Partout dans le monde, le Covid-19 a engendré des scènes sinistres de personnes décédées sans aucun proche pour les pleurer. Et ces images suscitent la peur non seulement de la mort elle-même, mais aussi des morts. La peur que la maladie se propage post-mortem et la possibilité d'attraper le virus à travers des corps infectés.
Selon l'OMS, les personnes qui portent le cercueil doivent porter des vêtements de protection et se laver les mains. Tant que les précautions nécessaires sont prises, il n'y a aucune raison de craindre que le Covid-19 se propage via les corps des personnes décédées. Le virus Sars-CoV-2, qui est responsable de la maladie, se transmet principalement par les gouttelettes émises par les humains, par exemple lorsqu'ils parlent, éternuent ou toussent. Il peut cependant survivre jusqu'à plusieurs jours sur certaines surfaces. "À ce jour, il n'existe aucune preuve que des cadavres transmettent la maladie aux vivants", a déclaré William Adu-Krow, porte-parole de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS/OMS), lors d'une conférence de presse au début du mois. Les cadavres peuvent toujours contenir des virus dans leurs organes ; il convient donc de prendre des précautions lors de leur manipulation. "Cela dit, ce n'est pas parce que nous disons qu'il n'est pas infectieux que vous allez embrasser le défunt ou quoi que ce soit de ce genre, même si vous l'aimiez beaucoup", a ajouté l'expert.
"Nous devons encore pratiquer la prévention et le contrôle"
Selon les recommandations de l'OMS publiées en mars "sauf dans les cas de fièvres hémorragiques (comme Ebola, Marburg) et de choléra, les cadavres ne sont généralement pas infectieux. "Seuls les poumons des patients atteints lors d'une pandémie de grippe, s'ils sont mal manipulés lors d'une autopsie, peuvent être infectieux. Sinon, les cadavres ne transmettent pas la maladie." Mais les cadavres des personnes qui meurent de maladies respiratoires aiguës peuvent toujours abriter des virus vivants dans leurs poumons et d'autres organes. Ceux-ci peuvent être libérés lors des procédures d'autopsie, au cours desquelles des outils médicaux sont utilisés, ou lors du lavage interne. Les parents ou amis d'une victime du Covid-19 doivent s'assurer que le corps est préparé pour l'enterrement ou l'incinération par des professionnels adéquatement formés et protégés, comme les employés des services funéraires. Les funérailles ont été interdites ou sévèrement restreintes dans le monde entier à cause du Covid-19. Dans certaines zones, le simple nombre de décès liés au Covid-19 a entraîné une crise dans le secteur funéraire. Et pour suivre les directives de distanciation sociale, les funérailles ont été interdites dans plusieurs pays. D'autres les autorisent encore, mais en limitant le nombre de personnes autorisées à y participer. Selon l'OMS, la famille et les amis du défunt peuvent voir sa dépouille pendant les funérailles, à condition de respecter certaines restrictions.
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«Un milliard de personnes pourraient être infectées»
Un milliard de personnes pourraient être infectées par le coronavirus à travers le monde si les pays les plus vulnérables ne reçoivent pas une aide urgente, a averti une organisation caritative.
Le rapport de l'IRC, qui se fonde sur des données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Imperial College de Londres, estime qu'il pourrait y avoir entre 500 millions et un milliard d'infections. Il indique également qu'il pourrait y avoir plus de trois millions de décès dans des dizaines de pays instables et touchés par des conflits. "Ces chiffres devraient servir de signaux d'alarme", a déclaré le chef de l'IRC, David Miliband. "Le poids total, dévastateur et disproportionné de cette pandémie n'a pas encore été ressenti dans les pays les plus fragiles et les plus déchirés par la guerre", a-t-il ajouté. "La solution est que les donateurs mettent d'urgence en place un financement pour soutenir les efforts déployés en première ligne.
«Les gouvernements doivent travailler ensemble»
Le groupe basé aux États-Unis, qui tente de riposter aux crises humanitaires dans le monde entier, a déclaré que des facteurs tels que la taille des ménages, la densité de la population, les failles dans les systèmes de santé et les conflits préexistants pourraient tous augmenter le risque de voir apparaître des épidémies majeures. De nombreux pays en développement ont un faible taux officiel d'infection ou de mortalité, mais les chiffres réels seraient beaucoup plus élevés. Caroline Seguin, qui gère des programmes au Yémen pour l'ONG Médecins sans frontières (MSF), a déclaré que l'organisation estimait que des personnes y mouraient déjà de la maladie du Covid-19, mais pas dans les hôpitaux. "Nous sommes convaincus qu'il y a une contamination communautaire en cours mais la capacité de dépistage est très, très faible", a-t-elle déclaré à la BBC. Mme Seguin a dit que le Yémen, qui est mentionné dans le rapport du CRI comme étant particulièrement vulnérable au coronavirus, a un système de santé encore plus affaibli par les récentes épidémies de choléra et de rougeole. "Le système de santé s'effondre... et il est certain que le ministère de la Santé n'est pas en mesure de faire face à cette maladie", a-t-elle déclaré.
