Discret ces derniers temps, l’ancien défenseur emblématique de la JS Kabylie, Noureddine Drioueche, a accepté de nous livrer ses impressions sur l’actualité du club, notamment à quelques journées de la fin de saison. Joint dans l’après-midi d’hier, l’ancien capitaine des Canaris a passé en revue le parcours de la JSK en championnat, la progression de l’équipe sous la houlette de Josef Zinnbauer, ainsi que les objectifs à court et moyen termes. Il revient aussi sur les chances de qualification à une compétition continentale, sans oublier d’adresser un message fort aux joueurs à la veille d’un déplacement décisif à Magra.
Comment évaluez-vous le parcours de la JS Kabylie à quelques journées de la fin de la saison ?
Je dirais que c’est un parcours à la fois ambitieux et encourageant, surtout si l’on tient compte des saisons précédentes où la JSK jouait la relégation ou se contentait d’un maintien sans relief. Cette saison, il y a eu un changement net. La stabilité instaurée par Mobilis, que ce soit sur le plan administratif ou technique, a donné des résultats positifs. Cela s’est traduit par une équipe plus sereine, mieux structurée et qui joue un football plus compétitif. La phase retour, notamment, a été marquée par une nette amélioration des résultats, ce qui prouve que des efforts ont été fournis. Par conséquent, aspirer à une place sur le podium est tout à fait légitime et conforme à l’histoire du club.
Peut-on aussi dire que l’arrivée de Josef Zinnbauer a été bénéfique sur le plan du jeu ?
Absolument. Depuis son arrivée, on a senti une transformation notable dans le comportement de l’équipe. Il a su apporter une philosophie de jeu claire, basée sur l’intensité, le mouvement et l’efficacité. Avec Zinnbauer, la JSK est redevenue une équipe difficile à jouer. On sent une touche tactique européenne dans son approche. Et puis, l’équipe est restée invaincue pendant neuf matchs, ce n’est pas anodin. Cette série est le fruit d’un travail bien fait, d’un discours qui passe bien auprès des joueurs et d’un staff qui a réussi à redonner confiance à tout un groupe. C’est ce qui explique aujourd’hui la deuxième place que la JSK occupe, même si tout reste à faire.
Sur le plan de l’effectif, la JSK peut-elle viser plus haut, la saison prochaine ?
Je suis convaincu que cet effectif a du potentiel. Il y a de la qualité dans toutes les lignes. Cependant, pour viser plus haut et prétendre sérieusement au titre, la saison prochaine, il faudra renforcer certains compartiments, en particulier la défense. Le club doit attirer des joueurs d’expérience, capables de tirer le groupe vers le haut dans les moments décisifs. Avec les bons renforts, la JSK aura non seulement son mot à dire dans la course au titre, mais elle pourra aussi jouer pleinement sa chance dans une compétition africaine. La direction semble avoir pris conscience de cela, et je pense que les choses iront dans le bon sens.
La JSK vise une qualification africaine. Pour vous, est-ce que la Ligue des champions doit être une priorité ?
La Ligue des champions est un rêve pour tout club ambitieux et les supporters de la JSK ont bien sûr le droit d’y croire. Mais à mon avis, que ce soit la C1 ou la Coupe de la CAF, l’essentiel est de retrouver la scène continentale. Il est important que la JSK revienne en Afrique car cela fait partie de son ADN. Participer régulièrement à ces compétitions permettra à l’équipe d’acquérir de l’expérience, de grandir et de se frotter aux meilleures formations du continent. Ensuite, avec la stabilité technique et les bons choix de recrutement, l’équipe pourra envisager d’aller loin et même viser un sacre africain dans les années à venir.
Le prochain match contre le NC Magra s’annonce crucial. Pensez-vous que l’équipe peut s’imposer dans un tel contexte ?
C’est un match très délicat. Le NC Magra est une équipe en difficulté, qui joue sa survie, donc forcément, elle ne fera aucun cadeau. Mais la JSK doit montrer qu’elle est une grande équipe. Ce genre de match se gagne à l’envie, à la détermination. C’est aux joueurs de se surpasser, de montrer qu’ils veulent vraiment aller chercher cette qualification. Le staff fera son travail, la direction aussi, mais sur le terrain, c’est aux joueurs d’assumer leur statut. Ils doivent se battre, se sacrifier, mouiller le maillot. Ce genre de rencontre est une opportunité de marquer l’histoire du club, chacun doit laisser son empreinte.
Vous avez un souvenir marquant de ce genre de situation avec la JSK ?
Oui, en 2006, alors que nous étions en tête du championnat, il fallait aller chercher des victoires en déplacement face à des équipes relégables. Sous la direction de Jean-Yves Chay, nous avions réussi à battre le CSC et le WAT sur leur terrain, alors qu’ils jouaient leur survie. Cela montre que lorsqu’on a des joueurs motivés et impliqués, rien n’est impossible. C’est une question de mental. L’histoire ne retient que les victoires, et les grands joueurs se révèlent dans les moments cruciaux. C’est ce que j’attends de cette génération.
Les dernières sorties ont été entachées d’erreurs défensives. Cela peut-il peser lourd ?
C’est évident. Certaines erreurs ont coûté cher, notamment à domicile. On pense tous au nul face à l’USB ou à la défaite contre la JSS, des matchs où l’équipe aurait pu prendre des points précieux. En fin de saison, ce sont souvent ces petits détails qui font la différence. Il faut une rigueur extrême, surtout sur le plan défensif. Chaque match doit être géré comme une finale, avec une attention de tous les instants. L’équipe ne peut plus se permettre de gâcher des occasions ou de concéder des buts évitables.
Quel serait votre mot d’ordre pour gérer cette fin de saison ?
Il faut jouer chaque match comme si c’était une finale. L’efficacité doit être au rendez-vous, surtout devant les buts. Le NC Magra ne laissera pas d’espace, il faudra être réaliste et opportuniste. Tous les compartiments doivent être concernés, le gardien, la défense, le milieu et l’attaque. C’est un tout. Si chacun fait son travail, la JSK peut réussir ce dernier virage et décrocher une place africaine. C’est tout ce qu’on lui souhaite.
S. D.