Le 17 mai 1936, la Jeunesse sportive musulmane de Béjaïa a été créée par une quinzaine d’hommes dévoués à la cause nationaliste. La JSMB a vu le jour comme bon nombre de clubs des grandes villes du pays, après une certaine prise de conscience que le combat pour la liberté du pays devait prendre une autre dimension.
Ainsi, après plus de 84 ans d’existence, le club créé par Me Bouchenak Boudjemline se trouve à la croisée des chemins. L’histoire tumultueuse d’une formation à laquelle s’identifient les Bougiotes qui estiment que le club fait partie du leur patrimoine. Néanmoins, la situation que vit le club n’est pas rassurante pour ses supporters. Ces derniers savent que si rien n’est fait dans les prochaines semaines, leur formation fétiche va se retrouver à se battre pour son maintien dans le championnat de Ligue 2. Le club de la capitale des Hammadites n’arrive toujours pas à s’en sortir après plus de 6 années dans l’antichambre de l’élite du football national. Cette situation commence à peser sur le moral des fans du club qui souhaitent que leur équipe retrouve son statut et une certaine stabilité, ce qui avait largement contribué à ses succès. Personne ne se doutait qu’après avoir réussi à se hisser en finale de la coupe d’Algérie édition 2019, avec le même groupe pratiquement, la JSM Béjaia allait être menacée par la relégation. Il faut dire que la direction en place a beaucoup déçu les supporters qui, dans un premier temps, étaient très optimistes, mais au fil des semaines, l’inquiétude s’est installée. Les amoureux des Vert et Rouge ont commencé à voir l’avenir de leur club s’assombrir avec une gestion chaotique.
Pas de célébrations
Contrairement aux années précédentes où les supporters ont l’habitude de s’agglutiner au niveau de la rampe du port, en dessous de la place du 1er-Novembre (ex-place Gueydon), cette année, vu la conjoncture que traverse le pays, mais aussi le club, les supporters n’ont pas eu droit à leur habituel craquage et fête. Il faut dire que l’inquiétude a pris le dessus et les amoureux du club ne pensent qu’à cette fin de saison. Alors que l’avenir du championnat reste en suspens, notamment en raison du coronavirus, les fans du plus vieux club de la Kabylie espèrent ainsi une année blanche afin de permettre à leur équipe de s’en sortir. La JSM Béjaia vit d’ailleurs une crise multidimensionnelle. En cas de reprise du championnat, le groupe en place, au vu des moyens dont dispose le club, ne pourra rien faire. Les joueurs sont complètement démobilisés et les promesses des dirigeants n’ont pas été tenues. D’autre part, certains aspects organisationnels ne sont vraiment pas à la hauteur des exigences. Dans le cas où rien ne serait fait afin de motiver les joueurs et leur permettre de ne penser qu’à l’aspect technique et sportif, l’équipe risque d’évoluer la saison prochaine dans le palier inférieur. Après avoir connu les cimes du football national, notamment en disputant deux finales de coupe d’Algérie dont une remportée en 2008, mais aussi terminé vice-champion d’Algérie deux saisons de suite, 2011 et 2012, le doyen des clubs kabyles risque d’évoluer la saison prochaine dans le championnat amateur, après plus de 84 années d’existence.
Le spectre de la relégation plane sur le club
Une situation que les supporters de la JSM Béjaia ne veulent pas vivre, puisque le club avait quitté la 3e division en 1996. Un retour à la case de départ n’est pas envisageable pour les fans qui espèrent bien évidemment que les choses seront bien faites pour permettre au club de se battre pour le maintien. Après l’arrêt du championnat et l’incertitude quant au sort de l’actuelle saison, les fans espèrent néanmoins que les dirigeants en place ont une stratégie pour relancer le club et lui permettre de se sauver dans le cas où les instances décideraient de reprendre la compétition. Bien évidemment, ils espèrent que les responsables du sport au niveau national annonceront une saison blanche afin de permettre à leur team favorite de s’en sortir et de ne pas vivre une saison stressante.
Cumul des dettes
Le club de l’ex-capitale des Hammadites croule sous les dettes, et rien n’a été fait depuis plusieurs saisons pour les apurer. Les choses ont atteint un niveau insupportable depuis la saison dernière. La direction conduite par le président Boudjelloud Abdelkrim a tenté, dès le départ, de trouver des solutions avec les créanciers nombreux à se bousculer au bureau du club au stade de l’Unité maghrébine de Béjaia. Les dettes de la société, depuis la création de cette dernière en 2010, ont atteint un niveau inimaginable pour la direction qui doit se battre pour convaincre les gens de patienter au sujet de leur argent. D’un côté, les prestataires de services et, de l’autre, les ex-joueurs et ex-techniciens qui réclament leurs salaires impayés, en plus de ceux de cette année qui n’ont touché que 3 mois. Ce problème de dette est d’ailleurs très épineux puisque à chaque fois qu’une nouvelle direction prend les commandes, celle-ci refuse de payer l’ardoise de la précédente ; ce qui a plongé le club dans un engrenage.
Impulser un second souffle
Depuis quelques années, les saisons se suivent et se ressemblent pour le club de Yemma Gouraya. La formation qui vient de fêter ses 84 ans n’arrive pas à s’en sortir. Les supporters veulent ainsi que les amoureux du club s’unissent pour le bien de ce dernier, et cela en essayant d’impulser un second souffle qui va sans doute permettre au club de dépasser la crise et de retrouver ses lettres de noblesse. De nombreux supporters estiment que la meilleure solution doit émaner des membres de l’assemblée générale du CSA qui doivent s’impliquer afin de ressouder les liens entre les membres puisque les clivages ont fait que le club perd sa force et tombe ainsi dans une certaine monotonie.
- D.