L’ex-président du Mouloudia de Béjaia, Rezki Mustapha, a tenu à s’exprimer pour répondre aux accusations du président du CSA/MOB, Bennai Arab. En effet, lors d’une récente déclaration, Bennai avait accusé ses prédécesseurs de mauvaise gestion.
D’après lui, une plainte avait été déposée au niveau du procureur de la République, et ce, afin de faire la lumière sur les irrégularités constatées dans les bilans des différents présidents du club. Rezki qui était aux commandes du club pendant deux années, a tenu à apporter des éclaircissements dans une conférence qui a eu lieu dimanche en milieu d’après-midi. L’ex président du MO Béjaia a tenu à relater les conditions dans lesquelles il avait repris le club, lui et ses collaborateurs qu’il a tenu à remercier pour leur rigueur et leur dévouement dans la mission dans laquelle ils se sont engagés. «Avant toute chose, je tiens à rendre hommage à l’équipe qui m’avait accompagné dans ma mission. Ce n’était pas facile pour nous de reprendre le club dans ces conditions. Le MOB venait de rétrograder avec des dettes très importantes. Il fallait donc tout reprendre à zéro pour essayer de remettre le club sur les rails.»
« J’avais repris le club alors qu’il était endetté à hauteur de 32 milliards de centimes »
Rezki estime que l’amour du MOB l’avait poussé à accepter la mission de la reprise du club. Les conditions étaient difficiles, mais l’appel du cœur était irrésistible : «Je voudrais remettre certaines choses dans leur contexte, et cela, pour apporter des éclaircissements à la situation dans laquelle nous avions trouvé le club. Le MOB était endetté à hauteur de 32 milliards de centimes. Les caisses étaient vides et il fallait se débrouiller pour aller chercher de l’argent. En plus du fait qu’il y avait des problèmes de papiers avec notamment les bilans qui n’avaient pas été déposés. Moi-même et l’équipe qui m’accompagnait dans la mission étions contraints d’aller frapper aux portes et d’aller chercher de l’argent auprès des sponsors que je remercie au passage.»
« Nous étions dans l’obligation de gérer avec le compte du CSA »
Concernant la gestion du club, les choses n’étaient pas faciles pour l’équipe dirigée par Rezki Mustapha. « Au mois de janvier 2018, l’équipe était enfin remise sur les rails. Nous étions classés à la 2e place du classement et on commençait à croire pleinement en nos chances d’accession. Le compte de la société par actions avait été bloqué par une ATD du Touring Club d’Algérie à hauteur de 2,4 milliards de centimes. Par conséquent, tout l’argent qui devait entrer dans les caisses du club allait être bloqué. A ce moment-là, nous avions sollicité les différentes assemblées, communale et de wilaya, pour qu’ils nous apportent leur aide financière dans notre processus et ces dernières n’ont pas lésiné sur les moyens. D’ailleurs, je tiens à les remercier pour avoir cru en nous et en notre projet et je pense que nous ne les avons pas déçus. Donc, nous étions dans l’obligation d’utiliser le compte du CSA pour payer les joueurs qui commençaient à réclamer leur argent. C’est tout simplement pour cette raison que nous n’avons pas pu transférer l’argent dans le compte de la SSPA.»
« Mon bilan a été certifié par un commissaire aux comptes et il ne souffre aucune irrégularité »
Pour revenir au bilan qui fait l’objet de polémique, Rezki dira : «Le bilan est entre mes mains et vous pouvez y jeter un coup d’œil. Le commissaire aux comptes n’a porté aucune réserve dessus, estimant que les comptes étaient bien tenus et que toutes les pièces justificatives correspondent aux dépenses mentionnées.»
« Les résultats parlent pour nous, nous avons remis le club sur les rails et atteint nos objectifs »
Le MO Béjaia avait réussi, durant ce passage, à réaliser des résultats à la hauteur des ambitions des supporters. Le club de la capitale des Hammadites a réussi à retrouver le Ligue 1 au terme d’un parcours exceptionnel. «Je pense que pour parler de notre gestion, il faut aussi voir le parcours que l’équipe avait réalisé. Les résultats parlent à notre place dans ce cas-là, je voudrais savoir que ces gens qui parlent de nous, nous montrent ce qu’ils ont apporté au club. Je tiens d’ailleurs à m’adresser personnellement à l’actuel président du Club sportif amateur. Il était dans les organes de gestion du club depuis 2008 jusqu’à 2016 et puis de 2018 jusqu’à aujourd’hui. Qu’ils nous établissent leur bilan sportif et disent ce qu’ils ont apporté à ce club ?»
« On m’a empêché de lire mon bilan financier devant les membres de l’AG »
Rezki est aussi revenu au véritable problème, à savoir celui relatif à son bilan financier. «Comme je viens de le dire, mon bilan avait été remis à la DJS et il est certifié par un commissaire aux comptes. Néanmoins, lors de ma démission du poste de président du Club sportif amateur, j’avais aussi remis ma démission en tant que membre de l’Assemblée générale du CSA. Au moment de la tenue de l’AG, j’avais appris qu’ils allaient débattre du bilan que j’avais moi-même préparé et établi et c’est en toute logique que je me suis présenté pour lire ce dernier. L’actuel président du CSA avait de mauvaises intentions car au moment où j’allais prendre la parole, ce dernier avait provoqué un incident qui m’avait empêché de lire le bilan et donc l’AG avait été reportée. Ayant senti que j’étais indésirable, je ne me suis pas présenté pour la deuxième AG.»
