Mehdi, comment jugez-vous le début saison de votre club, le Paris FC ?
Moyen, dans la mesure où je sais que collectivement, on est capable de mieux. Il faut retenir un point positif : on est invaincu même si on accumule les matchs nuls. D’un point de vue comptable, on n’avance pas. Maintenant, il faut passer à la vitesse supérieure et enchaîner les victoires.
Justement, que manque-t-il pour que ces matchs nuls se transforment en victoires ?
On est la huitième attaque. On fait partie des cinq premières défenses. Défensivement, on est solides. Je pense qu’il faut qu’on soit un peu plus efficace offensivement pour pouvoir tuer les matchs. Et en défense, plus concentrés pour conserver nos avantages. Il y a tout de même trois rencontres où l’on a mené 1-0 et où on s’est fait rejoindre. Voilà ce qu’on doit améliorer.
Vous découvrez la Ligue 2. Etes-vous satisfait de vos débuts ?
Je suis assez content de mon début de saison. Je pense qu’il est correct d’autant que j’évolue cette année à un nouveau poste. L’an dernier, j’ai joué défenseur central et effectué une saison pleine. Je voulais confirmer en Ligue 2 à ce poste. Mais le nouveau coach m’a fait savoir qu’il comptait m’utiliser en milieu défensif. Pour le moment, tout se passe bien. J’espère que ça va durer. J’ai besoin de progresser à ce poste. Je dois m’améliorer offensivement. Je vais travailler sur ça. Sans oublier mon poste de prédilection : défenseur central. Je sais que je vais être amené à évoluer dans cette position durant la saison.
N’étiez-vous pas réticent à l’idée de changer de poste comme ça ?
Je découvrais la Ligue 2. C’est clair que mon poste, c’est défenseur central. Je l’affectionne et je le maîtrise. J’appréhendais le fait de découvrir la Ligue 2 à un poste auquel je n’avais jamais évolué. Le coach a su me parler. Je prends confiance, je prends mes marques. En plus, les deux postes ne sont pas vraiment différents. J’évolue en sentinelle, juste un cran plus haut donc. Je dois juste être un peu plus rapide au niveau de la prise d’information, c’est tout.
Cet été, un nouveau coach a débarqué. Comment il est perçu dans le vestiaire ?
D’un point de vu personnel, ça se passe très bien. J’ai de bonnes relations avec lui. Au niveau de l’équipe aussi je pense. Comme tout le monde, il a hâte qu’on enchaîne les victoires. On est un petit peu frustrés par nos résultats. On peut faire mieux.
Plusieurs joueurs ont été recrutés durant le mercato. N’avez-vous pas eu peur pour votre place ?
Non, le football, c’est comme ça. C’est un sport où si on a peur de la concurrence, il vaut mieux arrêter. Moi, ça me stimule. C’est plus un moteur qu’un frein. Je n’étais pas inquiet. Au contraire, il faut penser collectif. On est montés d’une division, on avait besoin de joueurs d’expérience. Le niveau diffère, c’est normal. Pour entamer plus sereinement cette nouvelle saison, c’était indispensable même.
De nombreux titulaires de la saison dernière ne jouent plus…
Oui, plusieurs titulaires de la saison dernière sont désormais remplaçants. C’est le choix du coach. Lorsque tu recrutes des joueurs avec de l’expérience, dans un premier temps, il est normal qu’ils soient alignés. Mais attention, les joueurs qui ne jouent pas n’ont pas dit leur dernier mot ! Ils sont là, à l’entraînement, ils bossent. Ils mettent une bonne concurrence. La saison est longue. Tout le monde aura sa chance.
Le PFC est un club ambitieux. La Ligue 1, c’est pour quand ?
Le président est mieux placé que moi pour répondre à cette question. Il a récemment déclaré qu’il espérait atteindre la Ligue 1 à court/moyen terme, avant les 50 ans du club. C’est-à-dire avant 2019. Cette année, l’objectif reste le maintien. Personne n’envisage plus. Nous sommes des compétiteurs, nous allons essayer de faire la meilleure saison possible. Si on arrive à se positionner dans la première partie de tableau, ce sera déjà une grande satisfaction. C’est une année de transition. On va essayer de s’installer durablement dans le monde professionnel pour commencer.
Un derby PFC-PSG, ça donne envie…
Forcément. C’est possible en coupe de France aussi. C’est un derby qui fait rêver. Mais pour l’instant, le club cherche à se construire. Niveau infrastructures par exemple, il y a des choses à améliorer. On a un bon centre de formation mais il y a encore des détails à régler. Donc affronter le PSG en Ligue 1, ce n’est pas d’actualité.
À titre personnel, quels sont vos objectifs ?
Je veux réaliser une grosse saison. Après, comme les autres joueurs, j’ai l’ambition d’aller le plus haut possible. Si j’avais la possibilité de le faire avec le PFC, ce serait énorme. Sinon, on verra ce que l’avenir me réservera. Je rêve de jouer en Ligue 1.
Vous avez évolué deux ans à Lille sans parvenir à vous imposer, avez-vous des regrets ?
