Résidant à Douala, l’ancien portier volant des Lions indomptables sera présent vendredi prochain au stade Japoma au match Cameroun- Algérie, avant ce grand rendez-vous. Joint hier sur son téléphone, Joseph- Antoine Bell pense qu’il ne faut pas enterrer l’Algérie. « Elle peut se relever lors de ses barrages », prévient-il.
Dans moins de 10 jours, l’Algérie et le Cameroun se rencontreront une première fois (match aller) à Douala, votre sentiment avant cette chaude explication entre les deux sélections ?
Dans cette confrontation, les deux sélections partent à chances égales. Maintenant, ça va dépendre des exploitations des deux entraîneurs à savoir, Rigobert Song et Djamel Belmadi.
Mais l’Algérie reste sur une CAN ratée, contrairement au Cameroun qui a fini 3e dans ce tournoi…
Franchement, je pense que l’Algérie a eu largement le temps pour se soigner. Après une CAN catastrophique, elle est touchée, mais détrompez-vous, elle peut se relever lors de ses barrages. Pour le Cameroun, je pense aussi qu’il y a un sentiment d’insatisfaction malgré la 3e place dans cette CAN.
Pourquoi ?
Le fait que l’on a limogé l’entraîneur (Antonio Conceiçao), ça veut dire quoi ? C’est pour cela que j’ai dit que les deux équipes partent à chances égales dans ces barrages. L’aspect psychologique sera déterminant, c’est le haut niveau qui l’exige. Si les têtes sont bien, tout reste possible.
Etiez-vous d’accord pour le changement d’entraîneur et la désignation de Rigobert Song ?
Je ne suis qu’un observateur, celui qui est au poste (le président de la Fécafoot Samuel Etoo, ndlr) peut justifier cette décision. Sincèrement, je ne sais pas quels sont les arguments à opérer ce changement à la barre technique.
D’après la presse camerounaise, Etoo voulait un coach local…
Comme je viens de dire, seul lui peut fournir les vrais arguments, pas moi qui n’est qu’un simple observateur.
Honnêtement, la décision de domicilier la rencontre aller au stade Japoma de Douala n’est pas fortuite, n’est-ce pas ?
Il faut que nos amis algériens sachent que le Cameroun a reçu la Côte d’Ivoire au stade Japoma pour le dernier match du groupe (phase éliminatoire). Si les Algériens ne se sentent pas bien à Japoma, pourquoi se poser des questions quand on sait que vous avez de grands stades à Alger et à Oran. Pourquoi, nous les Camerounais, on ne conteste pas la domiciliation du match retour à Blida ?
Avant ces barrages, on constate que chaque camp garde secrètement son plan de bataille…
C’est normal, aucun des deux entraîneurs ne va dévoiler son plan de bataille. Vladimir Poutine n’a-t-il pas maintes fois déclaré que la Russie ne va pas attaquer l’Ukraine, pourtant il l’a fait ! Ce qui est certain, que ce soit l’Algérie ou le Cameroun, toutes les deux sélections rêvent d’aller à la Coupe du monde 2022. Pour ça, il n’y a pas de secret (rires).
Selon vous, quelles seront les clés de cette double confrontation ?
Nous sommes au courant que les Algériens ont tourné la page. Chez vous, tout le monde fait bloc derrière Belmadi et les joueurs, cela peut faire la différence. Les Camerounais auront tort de penser qu’ils vont affronter l’Algérie qui a joué la dernière CAN. Cette dernière affichera un visage totalement différent.
Vous avez été assez critique envers l’Algérie après son élimination à la CAN, avec du recul votre analyse a-t-elle changé ?
D’abord, je précise que Belmadi est mon petit frère, je le respecte beaucoup et je sais très bien que lui aussi me respecte bien. Sur le coup, il a fait le coup du Marseillais (rire). Toutefois, on ne peut pas lui enlever le mérite de tout ce qu’il a fait pour la sélection algérienne. Le destin aura voulu qu’il retourne à Douala pour aller en coupe du monde. Je lui ai reproché ses déclarations à propos du stade, la ville ou les conditions de séjour, pas plus. Les Algériens se sont trompés d’approche avant la CAN. L’Egypte a bien éliminé la Côte d’Ivoire sur le même stade Japoma avant d’aller en finale.
Avant le début de la CAN, tous les espoirs des Algériens reposaient sur la star Ryad Mahrez qui n’a pas répondu à leurs attentes…
Qu’est-ce qu’on lui reproche ? Le penalty raté contre la Côte d’Ivoire ? Franchement, je trouve qu’il a bien tiré ce penalty, malheureusement, il a touché le poteau. Cela peut arriver à tous les joueurs, même les grandes stars. Si Ryad Mahrez n’a pas flambé à la CAN, c’est parce qu’il a joué dans une équipe qui manquait de ressort. En clair, Mahrez n’a pas fait un mauvais tournoi.
Autre chose à ajouter ?
Oui, je profite pour passer le bonjour à Mustapha Dahleb, Lakhdar Belloumi, Rabah Madjer, Nouredinne Korichi et Ali Fergani, c’étaient des joueurs très forts.
Vous leur avez joué un mauvais tour à Bouaké en demi-finale de la CAN 1984, eux aussi se souviennent de vous…
Ah oui, c’était un très beau match fourni par les deux sélections. Au fait, je salue également Mahiedinne Khalef qui est un grand entraîneur.
- S.