« Nous étions les premiers à avoir demandé l’audit »
L’ex-président du MO Béjaia est aussi revenu sur la démarche du président du CSA, Bennai Arab, qui avait demandé l’audit par rapport aux bilans des différents présidents qui se sont succédé à la tête de la direction du club : «Je salue la démarche du président du CSA qui a décidé de porter plainte auprès du procureur de la République. Je dirais, par ailleurs, que nous étions les premiers à avoir demandé un audit. La preuve est devant vous, notre dépôt de plainte avait été refusé par le président de la Cour. Je tiens une seconde fois à remercier le président du CSA pour sa démarche qui va nous permettre de savoir dans quoi l’argent du club avait été dépensé.»
« A mon départ, j’ai laissé 5,2 milliards de centimes dans les caisses et presque 6 milliards que le club devait récupérer des différentes instances »
Avant de fermer la parenthèse au sujet de son passage au MOB et qui avait été d’ailleurs à la hauteur, Rezki dira : « Au moment où j’ai remis ma démission, nous avons laissé dans les comptes du club une somme de 5,2 milliards de centimes. En plus d’avoir réussi à laisser cette somme, nous avions entamé les démarches nécessaires pour récupérer l’argent du club qui était au niveau de certaines instances ou entreprises, à l’image du MJS, la FAF ou bien Sonelgaz, par exemple. C’était un véritable parcours du combattant d’ailleurs en essayant à chaque fois de reconstituer les dossiers nécessaires. Cette somme était aux alentours de 5,8 milliards de centimes, mais ces gens-là n’ont pas été en mesure de continuer les procédures pour pouvoir encaisser cet argent.»
« Je suis prêt à affronter tous les présidents qui se sont succédé à la tête du club, devant les Crabes »
Pour Rezki Mustapha, son passage à la présidence du club est plus que réussi. «Après tout le travail accompli par moi et mes collaborateurs, je pense que par rapport aux autres nous sommes tous fiers d’avoir permis au MOB de retrouver sa place en Ligue 1. Par rapport à tout cela, je suis prêt à affronter tous les présidents qui se sont succédé à la tête du club devant les Crabes, et ce sera à ces derniers de juger. J’estime que je n’ai rien à me reprocher, bien au contraire.»
« Nous avons constaté des retraits d’argent en liquide pendant la présidence de Bennai. On veut savoir où est passé cet argent ? »
Rezki renchérit : «Pour revenir aux chiffres et à la gestion de l’argent du MOB. Je voudrais dire qu’à ma prise de fonction, nous avions fait la passation de consignes avec l’actuel président du CSA et le club n’avait pas de dette au niveau du Club sportif amateur. Au moment où j’ai aussi remis les comptes, c’était le même cas. Si on se penche un peu plus sur les mouvements des fonds au niveau du compte du CSA, on s’aperçoit qu’il y a 400 millions de centimes qui ont été retirés en liquide, puis une autre somme de plus de 300 millions de centimes qui est mentionnée comme une remise de dette. On se pose des questions, où est passé cet argent ?»
« Rebrab avait un grand projet pour le MOB et était prêt à prendre pas moins de 70 % des actions de la société, mais les actionnaires ont refusé sa proposition »
Mustapha Rezki a ouvert un autre chapitre qui est celui de l’avenir du club, mais avant cela, il est revenu sur un épisode marquant de sa fin de mandat, à savoir les discussions avec le groupe Cevital à l’été 2018 : «Des discussions ont été entamées quelques mois avant l’annonce par des intermédiaires, mais au moment où j’ai rencontré Rebrab, ce dernier avait exprimé son envie de prendre le MOB et d’en faire « le Barça de l’Afrique », je cite ses mots. Ce dernier était intéressé par le projet. Nous avons présenté toutes les pièces concernant la situation financière du club et Rebrab avait exprimé son envie d’acquérir 70 % des actions de la société. Etant seulement président du conseil de gestion, mais actionnaire, j’avais soumis la proposition aux actionnaires qui devaient se réunir pour statuer à ce propos. Entre-temps, j’avais déposé ma démission et j’avais appris par la suite que la proposition avait été refusée.»
« Je demanderais à Attia de se justifier par rapport à son bilan, avant de penser à reprendre la présidence du club »
Par rapport aux intentions de Zahir Attia, Rezki dira : «Avant de venir se présenter pour la présidence du club, je demanderais à Zahir Attia de venir justifier les dépenses pendant son passage, plusieurs affaires sont toujours en instance au niveau des banques, avant de pouvoir penser à reprendre le club. Le plus important est dans un premier temps qu’il fasse le nécessaire pour assainir sa situation comptable.»
« Je l’ai dit et redit, l’avenir du MOB doit se faire en intégrant les jeunes compétences »
Pour conclure, Rezki s’est exprimé au sujet de l’avenir du club et de sa propre vision en déclarant : «Je l’ai déjà dit dans une intervention à la radio locale, mais cela va me permettre de m’étaler là-dessus. Pour l’avenir du club, je crois vraiment qu’il est temps qu’on parte tous. J’ai moi-même avec d’autres anciens dirigeants contribué au retour du MOB en 1991. Je pense que les supporters en ont marre de voir à chaque fois nos têtes et le Mouloudia de Béjaia a besoin de sang neuf. Ma vision des choses est qu’il faudrait donner la chance aux jeunes diplômés et cadres afin qu’ils intègrent l’Assemblée générale du CSA afin qu’ils apportent de nouvelles méthodes de management. Le MOB a besoin de nouveaux visages et les compétences sont présentes, je suis persuadé de tout cela.» Pour finir, Mustapha Rezki a tenu à rendre hommage aux anciens dirigeants du MOB qui sont décédés récemment, à savoir Brifouche Messaoud et Benachour Kamal, en présentant ses condoléances aux familles des deux défunts, mais aussi à la famille de la JSMB suite à la perte de Tafinine Zoubir, qui est décédé avant-hier.
F.D.