Mais avant-hier soir au Muroleng Stadium, durant les 63 minutes qu’il a passées sur le terrain, nous avons retrouvé le Sofiane Feghouli de Valence et de Banjul. Un Sofiane Feghouli virevoltant, au football chatoyant et surtout un Sofiane Feghouli décisif qui a inscrit un but show time à la 89e minute. Un retour au sommet de sa forme au bon moment pour la coqueluche des supporters du Valencia CF qui arrive au bon moment, à la veille de la CAN 2013 pour le plus grand bonheur des supporters des Verts.
Ces derniers temps, il était un peu en dedans avec la sélection
Depuis le fameux «été 2012 magique» de la sélection nationale, on n’avait plus vu du très grand Feghouli en équipe nationale. Non pas que le numéro 10 des Verts n’était pas bon, bien au contraire, il nous gratifiait d’éclairs de génie dont seul lui a le secret, notamment face à la Libye à Casablanca où sa petite mais ô combien précieuse inspiration de laisser passer le ballon entre ses jambes a permis à son coéquipier Soudani d’inscrire tranquillement le but. Le problème, c’est que lorsqu’on s’appelle Sofiane Feghouli, qu’on est un joueur de très haut niveau, dont on peut voir vos exploits chaque week-end sur toutes les télévisions du monde avec le Valencia CF, en Liga espagnole et en UEFA Champions League, on devient gourmand et exigeant. Surtout du côté des médias et des supporters. On attend de vous que vous fassiez les mêmes exploits avec la sélection bien que le système de jeu, la tactique, la cohésion et l’environnement ne soient pas les mêmes.
Sa préparation a été difficile, mais salutaire
Vahid l’a dit à demi-mot sans le citer, mais on a bien compris qu’il était l’un des trois joueurs qui avaient le plus souffert de la préparation musclée concoctée par le head coach bosnien et son préparateur physique Cyril Moine, et de l’altitude de plus de 1000 mètres de la région de Mogwase. Il a reconnu lui-même qu’il a vraiment eu du mal physiquement face à l’Afrique du Sud, la semaine dernière. Un contrecoup de la préparation qu’il fallait digérer. Mais au vu de sa prestation d’avant-hier face aux Platinum Stars, il semble que celui que ses fans appellent «Soso» ait complètement recouvré ses moyens et se soit totalement acclimaté à l’altitude.
Ce n’était pas Moruleng Stadium, c’était Mestalla
Sofiane Feghouli n’est pas du genre à s’exprimer sur Facebook, Twitter ou autres réseaux sociaux, comme certains de ses collègues. Lorsqu’il a un message à faire passer, le stratège de l’EN et de Valence le fait sur le terrain. Avant-hier, dès la 57e minute où il a fait son entrée en lieu et place de Yassine Bezzaz, poste pour poste, on a senti dès son premier ballon, dès les premiers contacts avec les adversaires de Platinum Stars, qu’on avait retrouvé le Feghouli de Banjul, celui qui enchante le stade Mestalla de sa classe chaque week-end. Feghouli est entré en jeu avec l’œil du tigre. Il a été virevoltant techniquement, il a été rapide, vif dans l’exécution de ses passes, puissant, dangereux chaque fois qu’il avait le ballon et a réussi a être dans tous les bons coups de l’attaque algérienne sans négliger son repli défensif. D’ailleurs, son superbe but à la 89e minute est venu récompenser sa prestation sans faute.
Son superbe but l’a boosté
Quel but ! Ont pensé les observateurs médusés, au Muroleng Stadium après que Sofiane Feghouli nous ait gratifié d’un superbe but digne de ceux qu’il inscrit en Liga habituellement, voire en Ligue des champions. L’espace d’un instant, si les maillots avaient été blancs, on aurait même cru voir Salgado aux côtés de notre «Soso national». Feghouli a, comme à son habitude, cumulé toutes ses qualités pour inscrire ce but. Il a récupéré le ballon grâce à sa promptitude, il est parti grâce à la puissance de son coup de rein, il a dribblé et s’est démarqué légèrement excentré côté gauche et a décoché un tir dont seul lui a le secret dans un angle fermé, quasiment impossible, poteau rentrant. Seul Sofiane Feghouli et ceux qui le connaissent savaient où il allait tirer. Le pauvre gardien des Platinum Stars ne pouvait deviner que le numéro 10 de l’EN était capable de défier les lois de la physique et de la géométrie. Ce fantastique but et cette bonne prestation ont boosté Feghouli qui était très souriant, presque soulagé lors des obligations d’après-match en zone mixte.
Il a été le «monsieur plus» de l’EN
Comme il l’est à Valence, déjà depuis plus d’un an, dans des conditions plus favorables de confort et de cohésion, puisque les joueurs d’un club se connaissent sur le bout des doigts, Sofiane Feghouli est redevenu hier, lors du temps qu’il a passé sur le terrain, la plaque tournante, le maestro, bref le monsieur plus de l’équipe nationale, celui qui fait la différence. Une position de leader du jeu, qui doit être la sienne, compte tenu de son talent et du niveau dans lequel il évolue en club.
Un retour en forme au bon moment
On peut dire que Feghouli est un homme de grands rendez-vous, puisque son retour au premier plan est arrivé dans un timing parfait. Il est revenu à son niveau «Liga», en deuxième mi-temps du dernier match, et quatre jours avant les grands débuts de l’équipe nationale à la CAN, avec la rencontre Algérie-Tunisie, qui s’annonce déjà épique et disputée. Une équipe nationale qui aura besoin de celui que les journalistes et aficionados ibériques ont baptisé «le puma», au sommet de sa forme et de ses capacités.
Vahid veut qu’il fasse la différence comme en club
Car il ne faut pas se leurrer, Sofiane Feghouli n’est pas un joueur comme les autres. Et cela le sélectionneur national l’a compris dès l’arrivée du joueur en novembre 2011. Sofiane Feghouli fait partie des joueurs de très haut niveau, dont on attend qu’ils fassent la différence. A la manière de Cristiano Ronaldo avec le Portugal, Zlatan Ibrahimovic avec la Suède ou encore Emmanuel Adebayor chez les Eperviers du Togo. C’est cette mission-là que Vahid Halilhodzic a assignée au jeune mais non moins talentueux Sofiane Feghouli, en lui donnant les clés du jeu en équipe nationale. Au vu de sa prestation d’avant-hier, de sa motivation et de son sourire en fin de match, on a senti que Sofiane Feghouli a accepté et se sent capable de relever le défi et devenir ce leader du jeu que l’Algérie attend depuis la retraite de Lakhdar Belloumi et la mise en retrait de Karim Ziani.
Mohamed Bouguerra