Aucun regret. Je suis passé par Lille, je n’avais jamais intégré un centre de formation auparavant. Ça m’a permis de recevoir une formation accélérée. J’avais beaucoup de choses à apprendre, tactiquement comme techniquement. Lille, ça a été une très bonne école pour moi. Forcément, j’étais un peu frustré, car je n’ai pas eu ma chance. C’est dommage, mais je ne regrette rien. Lorsque j’ai signé au LOSC, j’avais pour objectif d’atteindre le monde professionnel. Aujourd’hui, j’y suis. Il ne faut pas oublier que Lille m’a énormément apporté d’autant que j’étais issu du monde amateur (CFA 2). Ça a été une belle étape de transition pour moi.
Pouvez-vous expliquer cet échec alors que tout le monde vous considérait comme le nouveau Adil Rami…
Je ne peux pas l’expliquer. Les entraîneurs et dirigeants de Lille ont fait le choix de ne pas me donner ma chance. Le monde du football est ainsi. Il y a les performances sur le terrain, mais aussi le facteur chance. Je n’ai peut-être pas répondu aux attentes tout simplement. J’étais déçu car je sentais que je pouvais faire quelque chose. On ne m’a pas fait confiance. Tant pis. J’ai quitté le club, signé au PFC et maintenant, je me sens bien.
Oui, vous êtes tellement bien qu’on parle de vous en sélection algérienne, est-ce vrai ?
Ce n’est pas faux en tout cas (rires) ! J’ai des contacts plus ou moins avancés avec la Fédération algérienne. C’est un rêve depuis que je suis tout petit, donc si je suis appelé, ce sera une énorme fierté, une nouvelle étape de franchie pour moi. Une nouvelle histoire débuterait dans ma carrière. Ce serait une source de motivation supplémentaire. Ça m’aiderait à bosser encore plus pour prétendre à de grandes choses.
Avez-vous eu des contacts avec le sélectionneur Christian Gourcuff ?
Oui. J’ai eu un coup de fil de sa part. Il a pris des nouvelles par rapport à mon début de saison. Il m’a fait savoir qu’il était attentif à mes performances. Il m’a encouragé à poursuivre mes efforts. Voilà tout.
Aïssa Mandi vient de se blesser. Il est fort probable que vous soyez appelé pour le prochain rassemblement…
C’est possible. J’ai de bonnes chances d’y être. On attend l’annonce officielle avec impatience. Si tel était le cas, ce serait un grand bonheur pour moi et ma famille. Nous sommes des supporters algériens depuis toujours. Donc si je peux avoir l’honneur et la fierté de rejoindre la sélection nationale, ce serait magnifique.
Suivez-vous la sélection ?
Bien sûr ! Depuis que je suis petit. En ce moment, il y a une très belle équipe. Il est vrai que la défense peut être améliorée. Donc si je suis performant, j’aurai peut-être ma chance prochainement.
Depuis quand regardez-vous l’Algérie ?
Depuis que je regarde le foot ! Bien sûr, on a tous suivi le parcours extraordinaire de la sélection lors du Mondial 2014 où les Verts ont été exceptionnels. Mais, depuis mon plus jeune âge, je regardais les matchs de la sélection avec mon père qui a toujours été un fervent supporter. Je n’avais pas le choix (rires).
La défense centrale de la sélection algérienne est souvent pointée du doigt, que pensez-vous pouvoir apporter à cette arrière-garde ?
Je n’ai pas la prétention de te dire que je vais apporter quoi que ce soit à la sélection. J’ai un style de jeu assez atypique et encore beaucoup de travail à effectuer. Tout ce que je peux promettre, c’est de donner le maximum. Ensuite, si le sélectionneur juge que je peux apporter à l’équipe, dans ce cas-là, je répondrais présent. Concernant mon profil, je suis un défenseur central athlétique. Je suis bon dans les duels aériens et assez technique pour un arrière. J’aime relancer proprement. Je garderai la même philosophie si je suis appelé.
Avez-vous conscience que les supporters algériens sont très exigeants et chauds…
Je suis moi-même un Algérien et un supporter avant tout. J’ai donc, moi aussi, été exigeant (rires). J’ai des amis qui jouent en Algérie, je sais à quoi m’attendre. Si je vais en sélection, je serais ultra-motivé pour ne pas les décevoir. Mais, ça ne m’inquiète pas. C’est même mieux de jouer dans des ambiances chaudes.
Vous connaissez des joueurs de la sélection ?
Plus ou moins Boudebouz. Pour le reste, non.
Parlez-vous l’arabe ?
Je le comprends un peu, j’arrive à me débrouiller. C’est la même chose en kabyle.
Votre nom, c’est Jean ou Tahrat du coup ?
Toute ma famille s’appelle Tahrat ! Il faut m’appeler Tahrat !
Mais c’est quoi cette histoire ?
C’est trop compliqué. Mon père pourra te l’expliquer si tu veux. C’est une erreur d’enregistrement à l’état civil qui est à l’origine de cela. Bref, mon nom, c’est Tahrat !
Bon d’accord. Donc si j’ai bien compris, Tahrat va bientôt honorer sa première sélection…
Si Dieu le veut…
In Onze Mondial
«Je suis axial, je joue au milieu, et j’aspire à m’améliorer offensivement»