie aussi tôt. Mais il faut rester honnête, l’USMH mérite cette qualification. La JSK va devoir revoir beaucoup de choses, ce n’est pas de cette manière qu’on va gagner des titres. Les supporters ne méritent pas ce genre de situation, ils ont toujours été présents et derrière leur équipe. Dans un aussi beau stade, la JSK mérite d’avoir une équipe bien plus forte pour jouer les premiers rôles. Ce n’est malheureusement pas le cas.
Vous avez critiqué la gestion sportive récente de la JSK…
Oui, clairement. Je suis un ancien joueur de la JSK et j’ai le droit d’en parler et de donner mon point de vue. Je trouve anormal que la JSK ait laissé partir deux de ses meilleurs joueurs, Koceila Boualia et Redouane Berkane. Aujourd’hui, ils font le bonheur de leurs équipes respectives. Un club qui ambitionne de jouer la Ligue des champions et d’aller loin dans la compétition ne doit pas libérer ce genre de joueur.
La direction pouvait-elle les conserver ?
À mon avis, oui. La JSK pouvait faire un effort financier et même tripler leur salaire pour les convaincre de rester. Je suis certain qu’ils auraient accepté. À mon époque, j’avais reçu une offre de Ligue 2 française, mais le défunt président Hannachi avait catégoriquement refusé de me libérer. C’est arrivé aussi à Farouk Belkaïd, qui avait été contacté officiellement par l’AJ Auxerre. Hannachi avait dit non. Pour jouer en Afrique, il faudrait une grande équipe et de très bons joueurs.
Vous faites souvent le parallèle avec votre époque…
Parce que la continuité était la clé de notre réussite. La JSK avait conservé ses cadres et remporté trois Coupes de la CAF consécutives. Regardez Al Ahly : pourquoi n’a-t-il jamais vendu Aboutrika ? Parce que c’était un joueur cadre. À chaque fois, le club lui augmentait le salaire pour qu’il reste, et les titres ont suivi. Sans stabilité et sans continuité, on ne peut pas construire une grande équipe.
Un mot sur Aymen Mahious et le penalty raté…
Pour moi, Mahious ne devait pas tirer ce penalty. On voyait clairement qu’il n’était pas concentré. Même s’il a inscrit cinq buts en championnat, il n’a pas encore retrouvé tout son niveau. Sur le terrain, son langage corporel montrait qu’il doutait.
La JSK dépend-elle trop de lui offensivement ?
Exactement. Quand Mahious ne marque pas, il n’y a personne pour prendre le relais. À notre époque, si je ne marquais pas, un milieu de terrain, un défenseur ou un autre attaquant pouvaient le faire et calmer les esprits. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, et c’est vraiment malheureux.
Quel sentiment vous laisse la situation actuelle de la JSK ?
Ce qui se passe à la JSK ne me réjouit pas du tout, au contraire. Ça me fait mal au cœur. La JSK est un club de titres, un club qui doit toujours viser le sommet. J’espère sincèrement qu’elle retrouvera très vite cette mentalité de gagneur.
Said Djoudi





