Lacen, Mesbah, Medjani, Kadir, Guedioura et Boudebouz ont certes déjà pris part à un tournoi international de haut niveau qui est la Coupe du monde, mais les objectifs n’étaient pas les mêmes, tout comme la motivation et la qualité de l’adversaire.
Cela pourrait sembler futile pour certains, mais les spécialistes, ceux qui ont déjà pris part à une Coupe d’Afrique des nations et ont eu à gérer les après-défaites et les après-victoires pensent que ce groupe, composé essentiellement de joueurs jeunes et inexpérimentés aura du mal à gérer les après-matchs durant cette CAN. Leur peur réside surtout dans leur «incapacité» à garder leur concentration intacte pendant tout ce tournoi. Si un événement exceptionnel survient, comme celui de Cabinda ou le caillasage du bus au Caire, on ignore complètement quelle serait la réaction du groupe.
Comment gérer les après-matchs en cas de victoire ou de défaite ?
On ne peut pas parler de ce problème sans évoquer l’absences dans la liste de Vahid des anciens cadres de l’équipe qui avaient pour habitude de remotiver le groupe après un échec, tirer la sonnette d’alerte en cas de relâchement, prendre les devants et montrer l’exemple quand le groupe est plongé dans le doute et aussi et surtout appeler tout le monde à garder les pieds sur terre en cas de succès. Les grands entraîneurs et sélectionneurs accordent beaucoup de crédit à cet aspect-là, surtout lors des grands tournois où la gestion de l’effectif et des après-matchs passe avant toute autre chose. On peut gagner le premier match et perdre les deux d’après et se faire éliminer, tout comme on peut perdre le premier et gagner les deux autres et passer aux quarts. En fait, tout dépendra de l’état d’esprit du groupe, de sa maturité et de sa capacité à vite relever la tête, se remobiliser pour attaquer les autres matchs avec plus de motivation et de détermination et c’est là que le rôle des leaders, des cadres, des joueurs d’expérience devient primordiale.
Mansouri, Ziani, Bougherra, Yahia, Belhadj, Djebbour, Yebda et Zaoui faisaient le travail
Le groupe de 2010 avait vécu ensemble des moments historiques. La campagne de la CAN et de la Coupe du monde ainsi que les deux dernières confrontations contre l’Egypte ont permis aux joueurs de tisser des liens très forts. L’équipe a pu remonter à la surface quant tout le monde pensait que s’en était fini pour elle et cela parce que les Mansouri, Ziani, Belhadj, Yahia, Bougherra, Halliche et Yebda ont fait le travail. Même Zaoui, qui était pourtant remplaçant, avait joué un grand rôle lors du match face à l’Egypte au Caire et celui d’Omdurman. Ces joueurs-là, tous des cadres, ont pris leur responsabilité et assumé leur statut. Les autres joueurs, jeunes ou nouveaux dans l’équipe, étaient terrorisés, paniqués et complètement déconcentrés après les événements du Caire. Ils ont surmonté tout ça grâce aux leaders qui ont montré l’exemple. Pendant la CAN 2010, les Verts avaient subi une cuisante défaite face au Malawi lors du premier match, mais ils sont quant même allés jusqu’en ½ finale et là aussi, c’était suite au grand travail fait par Ziani et consorts. L’équipe avait 48 heures pour oublier l’humiliation, ignorer les critiques et préparer le match du Mali et celui de l’Angola. Saâdane, qui avait en face de lui des joueurs en plein doute, a pu compter sur ses cadres pour faire le travail. Dans le vestiaire, à l’hôtel et aux entraînements, les cadres avaient pris les devants.
Lacen, Mesbah, Feghouli, Medjani, Kadir et Guedioura, les nouveaux cadres censés faire le travail
Au-delà du talent, de la motivation et de l’engagement des 23 joueurs sélectionnés, le manque d’expérience sera peut-être la chose qui manquera à l’EN lors de la prochaine CAN. C’est vrai que ce groupe a montré une grande solidité mentale et un très bon état d’esprit lors de ces derniers mois, mais les choses seront complètement différentes pendant un tournoi. Avant, les joueurs repartaient dans leurs clubs après chaque match. Ils avaient donc des mois pour oublier le dernier match avant se reconcentrer pour le prochain. Les stages duraient quelques jours et la concentration comme la préparation technique et tactique se faisaient pour un match et un seul adversaire. Lors de cette CAN, ils n’auront que quelques jours pour le faire et la préparation psychologique, physique et tactique sera complètement différente. Il est certain que Vahid sait tout ça, mais, contrairement à ceux qui se soucient de la capacité de ce groupe à garder le même état d’esprit pendant le premier tour de la CAN où il aura à enchaîner 3 matchs difficiles et décisifs en même temps, le Bosnien est convaincu que les nouveaux cadres, qu’il a lui-même formés et propulsés à la place des anciens, seront à la hauteur et feront le travail. On parle bien évidemment de Lacen, Guedioura, Medjani, Mesbah, Kadir et Feghouli. Ces cinq joueurs, des titulaires indiscutables, sont respectés de tous. Ils ont été responsabilisés. Ils savent que leur rôle ne se limitera pas au rectangle vert. Vahid comptent sur eux. Il leur fait confiance pour mener l’équipe. On ignore pour le moment comment va réagir le groupe, psychologiquement, en cas d’échec ou de faux pas lors du premier ou second match du premier tour, mais ce qu’on sait, par contre, c’est que ce débat n’aurait jamais eu lieu si les cadres, toujours en exercice, était là. Vahid a pris le risque de miser sur la nouvelle génération, on espère pour lui et pour tous les Algériens qu’il a eu raison de le faire.
A. B.