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Virus : en Chine, un possible vaccin se fabrique déjà à grande échelle
Sinovac Biotech, l’un des quatre labos chinois autorisés à engager des essais cliniques, voit grand. Même si son vaccin n’a pas encore fait ses preuves, le groupe privé se dit prêt à produire 100 millions de doses par an pour combattre le virus, apparu en Chine fin 2019 avant de se répandre dans le monde entier. Le pharmacien peut se montrer confiant. En 2009, il avait coiffé ses concurrents sur le poteau en devenant le premier au monde à mettre sur le marché un vaccin contre la grippe porcine H1N1. Dans ses vastes installations de Changping, en grande banlieue de la capitale, des laborantins contrôlent la qualité du vaccin expérimental, à base de pathogènes inertes, déjà produit à des milliers d’exemplaires. Dans sa boîte blanche et orange, il porte même un nom: «Coronavac».
Testé chez le singe
Même si le traitement est encore loin d’une homologation, le fabricant doit montrer qu’il est capable de le produire à grande échelle et soumettre des lots au contrôle des autorités. D’où le lancement de la production avant même la fin des essais cliniques. Si plus d’une centaine de laboratoires mondiaux rivalisent pour être le premier à mettre au point un vaccin, moins d’une dizaine ont pour l’heure engagé des essais sur l’être humain, selon l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres. C’est le cas de Sinovac, qui assure avoir obtenu des résultats encourageants chez le singe, avant d’administrer son sérum pour la première fois à 144 volontaires à la mi-avril dans le Jiangsu (Est). Mais le labo fondé en 2001 ne se prononcera pas sur la date à laquelle son injection d’un demi-millilitre pourra éventuellement être commercialisée. «C’est la question que tout le monde se pose...», reconnaît Liu Peicheng, directeur de la marque. D’après l’OMS, la fabrication d’un vaccin peut prendre entre 12 et 18 mois.
Essais à l’étranger
Sinovac, qui emploie un millier de salariés, espère obtenir fin juin de premiers résultats quant à la sécurité de son produit, dans le cadre des essais des phases 1 et 2, explique à l’AFP Meng Weining, directeur des affaires internationales. Ces essais consistent simplement à vérifier que le vaccin n’est pas dangereux pour l’homme. Pour s’assurer qu’il est efficace, il faut engager un essai de phase 3 auprès de porteurs du virus. Problème : désormais, «seulement quelques cas sont signalés en Chine chaque jour», souligne M. Meng. À moins d’une deuxième vague épidémique sur le sol chinois, le groupe va donc devoir tester des personnes positives à l’étranger. «Nous sommes actuellement en contact avec plusieurs pays d’Europe et d’Asie», précise-t-il. «Un essai de phase 3 comprend normalement plusieurs milliers de personnes. Ce n’est pas facile d’obtenir ces chiffres, dans aucun pays», prévoit-il.
Les trois-huit
Le groupe n’en a pas moins engagé au sud de Beijing la construction d’un site de production d’une capacité de 100 millions de doses, qui doit pouvoir fonctionner avant la fin de l’année. «Nous travaillons jour et nuit, nous faisons les trois-huit, ce qui signifie que nous ne perdons pas une minute», assure M. Meng. Rapporté à la population mondiale, un éventuel vaccin Sinovac ne suffirait pas à protéger la planète. Mais M. Meng assure que son groupe, coté au NASDAQ, est prêt à «des collaborations» avec ses partenaires étrangers, auxquels il vend ses vaccins existants contre la grippe ou l’hépatite. Être la première à offrir un vaccin contre le COVID-19 serait une revanche pour la Chine, désireuse de faire oublier que la pandémie a pris naissance chez elle. «Nous recevons beaucoup d’appui de la part du gouvernement chinois», témoigne M. Meng. «Pas tant d’argent que ça», mais des coopérations avec des instituts publics auprès desquels Sinovac s’approvisionne en souches virales. Outre Sinovac, Beijing a approuvé l’essai clinique de trois autres vaccins expérimentaux : l’un lancé par l’École militaire des sciences médicales et le groupe de biotechnologie CanSino ; l’autre par l’Institut de produits biologiques et l’Institut de virologie de Wuhan, la ville où le coronavirus a fait son apparition ; et un dernier par le groupe China Biotics, qui a engagé des essais mardi auprès de 32 volontaires.