Ouaddou : « Regragui me rappelle Belmadi à ses débuts »

Joint au téléphone ce vendredi, l’ancien capitaine des Lions de l’Atlas, qui se trouve toujours à Cotonou (Bénin) où il assure une mission qui lui a été confiée par la Fédération béninoise, croit en les chances du Maroc de passer aux quarts de finale.

C’est le grand jour pour le Maroc qui peut devenir ce samedi la première sélection africaine à atteindre la demi-finale de la Coupe du monde…

Je suis optimiste pour plusieurs raisons, le Maroc démontre depuis le début de cette Coupe du monde plus de solidité, solidarité et passion. Nos joueurs ont beaucoup gagné en confiance, ils sont sur un nuage. Il faut dire qu’une compétition se gagne avec un groupe. Pour le match contre le Portugal, on espère qu’on ne déplorera pas de défections au sein de la sélection. Oui, on peut surprendre le Portugal, ce ne sera certes pas facile car cette sélection joue avec plus de verticalité et dispose d’un amalgame de joueurs chevronnés et de jeunes loups aux dents longues, son jeu diffère de celui de l’Espagne qu’on a éliminée en 1/8 de finale. Dans ce match, le jeu était très stéréotypé, pour ne pas dire assez statique.

 

Quels sont les conseils à donner à votre sélection pour battre le Portugal ?

Là, on va jouer un tour éliminatoire. Si on veut aller plus loin dans cette compétition, il va falloir à un moment de la partie prendre des risques en attaquant. Le Maroc possède des joueurs devant très bons techniquement et qui savent jouer au ballon. Soit des atouts qu’on peut utiliser pour surprendre les Portugais.

 

Au 1er tour, le niveau était moins élevé, partagez-vous cet avis ?

En phase de poules, j’ai vu des équipes faire trop de calculs. Mis à part l’Argentine, le Brésil, la France ou le Canada, la plupart des autres sélections ont opté pour un bloc compact. Par contre, les matchs des quarts de finale ont été d’un niveau légèrement plus élevé.

 

Est-ce parce que ce sont des matches à élimination directe ?

On peut être discipliné tactiquement, mais on doit aussi avoir plus d’animation dans le jeu ; ça dépend aussi du déroulement du match, je dois le préciser.

 

Les Algériens ont fêté la qualification du Maroc mardi, ça prouve que les deux peuples restent attachés…

Me concernant, comme je l’ai maintes fois déclaré, l’Algérie est dans mon cœur. Quand j’ai passé mon stage avec la sélection algérienne, on m’a accueilli chaleureusement. Que des Algériens fêtent la qualification des Lions de l’Atlas, franchement cela ne me surprend pas. Si l’on remonte à des siècles avant, la science de l’anthropologie montre bien que nous (Algériens et Marocains) étions un  seul peuple. Récemment lorsque l’Algérie a remporté la CAN 2019 en Egypte, j’ai vu des cafés au Maroc bondés de gens qui supportaient votre sélection. Naturellement le cœur ne trompe pas, il y a des sentiments qui lient les deux peuples. Néanmoins, il faut dépassionner les débats. Même le style de jeu des équipes maghrébines est similaire. Par conséquent, il y a beaucoup de choses qui nous rapprochent, comme le prônait notre prophète Mohamed (QSSL) qui demandait de mettre dans la balance que les choses positives. Entre Algériens et Marocains, il y a beaucoup de choses positives qui nous rapprochent, et seules de petites choses sans importance nous séparent.

 

Parlons de votre relation avec Djamel Belmadi, êtes-vous toujours en contact avec lui ?

On se parle souvent, depuis le début de la Coupe du monde, on échange tout le temps, on fait des analyses… Djamel est comme un frère pour moi. Actuellement, je passe mon diplôme UEFA pro. Une fois ce diplôme décroché, je le fêterai avec mes amis algériens, c’est promis !

 

Certaines parties en Algérie souhaitent son départ de la barre technique, votre réaction ?

Bon, je ne vais pas rentrer là-dedans ! En tant que technicien, je dirais que l’histoire de Walid Regragui (sélectionneur du Maroc) me rappelle celle de Djamel Belmadi ; Quand il est arrivé, il a trouvé une équipe mal au point, mais il savait au fond de lui-même où il voulait aller en remportant la CAN 2019. Il avait réussi à atteindre un objectif alors que personne n’y croyait. C’est un grand exploit qu’il a réalisé. L’Algérie a l’un des meilleurs entraîneurs en Afrique qui a été classé 4e au monde, ce qui est une solide référence. Pour revenir à ce match barrage contre le Cameroun, je suis dans le milieu. Quand j’ai regardé ce match, j’ai compris que le monsieur qui a arbitré le match (Bakary Gassama) est venu pour une mission. C’est très compliqué quand deux équipes ne sont pas sur un pied d’égalité. Sur ce plan, si on veut que le football africain évolue, il faut d’abord se pencher sur le problème de l’arbitrage. Cependant, je ne vais non plus dédouaner la sélection algérienne sur le deuxième but camerounais avec un défenseur (Benayada Hocine) qui élimine le hors-jeu. C’était une erreur impardonnable à ce niveau-là, même si je persiste à dire que l’Algérie a été défavorisée par l’arbitrage dans ce match.

 

Ça va mettre du temps pour relever la tête…

Connaissant la valeur de cette sélection, je suis sûr et certain que l’Algérie va se servir de cet épisode malheureux pour rebondir dès la CAN 2024 et la Coupe du monde 2026. L’Algérie s’est dotée ces dernières années d’infrastructures modernes. Votre pays possède plus de stades ultramodernes, c’est un acquis non négligeable pour faire progresser votre football et l’équipe nationale qui va redevenir cette sélection qui impressionnait tout le monde, bien entendu avec Djamel Belmadi.

  1. S.

 

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